La faute impardonnable

La faute impardonnable d’une génération, c’est d’avoir mené toutes les luttes possibles et imaginables pour convoiter le pouvoir dans l’espoir de construire des lendemains meilleurs sans créer les conditions pour imposer une société basée sur la justice.

 

Par naïveté, la génération qui a fait 86 croyait que le fait d’exprimer, à grand renfort de vacarmes et de débats, son souhait d’une nouvelle Haïti (le pays qu’on veut) suffisait à mettre en place et à faire fonctionner un État de droit. En réalité, cette génération a porté et maintenu au pouvoir des personnalités qui n’avaient d’ambitions réelles que pour leur clan. Leur petit clan déconnecté de la collectivité.

 

Les luttes intenses et nombreuses n’ont servi que de marchepieds à nos leaders. Aujourd’hui, le réalisme et le minimum de bon sens nous obligent à anticiper le pire. L’addition des scandales et des désastres fait craindre des bouleversements sociaux auxquels la solution peut être difficile, voire impossible. Plus de 30 ans après le grand mouvement de 1986 et son cortège de belles promesses, nous commençons à douter de notre capacité à construire un pays juste et paisible. Le processus qui doit nous mettre sur la route d’un État de droit fondé sur la démocratie et le respect des droits de l’autre se révèle particulièrement laborieux et complexe.

 

Les derniers évènements qu’a connus le pays, y compris les gymnastiques souvent grossières des dirigeants pour reprendre le contrôle du pays, prouvent que les rapports de confiance entre gouvernés et gouvernants ont déjà été rompus.

 

La génération qui a porté l’après-dictature des Duvalier a pêché pour ne pas avoir compris que la justice pénale devait être au cœur de la société haïtienne. Entre sanctions internationales et la capacité de la justice haïtienne à prendre le relais, l’actualité se dresse. De doutes, pour le moins légitimes, planent sur la volonté et les moyens de la justice haïtienne de demander à des citoyens de répondre, tout simplement, aux questions de la justice pour des cas de corruption, de détournements et de pratiques mafieuses qui leur sont reprochés.

 

Entre jeu de passe passe, de mise en place de commissions, de mobilisation permanente sur les réseaux sociaux, il est troublant que personne ne connaisse les différentes sanctions que réserve la justice pénale aux différents ordonnateurs de fonds publics, d’entreprises et d’intermédiaires impliqués dans la dilapidation des fonds publics, particulièrement le Petrocaribe et d'autres patrimoines publics qui ont connu le même sort.

 

Les acteurs et témoins des mouvements politiques et sociaux post mille neuf cent quatre-vingt-six n’ont pas empêché que bon nombre d’Haïtiens admirent les fraudeurs. Opportunisme oblige, il faut être « vivant », soit sans vergogne, pour réussir en Haïti. Les plus hautes marches du pouvoir ne sont accessibles qu’aux insolents et aux mafieux. Pareil pour faire de bonnes affaires!

 

La Rédaction

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES