Le variant « indien » résiste-t-il aux vaccins ?

Dans la plupart des pays européens, le nombre de cas de Coronavirus est en baisse. Toutefois, la variante delta, qui a été observée pour la première fois en Inde, constitue une menace pour le continent européen. Le gros du public s’interroge maintenant sur l'efficacité des vaccins contre cette nouvelle souche.

L'incidence sur sept jours diminue régulièrement. En Allemagne, elle est déjà inférieure à 10 dans tout le pays. Parallèlement, le nombre de personnes vaccinées augmente. Mais la pandémie de Corona n’est pas pour autant près d’être jugulée. Les inquiétudes se multiplient au sujet du virus modifié, potentiellement plus dangereux, qui continue de se propager dans ce pays également. Selon les scientifiques, le delta est même 40 % plus contagieux que l’alpha (B.1.1.7) découvert en Grande-Bretagne. Et aussi plus dangereux : une étude écossaise évalue que le risque de contracter le delta est deux fois plus élevé que celui d’attraper l’alpha. Bien que les nouvelles infections soient globalement en baisse, le nombre de personnes infectées par le mutant reste constant. Les experts craignent que cette nouvelle forme du coronavirus ne devienne dominante à l'automne.

Selon les plus récentes données de l'Institut Robert Koch (RKI), ce nouveau type de virus a déjà été détecté dans les 16 États allemands. Au cours de la 22e semaine de l’année, sa part de toutes les infections au coronavirus examinées de plus près en Allemagne était donc de 6,2 %. La situation est totalement différente en Grande-Bretagne, où la variante B.1.617.2 est désormais responsable de 96 % de toutes les nouvelles infections.

On estime que si une évolution similaire se produit en Allemagne, cela pourrait non seulement avoir de lourdes conséquences pour la partie non vaccinée de la population, en particulier les enfants et les adolescents, mais encore pour ceux qui sont vaccinés ou guéris. Apparemment, cette nouvelle forme de coronavirus est plus résistante aux vaccins que les autres mutations.

L’effet des vaccins

Début juin, une étude britannique publiée dans la revue « The Lancet » a examiné en laboratoire la capacité des anticorps contre les différents variants du coronavirus à se former après les différents vaccins. Selon cette étude, l'ingrédient actif de BioNTech a donné les meilleurs résultats. Ce vaccin empêcherait une évolution grave de Covid-19 dans 96 % des cas, deux semaines après la deuxième dose. Il éviterait à 88 % contre la Covid-19. Mais la protection est nettement plus faible avec une seule vaccination : après la première dose, il protégerait qu’à 32 %

Les personnes qui bénéficient d'une protection vaccinale complète avec AstraZeneca sont protégées à 60 % contre la variante delta. La vaccination avec la préparation de l'entreprise pharmaceutique britannico-suédoise prévient les formes graves de la maladie dans une proportion de 92 %. « Cela signifie que même en cas d'infection par la variante delta, les personnes complètement vaccinées sont très certainement protégées contre les affections nécessitant une hospitalisation ou autre. »

Les scientifiques s'accordent à dire que même avec le vaccin d'Astrazeneca, une seule dose n'offre qu'une protection limitée contre l'infection par la variante delta. L'Institut Pasteur de France a également déclaré qu'une dose unique d'Astrazeneca n'avait « que peu ou pas d'efficacité » contre la variante delta. Les données du gouvernement britannique montrent que trois semaines après la première dose, la protection immunitaire n'était efficace qu'à 33 % contre la maladie symptomatique Covid 19 causée par la variante Delta.

Les données de Moderna et de Johnson & Johnson n'ont pas encore été soumises. Selon les autorités sanitaires britanniques, la maladie symptomatique causée par le variant delta devrait être largement combattue après une vaccination complète. Une évolution sévère est jugée très peu probable.

L'efficacité du vaccin de Moderna et Johnson &Johnson dans le traitement du nouveau mutant n'a certes pas encore été étudiée mais le principal conseiller médical du président américain Joe Biden, Anthony Fauci, a récemment exprimé son optimisme dans une interview accordée au « Washington Post ». La préparation de Moderna en particulier, qui est basée sur la même technologie ARNm que le vaccin de Biontech, devrait offrir une protection similaire, a expliqué l'immunologiste.

En principe, les enquêtes menées par les autorités sanitaires britanniques sur l'efficacité des vaccins ont montré qu’ils étaient tous relativement fiables pour contrecarrer les effets de l'infection symptomatique provoquée par le variant delta après une immunisation complète, et qu'ils permettaient d’éviter presque totalement les hospitalisations. Cependant, le bénéfice de la seconde vaccination est considérable - sans elle, le risque de progression symptomatique, voire grave, de la maladie est nettement plus élevé.

Détection peu sûre

Le problème est de détecter ce variant ? Les tests rapides peuvent-ils permettre d’y parvenir ? « C'est difficile à dire », déclare Matthias Orth, médecin de laboratoire (« Berliner Post », 22 juin 2021). Le scientifique de Stuttgart souligne que « les tests rapides ont été développés pour les infections symptomatiques ». Ils sont capables, selon lui, de dépister environ 80 % des infections. Chez les patients non symptomatiques, seulement 40 % des infections peuvent être diagnostiquées. Pour l'instant, cependant, ce sont surtout les personnes asymptomatiques qui seraient testées et les incidences sont extrêmement faibles.

Selon lui, cela signifie que « nous passons actuellement à côté de plus de la moitié des cas d’infection ». Cela s'applique non seulement à la variante delta, mais aussi à d'autres mutations du virus. Orth pense que pour des raisons purement statistiques, les fabricants de tests ne seraient pas en mesure de prouver le niveau de détection des différents variants du virus. Il rappelle que les tests rapides ont tous été réalisés à la va-vite il n’y a même pas une année, à l’occasion de la phase 2 de la pandémie. À l’époque, delta et d'autres mutants n'étaient pas encore à l’ordre du jour.

Orth ne croit pas que ces tests seront améliorés. La raison ? Pour les fabricants de tests rapides, une révision de leurs produits est peu attrayante. L'année dernière, les tests de détection rapides ont été mis sur le marché dans la précipitation, et les examens externes habituels ont été abandonnés.

Les analyses PCR (amplification des acides nucléiques) permettent de réaliser un diagnostic rapide des infections causées par des micro-organismes fastidieux pour lesquels la culture est difficile, voire impossible, et aussi de détecter de manière fiable les mutations virales, affirme Orth. « De ce point de vue, les tests rapides sont en fait de l'argent gaspillé - une dépense énorme pour peu d'avantages. En fait, nous devrions revenir à la stratégie consistant à effectuer de nouveau un plus grand nombre de tests PCR - même si leur évaluation prend un peu plus de temps ».

Depuis le début de la pandémie, la psychologue allemande Cornelia Betsch étudie l'état psychologique de ses compatriotes. Dans le cadre d’un projet « Cosmo », elle demande, entre autres, comment les personnes stressées perçoivent les mesures de sécurité imposées par les autorités. Il a été démontré que c'est avant tout la responsabilité personnelle souvent exigée qui stresse les gens. Ce que ceux-ci veulent avant tout ce sont des mesures uniformes, dit Betsch. « Plus c'est simple, plus c'est clair, plus c'est uniforme, mieux c'est ».
Quant au virologue Marco Binder, du Centre allemand de recherche sur le cancer à Heidelberg, il estime que les mesures actuelles d’assouplissement sont appropriées. Selon lui, malgré la légère augmentation relative du variant delta, le nombre absolu de cas est en train de diminuer. Il recommande toutefois de prendre les mesures appropriées quand dans une région ou une circonscription, le nombre des infections augmente. Une façon de dire qu’il faut rester vigilants et ne pas baisser la garde !

Huguette Hérard

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES