Sommes-nous sortis de l’auberge ?

La grande marge du pourcentage de vote entre Jovenel Moïse et Jude Célestin traduirait le fait qu’un deuxième tour n’aura pas lieu. Les observateurs ont constaté qu’il y a eu aussi raz de marée du parti rose au niveau des élections sénatoriales. Le président du CEP avait, il y a près de deux mois, laissé croire en une telle possibilité : un premier tour décisif. Au moment où les traditionnels bailleurs de fonds du pays enlevaient, un à un, leur soutien, acculant l’État haïtien à décider de financer les élections avec la gourde nationale, l’opinion était dans l’expectative. Entre un Privert déterminé à « nationaliser » les joutes et un Conseil électoral embarqué dans le « sursaut patriotique » sans avoir encore les moyens de ses opérations, les analystes ne voyaient pas très bien tant les enjeux et les subtilités n’étaient pas nettes.

La grande marge du pourcentage de vote entre Jovenel Moïse et Jude Célestin traduirait le fait qu’un deuxième tour n’aura pas lieu. Les observateurs ont constaté qu’il y a eu aussi raz de marée du parti rose au niveau des élections sénatoriales. Le président du CEP avait, il y a près de deux mois, laissé croire en une telle possibilité : un premier tour décisif.

Au moment où les traditionnels bailleurs de fonds du pays enlevaient, un à un, leur soutien, acculant l’État haïtien à décider de financer les élections avec la gourde nationale, l’opinion était dans l’expectative. Entre un Privert déterminé à « nationaliser » les joutes et un Conseil électoral embarqué dans le « sursaut patriotique » sans avoir encore les moyens de ses opérations, les analystes ne voyaient pas très bien tant les enjeux et les subtilités n’étaient pas nettes.

 Nous sommes, aujourd’hui, devant la réalité d’une décision et le poids d’un acte : un très faible pourcentage de vote et le retour à la case départ. Le président Privert a joué son rôle de modération. Dans un contexte de déchirements, il a officiellement montré les voies légales à suivre. Il faut craindre qu’il n’ait été débordé par le vote électoral et que le peuple ait encore fait son choix parmi les outsiders de la politique traditionnelle.

En fait, moralement, le président provisoire était tenu à se prononcer contre toute dérive de secteurs qui n’arrivaient pas à contrôler leurs troupes et à alimenter la peur collective. Par contre, le dernier mot était-il de l’exclusivité d’un Conseil électoral provisoire ? Monsieur Berlanger était-il le maitre de sa troupe ?

Le constat est aussi fait que les partisans du Parti haïtien Tèt Kale n’ont pas spontanément gagné les rues après l’annonce de la victoire de Jovenel Moïse. Y a-t-il déjà des conflits internes entre les classes traditionnelles et le gagnant du vote du 20 novembre ? Fait-on comprendre à ce dernier qu’il n’est ni un Daniel Fignolé ni un Louis Déjoie ? Il devra donc faire taire, au départ, toutes intentions de leadership ajoutées à ses expériences réussies d’entrepreneur en milieu rural ? Où l’État-major du PHTK déciderait-il de cette stratégie pour ne pas jeter l’huile sur le feu dans les rues ? Car l’affrontement entre les « gagnants » et les « perdants » pourrait même déboucher sur une guerre civile urbaine !

Ces questions ne peuvent être facilement répondues dans un contexte où les exclusions sociales sont sur le point de conduire un pays accablé par des catastrophes naturelles au bord d’une épouvantable poudrière, s’il n’y a pas un dépassement entretenu et une hauteur acquise dans l’adversité.

Entre temps, personne ne sait où mèneront les contestations légales annoncées par Jude Célestin, Jean Charles Moïse et Maryse Narcisse. Chacun prendra son chemin. Dans la tradition haïtienne du « Pran devan », il peut être difficile pour un parti de faire front seul devant ce qui se présente comme un autre rejet de la classe politique traditionnelle. Toutefois, une Ligue de la contestation, durant tout le mandat du nouveau président peut rendre la vie dure à l’élu du 20 novembre dont les visions de développement du pays avec ses ressources naturelles doivent un peu inquiéter les vieilles habitudes de l’oligarchie.

Tout va se jouer dans l’espace d’un mouchoir ! Et même après l’installation officielle du nouveau président. Il nous semble qu’en dépit du calme précaire et des contestations, qui ne sont pas vigoureusement articulées, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge !

Pierre Clitandre

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