La présidence de Joe Biden : un an après

Le président des États-Unis Joe Biden vient de boucler sa première année à la Maison-Blanche. Une année qui a vu se fondre rapidement son capital confiance auprès des électeurs américains. Ce n’est pas que l’Amérique se porte plus mal qu’il y a quatre ans, mais les fissures dans le camp démocrate ont mis à mal le « new deal » économique du nouveau locataire de la Maison-Blanche.

 

Des sénateurs centristes, comme Joe Manchin, ont joué les grains de sable dans la machine économique mise en branle par la nouvelle administration. Si le président Joe Biden a pu faire passer son grand programme de refondation des infrastructures de transport, son projet social  fait face à des résistances inattendues au Congrès y compris dans son propre parti.

 

Et pourtant, traumatisés par les années Trump, beaucoup d’Américains qui avaient vu « vaciller » leur démocratie lors de l’assaut du Capitole en janvier de l’année dernière espéraient une nouvelle ère avec  un homme bien au fait des arcanes de la politique à Washington. Pour avoir été vice-président de Barack Obama et membre influent de la puissante Commission des Affaires étrangères du Sénat, le nouveau chef de l’exécutif américain était censé avoir divorcé avec les turbulences de « l’ancien régime ».

 

Toutefois, le retrait soudain et désordonné d’Afghanistan et les images de jeunes Afghans accrochés aux avions en plein vol, fuyant le retour des talibans ont remis en mémoire la chute de Saïgon qui devait mettre fin à la guerre du Vietnam, un souvenir douloureux pour la fierté américaine.

 

Depuis, le président a perdu son aura de commandant en chef, ce que ses adversaires républicains n’ont pas manqué d’exploiter. Ils se sont mis à brocarder l’image d’un chef d’État « vieillissant » qui n’a guère le punch et le langage brutal et « viril » de son bouillant prédécesseur.

 

« Sleepy Joe » comme ils se plaisent à l’appeler ne serait pas prêt pour diriger une Amérique en dangereuse mutation. Or le problème n’est pas tant Biden lui-même ou la prétendue incompétence de sa vice-présidente Kamala Harris, sinon les bouleversements à l’échelle de l’Amérique et de la planète.

 

Les États-Unis et l’Europe sont traversés par une lame de fond identitaire de droite comme de gauche qui remet en question certains paradigmes sociaux. Il ne faut pas oublier que 72 millions d’Américains avaient voté Donald Trump lors des dernières élections. L’ancien président parmi les hommes les plus honnis de la planète est loin d’être un électron libre. Ses « racines sont profondes et nombreuses » et rien ne présage en dépit de ses multiples ennuis judiciaires de sa fin de carrière politique. La vague réactionnaire semble mugir plus fort à mesure que progresse l’idéologie de la contre-culture, le « wokisme ». Un mouvement d’origine afro-américaine qui désigne le fait de rester vigilant face aux injustices sociales, et porté par des courants universitaires aux États-Unis et maintenant en Europe. Toutes ces mutations augmentent les doutes sur les modèles économiques et sociaux en  place et réclament de réinventer la gouvernance d’un monde au bord de l’implosion. Et ce n’est pas peu dire quand on regarde les tensions à la frontière ukrainienne ainsi que les menaces en Mer de Chine, important réservoir d’hydrocarbures et sur laquelle passe environ 40 % du transport maritime mondial.

 

Joe Biden est embarqué dans une difficile partie d’échecs avec un Vladimir Poutine décidé à redessiner la carte de l’Europe et écarté ainsi cette sensation de la Russie, forteresse assiégée, entourée des forces de l’OTAN.

 

Le chef de l’État russe pousse pour un nouveau « Yalta », un nouveau découpage stratégique des frontières européennes. Mais à quel prix ? En tout cas, une situation qui met à rude épreuve une administration américaine prise en tenailles entre les tensions autour de Taïwan et le « péril » russe.

Roody Edmé

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