L’indifférence des mandarins

Le 29 décembre 2016 s’est mué en un 3 janvier 2017 qui charrie les mêmes inquiétudes. 3 janvier 2017 ! Voilà une date qui pèsera lourd dans notre histoire contemporaine. Elle permettra de faire le jour sur les enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels qui semblent être des obstacles à l’équilibre du pays. Tiraillée par des forces extérieures qui, depuis 1492, convoitent ce sol qu’on dit être riche en ressources matérielles et immatérielles, placée dans une géographie éclatée qui n’est pas un fait du hasard naturel, fouillée dans ses strates par des chercheurs en quête d’énergie pure, désarticulée dans sa production agricole par les nouveaux consommateurs de produits organiques, la terre haïtienne n’est pas au bout de ses essoufflements.

Le 29 décembre 2016 s’est mué en un 3 janvier 2017 qui charrie les mêmes inquiétudes. 3 janvier 2017 ! Voilà une date qui pèsera lourd dans notre histoire contemporaine. Elle permettra de faire le jour sur les enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels qui semblent être des obstacles à l’équilibre du pays. Tiraillée par des forces extérieures qui, depuis 1492, convoitent ce sol qu’on dit être riche en ressources matérielles et immatérielles, placée dans une géographie éclatée qui n’est pas un fait du hasard naturel, fouillée dans ses strates par des chercheurs en quête d’énergie pure, désarticulée dans sa production agricole par les nouveaux consommateurs de produits organiques, la terre haïtienne n’est pas au bout de ses essoufflements.

L’historien nous dira la chronologie de nos révoltes et de nos coups d’État. L’économiste nous indiquera les fluctuations de nos affaires bancaires et de nos fonctionnements administratifs. Le politologue nous mettra sur la piste des diverses figures qui, au Palais national, ont dirigé à leurs manières le pays. C’est lui, le script des dates. Il lui revient donc de nous dire pourquoi cette date est si importante. Elle nous semble, par contre, être contestée par plusieurs secteurs qui peuvent en faire le lieu de départ de nouveaux bouleversements ou l’étape à partir de laquelle un nouveau contrat social sur quatre quinquennats peut être adopté par les divers acteurs.

L’analyste retiendra que cette date est le résultat d’un certain nombre d’erreurs répétées et de tenaces attitudes. Les classes sociales de ce pays malmené ne sont jamais si proches non pas simplement de l’émeute, mais de l’affrontement révolutionnaire. Les possédants jurent par tous les dieux de l’argent et des compromissions avec « le Blanc » de garder, intacts, leurs privilèges aveugles. Alors que les craquelures sur divers plans montrent des signes évidents de ce que certains appellent « l’autodestruction », les possédants se donnent, comme par le passé, le droit de décider pour une collectivité en vue de mieux protéger leurs intérêts. Les classes démunies, perdues dans leur choix et confuses par manque de direction, ont décidé de s’abstenir des dernières joutes électorales. De 65 % dans les années 90, l’électorat a connu une chute abyssale : 10 %. Cette baisse de l’enthousiasme populaire est l’indicateur d’une prise de conscience face à l’indifférence des mandarins. La voie électorale est-elle la solution ? Que faire face au déficit de leadership national ?

 Il n’y a pas, comme dans les années cinquante et soixante, un militantisme politique et syndical intégré organiquement dans les masses urbaines et rurales. Le vide est vite comblé par des sectes religieuses qui carburent à la théorie de la faute et de la soumission. Le nègre rebelle devient le soumis des temps de prières miraculeuses. On a entendu un pasteur de Shalom enflammer des milliers de fidèles en dénonçant l’Esprit qui empêche aux fidèles de toucher à… l’argent ! Et vive le matérialisme individuel ! La réponse aujourd’hui au marasme social est la fuite vers des frontières pour laisser le « lieu satanique ». Le combat est détourné.

La date du 3 janvier 2017, ce n’est pas seulement l’étape des résultats d’une campagne où le slogan a primé sur le programme. C’est aussi le voeu de la prise en charge de drames multiples d’un pays mis à genou. Elle peut être une rupture dans la mesure où l’élu de la présidence aura la capacité de s’ouvrir aux autres partis politiques. Mais, la date peut aussi signifier la continuité et vive la politique de courbette ! Le dollar continuera à grimper. Le développement sera un triste assistanat. Les statues des Héros ne seront plus restaurées. La main — d’oeuvre locale ne sera pas intégrée dans les projets de reconstruction. Les petits citrons continueront à coûter une tête de nègre !

Le modèle de l’autodestruction ne peut conduire qu’à la contestation permanente et à la gouvernabilité impossible. Qui persiste à parler, en ce marché de dupes, de Thomas Sankara ? Qui aura l’audace d’enfoncer plus profondément le Père libérateur dans son trou ? Il est venu le temps de l’assassinat de nos égos. Les générations futures, ici comme en diaspora, croyez-nous, applaudiront très fort.

Pierre Clitandre

Gary Victor

Vous commencez, avec la chanson de Mireille Mathieu, c’est elle, un rite de pardon de soi et des autres. Amis lecteurs, ne dites pas que Le National ne vous a pas appris ce qu’il faut faire quand votre pays est en danger de mort. Tenez bien raide votre balai ! Joyeux Noël à tous !

 Pierre Clitandre

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