De l’intelligence économique pour survivre après la crise

D’ici la fin de cette crise multiforme (politique, sanitaire, social, économique), elles sont nombreuses les institutions (petites, moyennes et grandes entreprises, voire des grandes multinationales) évoluant dans de nombreux secteurs en Haïti, qui vont devoir fermer définitivement leurs portes. L’absence ou la réduction considérable des recettes pour faire fonctionner ces boites, la dépréciation démesurée de la gourde face au dollar, le paiement des loyers en dollars dans beaucoup de cas, sont parmi les causes qui vont justifier la faillite ou le manque d’intérêt de ces opérateurs.

 

De nombreuses autres entreprises et des entrepreneurs, sans citer les noms, vont certainement se réjouir de cette belle saison prolongée ou renouvelée du Coronavirus qui leur aura permis de faire croitre leurs bénéfices et d’autres actifs dans de nombreux domaines d’activités. Des résultats qui devraient se confirmer en grande partie, grâce au positionnement stratégique de ces institutions dans leurs secteurs, à d’autres facteurs internes et externes, en dehors des nombreuses mesures prises par les autorités monétaires et fiscales pour accompagner ces dernières.

 

Devant un tel constat, qui sera pratiquement défavorable au plus grand nombre des opérateurs, suivant les prévisions de certaines spécialistes, les prochaines mesures de redressement et de recapitalisation devront avant tout se mesurer à l’aune des statistiques, des données tangibles et des informations stratégiques qui seront disponibles dans chaque secteur et au sein de nos entreprises en général.  

 

De l’intelligence économique pour protéger les entreprises évoluant dans le pays,  dans ce contexte de crise mondiale, à la fois sanitaire, économique, sociale et politique. En encourageant une plus large diffusion des principaux concepts relatifs à l’intelligence économique, tout en alimentant des débats structurés sur un sujet aussi important comme : l’intelligence économique (IE), les dirigeants politiques, les patrons et les cadres intermédiaires devraient pouvoir mieux se concerter, pour protéger ce qui restera en termes de productions nationales, d’emplois stables et de marchés économiques. 

 

Démocratisons pendant qu’il est temps, les notions comme : le management des connaissances,  la veille, l’influence, la protection de l’information, entre autres, dans les nouveaux modèles d’éducation pour nos écoliers et dans la formation universitaires.

 

Devant la situation qui se dessine actuellement en Haïti à la fin de ce deuxième trimestre, tout laisse croire que 2022 sera une année extrêmement difficile et fragile à tous les niveaux.

 

Des données statistiques couvrant les trente dernières années permettront facilement de confirmer ses prévisions ou pronostics, avec ou sans la fin de l’épidémie de Covid-19, avec ou sans les dirigeants actuels, en dépit de la bonne volonté manifestée par certains des acteurs les plus influents.

 

De l’intelligence pour les entreprises, autant pour les entrepreneurs et les professionnels qui devront continuer à investir, et surtout protéger ce qui rester de leur patrimoine après cette crise multidimensionnelle, qui dépasse largement les frontières nationales.

 

Depuis l’arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump, la guerre économique est devenue une réalité lisible à travers les mesures prises pour contrecarrer l’expansionnisme économique de la Chine. De tels propos illustrent la dernière édition du « Manuel d’intelligence économique », écrit par l’expert Christian Harbulot, qui souligne que : « Dans cette mondialisation des échanges toujours plus conflictuelle, les affrontements économiques se diversifient et affectent de nouveaux domaines d’activité comme l’économie numérique». 

 

Dans ce même ouvrage, l’auteur a pris le soin d’attirer l’attention sur le fait que : « L’intelligence économique doit permettre aux entreprises de disposer d’un management de l’information à la hauteur des nouveaux défis que sont l’extraterritorialité du droit, les attaques informationnelles et les nouvelles pratiques de l’espionnage économique. L’intelligence juridique, la cyber-sécurité, la contre-intelligence sont désormais des champs opérationnels qui s’ajoutent aux domaines d’activités couvertes par l’intelligence économique».

 

En scrutant de l’autre côté de la frontière, en République dominicaine, Haïti doit  se rappeler que les impacts du coronavirus sur les industries touristiques dominicaines et d’autres secteurs stratégiques en particulier vont rendre les élites politiques et les entreprises dominicaines encore plus agressives en raison des passifs que 2020 et 2021 leur laisseront dans la note de la crise.

 

Dans l’impossibilité de redresser véritablement la barque de l’autosuffisance alimentaire et de la dignité nationale, Haïti devrait par tous les moyens, miser sur l’IE, pour capitaliser les impacts de la crise qui feront pratiquement beaucoup plus de torts chez le voisin (Plis ou pi wo, plis ou pran pi gwo so !), pour tenter de réinventer son leadership (même persuasif), afin de rattraper et de dépasser dans certains points (significatifs ou symboliques)  son plus important concurrent. Grâce à la combinaison de l’intelligence et de l’économie, à partir des instruments, des outils et stratégies d’intelligence économique !

 

Dominique Domerçant

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