L’enfer à notre porte

On n’a pas trop l’habitude de regarder ce qui se passe autour de nous. Nous aurions pu prendre n’importe quelle autre artère. Nous avons voulu dans le cadre de cet éditorial nous arrêter à la route du Canapé-vert, venant de Port-au-Prince en direction de Pétion-Ville. Une traversée dans un espace dégradé que les politiques oublient, préférant s’enfoncer dans leurs jeeps aux vitres fumées, refusant les embouteillages au grand mépris du code de la route et de la sécurité des citoyens – les chefs ont tous les droits — à grand renfort d’avertisseurs à crever les tympans. Après avoir pris de la hauteur sur la route du Canapé-vert, on se met à franchir un marché public qui cache difficilement ce qu’il est. Marchands de nourritures, de légumes, de fruits, des deux côtés de la voie publique. On peut remarquer aussi des marchands de vêtements usagers, de souliers, des réparateurs de pneus, des vendeurs de borlette. Un grand bac à ordure du SMCRS déborde et des chiens faméliques rôdent autour. Une libraire de fortune entre quatre semblants de murs en blocs qui montrent trois livrets sur une ficelle tendue. Boulangerie, dry-cleaning…. Des petits étalages de bidons d’huile de moteurs… Marchands de minutes téléphoniques et de confiseries. On travaille le fer sur les trottoirs et les piétons ont bien du mal à avancer entre les multiples commerces et les citoyens qui attendent un tap-tap. Studios de beauté, écoles, dépôts de matériaux de construction, maisons de transferts, école, bar dansant affichant à la nuit tombée jeunes filles en tenue suggestive, la route du Canapé vert traverse un véritable capharnaüm urbain. Pendant ce temps, des affiches publicitaires d’une compagnie aérienne vantent les charmes de Miami. Bière étrangère, certainement mexicaine. Un bilboard d’un chanteur haïtien bien connu, cheveux couleur de rouille : Klereyo !

On n’a pas trop l’habitude de regarder ce qui se passe autour de nous. Nous aurions pu prendre n’importe quelle autre artère. Nous avons voulu dans le cadre de cet éditorial nous arrêter à la route du Canapé-vert, venant de Port-au-Prince en direction de Pétion-Ville. Une traversée dans un espace dégradé que les politiques oublient, préférant s’enfoncer dans leurs jeeps aux vitres fumées, refusant les embouteillages au grand mépris du code de la route et de la sécurité des citoyens – les chefs ont tous les droits — à grand renfort d’avertisseurs à crever les tympans. Après avoir pris de la hauteur sur la route du Canapé-vert, on se met à franchir un marché public qui cache difficilement ce qu’il est. Marchands de nourritures, de légumes, de fruits, des deux côtés de la voie publique. On peut remarquer aussi des marchands de vêtements usagers, de souliers, des réparateurs de pneus, des vendeurs de borlette. Un grand bac à ordure du SMCRS déborde et des chiens faméliques rôdent autour. Une libraire de fortune entre quatre semblants de murs en blocs qui montrent trois livrets sur une ficelle tendue. Boulangerie, dry-cleaning…. Des petits étalages de bidons d’huile de moteurs… Marchands de minutes téléphoniques et de confiseries. On travaille le fer sur les trottoirs et les piétons ont bien du mal à avancer entre les multiples commerces et les citoyens qui attendent un tap-tap. Studios de beauté, écoles, dépôts de matériaux de construction, maisons de transferts, école, bar dansant affichant à la nuit tombée jeunes filles en tenue suggestive, la route du Canapé vert traverse un véritable capharnaüm urbain. Pendant ce temps, des affiches publicitaires d’une compagnie aérienne vantent les charmes de Miami. Bière étrangère, certainement mexicaine. Un bilboard d’un chanteur haïtien bien connu, cheveux couleur de rouille : Klereyo !

Éclairez le décor ! Encore qu’il faille qu’on ait la volonté de le voir, ce décor, surtout de lever les yeux à un tour de rein de la route pour qu’on aperçoive le spectacle pitoyable des masures en blocs sur la montagne. Une montagne ravagée par le dénuement des humains, mais surtout par l’absence de l’État. Le décor a la couleur à la fois blanchâtre et rougeâtre de la terre des entrailles de cette terre. Ces bidonvilles sont le grandiose du chaos. Le vertige du rien. Une fausse couche de l’ignorance. Attention ! Pluie ! Les ravins menacent ! Un pied de nez aux discours nuls des politiques et aux références névrotiques à un passé d’où nos héros doivent regarder nos gesticulations avec écœurement et dédain.

Le morne l’Hôpital a sa ceinture de constructions lépreuses qui part des hauteurs de Pétion-Ville et aboutit presque jusqu’aux sources défuntes de la tout aussi défunte Rivière froide. Il y a eu plein de projets pour les habitants de ces quartiers, dont l’un qui consistait à peindre ces maisons pour faire de ces agrégats de constructions des reproductions des œuvres de Préfete Duffaut. Même là notre délirante logique n’a pas pu suivre son cours pour aboutir peut-être à un étrange serpent arc — en – ciel couché au-dessus de Port-au-Prince,  sorte de frontière artistique séparant la pauvreté étalée du bas au mitan de la montagne et les riches constructions plantées au sommet.

C’est ainsi que l’agglomération urbaine de Port-au-Prince grandit en s’étalant comme un cancer incontrôlable aux quatre points cardinaux. Les jeeps à immatriculation gouvernementale sillonnent à toute allure les rues du moribond sans que leurs occupants ne se soucient de rien. Ils ne sont pas les anticorps. Peut-être une partie importante du problème. Une ville qui explose et qui peut piéger un jour des millions de gens. Un enfer en devenir dont on ne se rend pas compte. Une apocalypse urbaine qui s’annonce avec l’insécurité rampant dans les venelles de la cité. Il suffit d’entendre les coups de feu chaque soir dans certains quartiers sans que la police ou le gouvernement s’en préoccupe. Les armes, on les a distribuées. Les coupables, les fraudeurs, les assassins sont dans leur décor. Comme les poissons dans l’eau. Il n’y a plus de niches dorées, protégées. L’enfer frappe à notre porte. Pour combien de temps avant qu’un autre fou, plus fou que les autres, ne l’ouvre ?

 

Gary Victor

 

 

 

Dans ce lieu où a l’impression d’être enfermé dans une boucle temporelle avec des fous qui rejouent au même jeu truqué. Une boucle que nous devons dénouer. Des fous que nous devons enfermer. Un souci de remettre la nation sur pied qui doit devenir une priorité. Il faut que l’inconscience des uns et des autres cessent de pousser des milliers de nos concitoyens hors du pays. Un pays pourtant où tout est à repenser et à reconstruire. Un pays où des bonnes volontés sommeillent, comme prisonnières dans un camp de concentration, surveillées de près par les sbires des seigneurs du chaos.

Cette interdiction de rester doit être dénoncée. Cette interdiction de rester doit être enlevée. Cette interdiction de rester doit être oubliée et enterrée. La fuite ne peut être la réponse à l’exclusion. On doit rêver d’une incitation à revenir. De tous nos frères et sœurs qui voudraient bien, avec avoirs et connaissances, participer au grand konbit pour la reconstruction de notre pays dans la solidarité, l’amour et la paix.

 

Gary Victor

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