Repenser le temps haïtien !

Dans moins de trois semaines, l’année 2022 cédera la place à la première journée de 2023, qui va coïncider avec la fête, la célébration, la commémoration ou le rappel du nouvel ordre mondial de 1804. 

 

De cette date historique, universelle et symbolique est née la deuxième nation, après les États-Unis,  sur le continent Amérique. 

 

Depuis cette date, les anciens esclaves devenus des hommes, des femmes et des enfants ont  pratiquement appris à compter les jours, les nuits et les saisons dans la dignité. 

 

Depuis ce jour, un nouvel ordre mondial était inscrit dans l’agenda international.  Le marché de la vente des esclaves un peu partout dans le monde et surtout dans le Nouveau Monde allait prendre un grand coup.

 

Désormais la machinerie humaine importée sur les côtes Afrique, à partir de la porte du non-retour et d’autres points d’exportation, d’installation portuaire de la déconstruction familiale  et de déshumanisation de la race noire allait être remise en question. 

 

De temps en temps, entre les discours et les discussions, nombreux sont celles et ceux qui cherchent à ruminer le passé pour tenter de justifier leur inaction au présent. 

 

D’autres ne prennent jamais le temps de mesurer l’âge du pays, par rapport à l’histoire universelle, en cherchant abusivement à comparer l’intelligence,  le développement et l’évolution d’une population qui a passé plusieurs siècles entre les cales des navires, les champs d’exploitation et les relations humaines déséquilibrées et  dévalorisantes. 

 

Depuis tout ce temps, depuis toutes ces années, depuis bientôt  219 ans, les Haïtiens ont appris à compter sur eux-mêmes, et sur les ancêtres, les esprits, les lwa et les invisibles. 

 

Dans les études autour de la sociologie du temps, une branche qui tend à comprendre les rapports les rapports d’interaction et de transformation qui existent entre les formes d’organisation de la société et les différents rapports au temps et à son organisation, on constate avec pitié à quel point la notion du temps n’est du tout enseignée dans les familles, les institutions et la majorité des secteurs de la vie nationale. 

 

Dans chaque secteur, on cherche à user, à utiliser et à exploiter le temps des autres de manière parfois injustifiée et abusive. 

 

Dans la somme des crises profondes et multiples qui emprisonnent le présent et  l’avenir des familles haïtiennes, il y a la notion du temps qui a toujours été mal organisée, mésinterprétée et mal investie dans la grande majorité des activités économiques et scientifiques. 

 

Dans l’état actuel des choses, avec les longues files d’attente, les agendas et les calendriers qui se rétrécissent, et les jours de la semaine qui ne servent qu’à la culture de la peur, du marronnage et des pas sur place, il nous faut repenser le temps des Haïtiens avant qu’il soit trop tard. 

 

Dominique Domerçant

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