12 janvier 2010 : l’oubli n’est pas permis

En moins d’une minute, Haïti a été mis sévèrement à l’épreuve le 12 janvier 2010 par un séisme de 7.3 sur l’échelle de Richter. Au terme de ce phénomène naturel, récurent pour le pays, la zone métropolitaine de Port-au-Prince et des communes environnantes ont été détruites. 11 ans après, que doit-on apprendre de cette tragédie ?

Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 est l’une des pires catastrophes naturelles qu’a connues Haïti jusqu’à date entre le 20e et 21e siècle. Il a fallu quelques secondes seulement, avec un séisme de magnitude 7.3 sur l’échelle de Richter, pour assister à la mort de plus de 300 000 personnes de tout âge, et pour contempler l’effondrement d’une multitude de bâtiments, publics et privés. Au terme de cette fin d’après-midi funeste, les vivants ont marché sur les ruines de leurs maisons comme sur les nombreux cadavres étalés dans presque tous les recoins de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince et ses environs. 11 années après ces événements douloureux pour la population haïtienne, le pays doit s’en souvenir, malgré tout, pour mieux se projeter dans l’avenir,

De par sa configuration géographique et la morphologie de son sous-sol, Haïti est exposée constamment à des phénomènes naturels. Parmi ces derniers, le séisme y figure en tant qu’aléa récurrent pour la République d’Haïti. Traversé par de grandes failles, le pays est sous la menace permanente de séisme. Historiquement, même avant le 12 janvier 2010, ce territoire a été frappé par des séismes majeurs. Les tremblements de terre de 1751 et 1770 à Port-au-Prince et au Cap-Haitien en 1842, 1887 et 1902 attestent le passage habituel de ce phénomène naturel dans l’ile d’Haïti, notamment la partie ouest.

Les tremblements de terre ne tuent pas

Le séisme en soi n’est pas un phénomène mortel. Les vibrations provoquées par le séisme ont des impacts sur l’environnement. Certains objets peuvent succomber aux secousses sismiques. D’où les menaces pour les êtres vivants. Comme dans d’autres cas, pour le 12 janvier 2010, la plupart des victimes ont été succombée sous les décombres des bâtiments. En effet, ce sont les bâtiments qui tuent les gens.

S’il y a une chose que le pays devrait apprendre du 12 janvier 2010, il s’agit de la mise au point des normes de construction de bâtiments publics et privés dans le pays. L’État central à travers le MTPTC et les municipalités ont le rôle d’autoriser et de superviser toutes les constructions qui se font sur le territoire national. Il revient aux autorités de définir quels types de constructions à adopter pour chaque type de sol et autres.

Pourtant, 11 ans après, les constats ne sont pas différents dans le domaine de la construction. Des maisons fissurées, qui devraient être détruites, sont occupées de bonne foi par des individus. Si dans bien des cas leurs propriétaires n’y habitent pas, mais ils les mettent à disposition d’autres personnes. Les citoyens continuent de construire comme bon semble sous le regard passif de l’État haïtien.

Quid des sensibilisations sur le séisme après cet évènement ?

L’écart entre le passage des séismes majeurs tend à créer un oubli et une méconnaissance du phénomène. Pour ne pas penser aux mauvais souvenirs laissés par ce phénomène, des gens n’en parlent pas, et n’en veulent pas entendre parler aussi. Il y a une tendance à diaboliser ceux qui évoquent ce sujet. Ainsi, ce phénomène apparait nouveau à chaque fois qu’il passe.

Dans les écoles comme dans les universités, la sensibilisation sur ce sujet est reléguée à l’arrière-plan, alors que le pays est sous la menace permanente du séisme. Ce domaine n’est pas pris en considération dans l’enseignement en Haïti. Toutefois, certaines écoles privées ont fait des efforts.

Dans les espaces publics comme les institutions, le mode de vie d’avant 12 janvier a repris, sans penser à d’éventuels autres tremblements de terre. Le pays vit dans l’ignorance volontaire de ces phénomènes naturels.

Entre autres, s’il est vrai que le séisme du 12 janvier laisse des goûts amers sur les lèvres de la population haïtienne, il est tout aussi une date qui peut servir dans le changement des comportements de la population. Adapter les constructions et approfondir les connaissances sur les phénomènes naturels peuvent servir de préparation face à de nouveaux séismes majeurs. Car, il y aura toujours des tremblements de terre en Haïti.

Woovins St Phard

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