Mayekel Baptiste, l’enseignant derrière les « grilles »

Dans le but de pallier les lacunes d’élèves haïtiens, Mayekel Baptiste - enseignant depuis plus d’une décennie - diffuse la connaissance par le jeu à travers ses livrets. Entretien avec l’auteur des « grilles » qui lutte pour une éducation positive en Haïti.

Le National : Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ? Quel a été votre parcours ?

 

Mayekel Baptiste : Je suis Mayekel Baptiste, né à Pétion Ville. J’ai fait mes études primaires chez les Frères de l’Instruction Chrétienne à Pétion-Ville et le secondaire chez les Pères Salésiens (Don Bosco de Pétion-Ville) et au CCCPV (Centre Classique Culturel de Pétion-Ville).

Je suis dans le domaine de l’éducation. J’enseigne depuis plus de quinze ans. J’ai fait des études en sciences de l’éducation. Je suis marié et père de deux enfants.

 

L.N. : Pouvez-vous nous expliquer les différents titres de votre collection ?

 

 

M.B. : Il y a 8 livres imprimés dans ma collection et 3 autres qui attendent de l’être. Donc, j’en suis à 11 au total espérant que je serai assez inspiré pour en penser à d’autres.

Je les cite dans l’ordre de mon travail: 28 grilles et 500 définitions;

 

  • De la conjugaison en 36 grilles;
  • Culture Générale (Pays, Capitales, Départements…) en 32 grilles;
  • Mathématique (niveau 3e à la 6e A.F) en 20 grilles;
  • Mathématique (niveau 7e à la 9e A.F) en 20 grilles;
  • Mots à trous en 30 grilles;
  • Des lettres pour un mot (6-11 ans) en 50 grilles;
  • Des lettres pour un mot (12 ans à X) en 50 grilles;

 

Seront imprimés bientôt…

 

  • Des Antonymes en 30 grilles;
  • Des Synonymes en 30 grilles;
  • Bible en 50 grilles.

 

Ces titres me viennent pour la plupart par observation, car je côtoie beaucoup d’élèves et je travaille aussi avec certains. Je vois certaines difficultés et je me suis dit qu’il faut trouver un moyen de les aider à comprendre qu’il y a des lacunes à combler et à les conscientiser vers un réveil académique, car ils ont tous du potentiel.

 

 

L.N. : Dans quel contexte pédagogique s'inscrit votre action ?

 

M.B. : Le contexte de ce travail est de pousser les jeunes à faire des recherches par eux-mêmes, d’avoir de l’estime de soi et aussi de les orienter vers les livres. J’ai vu des élèves proches de moi passer du temps à jouer à ces grilles en utilisant leurs smartphones pour des recherches. C’est une bonne chose pour eux. Le smartphone peut être utilisé à bon escient par des jeunes s’ils sont bien orientés. Ça peut réduire le nombre de temps qu’ils passent à faire des tics et des tacs sur Tik Tok (rires). En réalité, le but est de les inciter à la lecture et à la recherche.

 

 

L.N. : Qu'aimeriez-vous leur apprendre à travers vos livres ?

 

 

M.B. : À travers ces ouvrages, je fais des rappels sur des notions en conjugaison, mathématiques, vocabulaire et autres… un peu de culture aussi avec les 32 grilles par exemple.

À côté de l’aspect cognitif, je cherche aussi à faire un déclic très important chez eux: c’est la culture du livre ; les apprendre à lire ou plutôt les pousser à avoir l’envie de lire. J’aimerais que cela soit automatique chez eux. La distraction qu’apportent ces grilles peut en quelque sorte les stimuler à la recherche, car c’est un style particulier, c’est de l’apprentissage en s’amusant.

 

Le National : Travaillez-vous avec des bibliothécaires, avec des collèges ou des lycées?

 

 

Mayekel Baptiste : C’est une initiative personnelle. Cependant, mes livres sont disponibles à tous ceux qui veulent s’en procurer. On les trouvera sur les étagères des librairies comme Astérix et la Pléiade à Pétion-Ville. J’ai fait des ventes signatures dans certaines écoles comme les Cours Privés Edmé, que je considère comme siège, car c’est aussi mon espace de travail depuis que j’ai embrassé l’enseignement et aussi l’Institution Marguerite D’Youville. Des directeurs d’école comme Ralph Ganthier, fils du défunt Florian Ganthier a décidé de les intégrer dans leur liste de livres. Il y a aussi des écoles qui ont fait appel à moi lors de leurs journées de livres et autres activités, sans oublier des particuliers qui en distribuent en primes aux jeunes. Je peux citer en exemple l’Académie Chrétienne Mazzarello, Hibiscus et le Collège Saint Pierre.

Donc, il y a plus ou moins une communauté qui a connaissance de ce travail. J’espère que la collection de l’apprentissage par le jeu puisse couvrir un vaste territoire afin que le but visé atteigne un grand nombre de lecteurs pour une “culture du livre ”dans notre société.

 

 

Propos recueillis par Garens Jean-Louis

jgarens2@gmail.com

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