L’Institut d’études et de recherches africaines d’Haïti (IERAH/ISERSS) de l’Université d’État d’Haïti (UEH) a accueilli, ce 18 août 2022, une soirée gastronomique organisée par les professeurs Jean Rony Gustave et Jean Sergo Louis, dans le cadre de leur cours d’Introduction aux études du patrimoine et du tourisme en tronc commun dudit institut.
Cet événement, baptisé «Tronc commun: limyè sou kilti peyi m», vise à valoriser les plats traditionnels haïtiens et du même coup, à renforcer l’identité des étudiants haïtiens, précise l’enseignant-chercheur Jean Rony Gustave. Plusieurs activités, telles qu’expositions artistiques et des recettes de la cuisine haïtienne ont été réalisées au cours de cette soirée, constate le quotidien Le National.
Devant un jury composé de Sterlin Ulysse, Pekenson François et Guiveline Carrenard, les étudiants réunis en six groupes ont fait une présentation historique, géographique, touristique et des plats typiques de leurs départements d’origine: tonmtonm (département de la Grand’Anse), fritay (département de l’Ouest), bannann ak pwason (département du Sud-Est), kasav, bannann jón ak kafe (département du Nord), diri ak lalo (département de l’Artibonite) et zotan ak kasav (département du Sud). Tous les étudiants ont réussi avec brio cet exercice, d’après le verdict du jury. En plus de la présentation des plats traditionnels, cette soirée a été l’occasion pour des groupes musicaux et théâtraux et des slameurs de créer l’ambiance.
« Cette activité est un processus [participatif] par lequel nous participons à la promotion du patrimoine alimentaire d’Haïti. Vu que chaque Haïtien s’identifie à travers une série de plats et de techniques culinaires bien spécifiques, cette soirée consistait à présenter les plats typiques à chaque département du pays pour une meilleure connaissance de ces plats », ajoute de son côté l’anthropologue Jean Sergo Louis.
Le comité d’organisation qui était constitué de six membres – Widline Fabiola Vilsaint, Elisabeth Jean-Louis, Brege Guerl Lorné, Richy Joseph, Jean-Murat Emmanuel et Oudy Pierre – a beaucoup misé sur la transmission des savoirs-faire et les techniques culinaires. Pour ce faire, Jean Sergo Louis, assistant-chercheur au programme de maîtrise en Histoire, Mémoire et Patrimoine (HMP) de l’IERAH/ISERSS, croit que l’Université comme institution sociale est un canal transmissif très important.
Bien que les affrontements entre les gangs et le kidnapping créent une peur bleue à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, plusieurs dizaines d’étudiants et de professeurs ont bravé le danger pour prendre part à la soirée gastronomique. Selon notre estimation, environ 200 personnes ont répondu à l’appel. Un véritable coup de maître pour les organisateurs qui, disent-ils, ne se focalisent pas sur le grand nombre. « Ce n’est pas la grande foule qui compte avant tout pour nous. Il s’agit d’une initiative visant à promouvoir nos modes de consommation, à renforcer l’identité des étudiants et à tisser les liens entre eux », conclut le professeur Jean Sergo Louis.
Ces initiatives para-universitaires ne sont pas des ballons d’essai pour les enseignants-chercheurs Jean Rony Gustave et Jean Sergo Louis, membres du Centre d’études sur le tourisme et le patrimoine en Haïti (CÉPAT-H). Depuis son arrivée à la tête du programme de maîtrise en Histoire, Mémoire et Patrimoine de l’IERAH/ISERSS, M. Gustave, coordonnateur dudit programme, se bat bec et ongles afin de rendre utile ce programme. Avec son équipe de conseillers, il organise, depuis le mois de mai dernier, en partenariat avec le CÉPAT-H et la coordination du programme de maîtrise en HMP, un ensemble de conférences mensuelles dont le but est de « faire réfléchir les chercheurs, les étudiants et les autorités étatiques sur la problématique du trinôme "savoirs locaux, tourisme et développement en Haïti ».
Wilner Jean
