Le karma haïtien

Victor Hugo, le sublime poète des Contemplations, dont ils ont dit qu’il était un grand initié, écrivait ceci, en s’adressant aux forces positives de la bibliothèque akashique : « Dieu, dans vos cieux, par delà de la sphère des nues, faites-vous des choses inconnues où la douleur de l’homme entre comme élément ? » On ne peut pas facilement répondre à cette question. Ce dont on est sûr c’est qu’il y a une logique à la souffrance individuelle et collective.

Selon certains spiritualistes, elle serait le principe du feu déposé en nous à travers lequel nous faisons activer notre volonté. Ce « feu » serait la faculté intellectuelle qui donne accès à une connaissance raffinée nous permettant de vaincre les lourdeurs conventionnelles rituellement consommées pour ouvrir, en nous, par ces lieux de contritions, les portes de la lumière.

La civilisation occidentale serait arrivée à maitriser, par ses universités et autres laboratoires scientifiques, ce principe du feu. Toutefois, il lui manquerait le dépassement du cartésianisme et une meilleure harmonisation avec l’enceinte organique qui émet des échos et nous envoie des ondes. Une mauvaise manipulation de la relation avec la « chambre naturelle » peut créer d’épouvantables catastrophes.

 

La connaissance du feu permet aussi à la civilisation occidentale de reconnaitre des erreurs de parcours. Nous ne parlons pas, ici, de la conscience. Nous voulons faire comprendre que l’habitude des universités et autres laboratoires scientifiques permet aux intellectuels et hommes politiques occidentaux de connaitre le secret de la correction. Parce qu’ils sont aussi impliqués dans la geste de Noé qui sauve des animaux réels et intérieurs, ils peuvent revenir au passé des génocides des indigènes et réparer, par la «  charité de la solidarité humaine », le troublant karma de l’accumulation primitive du capital.

Mais, rien ne dit que ce processus est absolument parfait. Beaucoup de choses restent à apprendre de la vraie nature de l’enceinte organique pour que la correction soit définitive. Par exemple, athée, vodouisant, catholique ou protestant doivent se mettre d’accord sur le fait que la prière est un « écho dans la chambre » de la bibliothèque naturelle. Mais, qu’on ne nous dise pas que la prière « dior » du vodou est une incantation diabolique et que le Notre Père est une supplication divine!

 

En Haïti, il nous reste à faire des recherches scientifiques plus approfondies par nos universités modernisées, nos centres de recherches perfectionnées et nos laboratoires (y compris le laboratoire de la bibliothèque naturelle) pour aboutir à la conclusion que nous sommes encore restés dans les « enfances amniotiques » de l’eau.

Nous avons l’intuition que le gonflement de nos égos, le culte de l’accablement de l’autre et les manières historiques de chefs de bandes ont un rapport à voir avec le principe de plasticité de l’eau dont les vagues et les montées sont l’aspect physique de pulsions collectives intérieures: la colère, le manque de nuance, le refus du dialogue et la mégalomanie. Oui, c’est un peu ça! C’est dommage qu’on n’a pas un Sigmund Freud à nous expliquer psychanalytiquement que la bande peut être, en même temps, la bande et son contraire avec des dénominations tout aussi ridicules que triviales.

Il nous faut sortir de la grande lyrique littéraire et artistique et faire notre entrée brillante dans l’univers des laboratoires et des sciences. Il doit dépasser le rationalisme cartésien et le matérialisme des « choses vues ». Car la vie est si complexe qu’elle ne peut être résumée en un lieu d’accumulation primitive du capital. On en voit déjà les résultats !

C’est très douloureux de sortir de l’étape aquatique pour gravir les escaliers qui mènent au feu. C’est pour cela que sur chaque marche, où on fait un pas de plus vers la connaissance, il faut répéter, comme une litanie de pénitent, ce beau vers de Victor Hugo : « Dieu... faites-vous des choses inconnues où la douleur du peuple haïtien entre comme élément ? »

La Rédaction

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