Haïti : entre le déclin des écosystèmes terrestres et marins

Depuis bon nombre d’années, les écosystèmes terrestres (forêts, montagnes) et marins font face à une situation des plus critiques. Ils ne sont plus épargnés par les activités humaines ou par la hache, le feu, la pêche non contrôlée... Tout ceci ne diverge que d’un seul point : la volonté de trouver rapidement un moyen de subsistance. Cependant celles-ci ont des retombées négatives sur la biodiversité marine (surtout avec les jets de déchets dans l’environnement) et terrestre c’est-à-dire sur la vie des humains, la couverture végétale du terroir, les habitants de l’air à savoir les oiseaux ainsi que d’autres espèces animales.

En Haïti, vu la précarité économique de la population, l’arbre est de plus en plus considéré comme une source d’appoint immédiat. L’abattage systématique des végétaux causant l’épineux problème de déboisement. D’entrée de jeu, nos forêts ne sont pas protégées. Fort souvent les paysans mettent le feu dans les espaces forestiers pour abattre facilement les arbres question de récupérer des terres afin de pratiquer des cultures maraîchères, telles : laitues, choux, pomme de terre, etc. Hormis l’agriculture, ils le jettent par terre pour en faire du charbon de bois, des meubles, pour faire fonctionner les petites industries (blanchisseries et boulangeries). Quant à l’espace libéré par les arbres, il sert aussi à l’élevage des animaux et la construction d’habitations.

En ce qui concerne le sort des écosystèmes marins, on s’empresse de dire : les éléments arrachés à la terre, les ordures de toutes sortes jetées aux sols finissent en mer. Les matières plastiques empoisonnent les animaux qui ont la lourde mission de contribuer au maintien de l’équilibre écologique des océans. De surcroît, la plupart des côtes haïtiennes sont dépourvues de mangroves. Ces forêts littorales font beaucoup d’espèces comme les poissons, les crustacés, les mammifères, les oiseaux ne peuvent cohabiter en symbiose ni assurer leur survie par la reproduction. Les activités prédatrices de l’homme comme la pêche sauvage et outrancière entraînent l’extinction de plusieurs espèces marines comme le lambi (strombe) ou les tortues marines. À titre d’exemple, du 1er au 30 avril, on ne devrait pas avoir la pêche de la langouste sur le territoire. Durant cet espace de temps, les homards sont en période de reproduction. Enlevez-les c’est détruire l’écologie marine!


Que ce soit en tant que régulatrice du climat, réductrice de l’impact du vent et de l’érosion éolienne, protectrice des sols en évitant les avalanches ou encore filtre d’air naturel et fournisseuse d’oxygène à la planète, les vastes terrains couverts de nombreux arbres ont une fonction vitale. Mais fréquemment, nos actions à l’encontre des arbres nous permettent plutôt de faire face aux conséquences décrites ci-après : érosion accélérée, déforestation, glissement de sol, coulées de boue en période de pluie, disparition d’oiseaux et de variétés de fraises sauvages.

Afin de lutter contre la dégradation continuelle des écosystèmes (cités ci-haut), des travaux immenses méritent d’être effectués sur tout le territoire. Mais qu’ils prennent du temps pour apporter des réponses durables aux problèmes existants pour mieux tirer parti des bienfaits du milieu terrestre et marin, au fil des ans. De ce fait, le ministère de l’Environnement, le bureau de l’Agence Nationale des aires protégées (ANAP) d’un accord commun avec l’État haïtien doivent développer des actions conjointes avec des Partenaires techniques et financiers pour : reboiser ou remplacer les végétaux détruits dans la forêt des deux parcs nationaux du pays, Pic Macaya et La Visite, former des centaines de gardes forestiers tout en leur rémunérant, aussi les procurer d’équipements nécessaires pour surveiller et d’entretenir les forêts ou bien créer une unité spécialisée au sein de la Police nationale d’Haïti (PNH) pour les protéger contre toutes exploitations abusives, mettre sur pied une campagne de reboisement pour restaurer les montagnes dégradées et accroître considérablement le boisement au niveau national, mettre en place une campagne d’éducation environnementale pour renforcer l’éducation civique de la population afin qu’elle prenne conscience de ne pas exploiter les écosystèmes de manière sauvage, structurer la filière de la pêche, mettre une politique publique de gestion des déchets dans les villes, planter des mangroves sur les côtes.


À l’échelle internationale, les zones côtières sont une aubaine. On y retrouve des stations balnéaires, des aquariums, des chaînes d’hôtels… et surtout des palétuviers préservés ou exploités à bon escient. Avec des structures adéquates, on peut faire de la réserve de biosphère La Selle, du massif de La Hotte, de nos côtes… quelque chose de rentable en attirant les touristes, les visiteurs qui, d’une part,  généreraient des rentrées économiques qui pourraient contribuer à mettre le pays sur rail et d’autre part nous seraient bénéfiques du point de vue naturel, architectural (beauté). Car les écosystèmes sont d’une importance capitale pour la survie de l’humanité. Ils sont riches et variés, aussi important dans la préservation de la biodiversité et utile dans la lutte contre le changement climatique. Donc, à nos dirigeants de poser les bonnes actions pour que la République d’Haïti puisse tirer profit des ressources de la nature!

Jimmy DELISCA
Ingénieur agronome, écologiste

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