Le glissement assassin

Partout, on semble frôler cette violence ultime toujours due à l’incapacité des gens au pouvoir de gérer une situation, de tenir un discours qui prête au moindre respect, à la moindre confiance. La population accuse les dirigeants de trop mentir, de manifester qu’indifférence à la situation qu’elle vit chaque jour. Le mensonge est pourtant une arme que manient les politiciens d’ici ou d’ailleurs. À la différence que sous d’autres cieux les mensonges peuvent cacher d’autres politiques parfois méprisantes pour la majorité, mais il reste qu’il y a une frontière qu’on ne franchit pas, car on a en tête la sécurité, le bien-être si ce n’est de la nation, mais d’une classe bien déterminée. Les menteurs sont souvent formés dans les meilleures écoles et peuvent manipuler l’opinion avec des rhétoriques qui demandent de l’adresse pour s’y attaquer. Même les médias qui les soutiennent sont tenus par des journalistes peut-être aux ordres, pourris, malhonnêtes, mais d’un niveau suffisant pour que les bonnes gens puissent avaler la pilule.

Le drame avait été annoncé depuis avant 1986 par de nombreux commentateurs. On n’était pas tombé aussi bas. Nos lycées, nos écoles ont périclité et on a commencé à former des espèces de monstres, incapables de la moindre compréhension de la réalité. Leur capacité de mémorisation leur a permis souvent de passer à travers le tamis des universités étrangères. Mais est restée cette incapacité à comprendre le réel tandis que la détérioration des conditions de vie transformait une nuée de citoyens en combattants de la survie prêts à tout pour profiter seulement d’une fonction juteuse de l’administration publique et cultivant une morgue et un mépris outrancier pour la population. C’est en grande partie cette engeance qui en train de détruire ce pays.

La folie politique des années 1990 a enfoncé le clou. Vive la militance ! À bas la compétence ! Une chance inespérée pour les nuls ! Les médiocres, les opportunistes se sont engouffrés dans la brèche. On embrasse un pouvoir juste pour faire ripaille. Fin 90, pour renfoncer le pouvoir, on a fait élire au Parlement des gens qui n’avait rien à y faire tandis que des pseudo-révolutionnaires avaient l’idée farfelue et dangereuse de remplacer les tontons macoutes par des organisations populaires armées, qui sont devenues des bases puis des gangs. Avec toutes nos institutions pourries par la corruption et la médiocrité, on glissait inexorablement vers ce chaos qui s’est installé finalement, s’amplifiant jour après jour.

Le pouvoir des bandits légaux, bien sûrs jouisseurs, pervers, sans imagination, affichant avec arrogance leur mépris pour le pays, n’a fait que continuer sur la même lancée. Si bien que l’État aujourd’hui est en lambeau. Aucune institution étatique n’est en mesure de faire face à ces situations de chaos qui se multiplient sur l’ensemble du territoire national. Les solutions certes existent. Il y a cependant un problème d’hommes. Trop d’affairistes. Trop d’imposteurs. Disons le mot. Trop de voyous. Mais il y a aussi trop de femmes et de bonnes volontés qui se ploient la queue entre les jambes. On a peur des délinquants !

Il faudra cependant faire le choix. Continuer à avoir peur avec comme issue : rendre l’âme. Soit se battre avec au moins la possibilité certaine, car nous sommes plus nombreux, même si les officines étrangères sont contre nous, de nous en sortir.

 

Gary Victor

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