Puisque le miracle est possible...

La peur chevillée au corps, nous avons traversé une année de crises majeures pour entamer la prochaine qui n’offre, à tout point de vue, aucune garantie de paix, de progrès économique et de réconciliation entre les Haïtiens. L’espoir de retrouver une vie normale est tellement imperceptible qu’on a du mal à l’imaginer. Car, depuis quelque temps en Haïti, on regarde la vie rêvée à travers les prismes du nihilisme.

 

On aimerait pourtant aborder la nouvelle année avec confiance, mais le champ de ruines, constitué et entretenu par l’élite bourgeoise des villes et les politiciens qui partagent le pouvoir et la contestation avec eux, est une situation préoccupante. Les plus pauvres, et fatalement les plus nombreux, ont l’impression d’être oubliés et font de moins en moins confiance aux structures politiques, aux médias et aux universités.

 

En 2023, ce n’est pas certain qu’Haïti arrivera à mettre en œuvre le nécessaire chantier de réduction des inégalités sociales, mais ce serait suicidaire de mal négocier les échéances politiques à venir. Les incertitudes assiègent déjà la maison avec fureur et les défis à relever seront colossaux. Cela nous rend d’autant plus pessimistes que les bases d’un dialogue sincère entre les acteurs politiques, filles et fils d’un pays qu’ils prétendent aimer jusqu’à la passion, ne sont même pas encore jetées. Et, dans ce cas de figure, il ne nous reste que l’impossible désir de ne pas subir, en 2023, les conséquences de tous les désordres orchestrés et généralisés en 2022 et avant. En réalité, nous n’avons pas essayé de trouver de vraies solutions à cette crise qui sape toute idée de démocratie et aucun effort n’a été consenti de part et d’autre afin de garantir le droit à la vie. Le minimum, en effet.

L’évidence est là sous nos yeux avec la capitulation des pouvoirs publics, notamment des forces de sécurité et de la justice. En ce sens, une fois n’est pas coutume, l’exemple des institutions américaines, qui ont contrecarré les manœuvres d’un Donald Trump hostile à la raison et au jeu démocratiques américains, a démontré qu’il est toujours nécessaire de « sauver l’âme » d’un pays (pour répéter Joe Biden).

 

L’année prochaine, il n’y a pas de doute, s’ouvrira sur la somme de nos échecs et de nos zizanies. La gestion de la crise multidimensionnelle sera toujours un défi. De paisibles citoyens auront toujours peur d’être enlevés contre rançon, les portes d’une catégorie de tribunaux resteront fermées et les responsables politiques continueront d’entrer et de sortir par des portes dérobées. Pourtant, il ne manquera pas de mouvements pour forger ou faire respecter des échéances politiques vitales. Nouvelle constitution ou pas. Élections générales, espérons-le !

 

Toutefois, le mieux que l’on souhaite est de rester en vie avec toute la sérénité qu’il faut et de connaître une année 2023 moins exécrable que la précédente.

 

Puisque le miracle est possible : bonne et heureuse année à toutes et à tous.

 

La Rédaction

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