Étudier les génocides, pour prévenir les massacres en Haïti!

Dans le guide pédagogique « Étudier les génocides », qui porte les noms des deux femmes : Sivane Hirsch et Sabrina Moisan, le document interpelle les lecteurs en ces termes: « Retenez les noms des génocides pour qu’en votre temps vous n’ayez pas les vôtres ». Il est venu le temps pour les éducateurs haïtiens de s’impliquer davantage dans la prévention et la recherche de solution contre les violences collectives, telles les tueries massives, systématiques en Haïti.

De tels propos font suite à la publication du guide qui regroupe neuf cas de génocides reconnus par les Nations unies (ONU) ou par le gouvernement canadien, tels :  Genocide des Premiers Peuples au Canada ; Genocide des Herero et des Nama en Mamibie ; génocide des Arméniens sous l’Empire ottoman ; Holodomor, genocide des Ukrainiens en URSS ; Holocauste ; Genocide des ROms et Sinti dans le IIIe Reich allemand (1933-1945) ; génocide des Chams, des Vietnamiens et des Khmers au Cambodge ; Genocide des Tutsi au Rwanda, et la Genocide des Musulmans en Bosnie.

Des considérations importantes sont à prendre en compte dans cette démarche visant à étudier les génocides. Le document précise: « Enseigner les génocides n’est pas une tâche facile. Trop souvent, certaines craintes empêchent les enseignantes et enseignants d’aborder de front ce thème sensible, comme la peur des réactions des élèves envers les crimes dont ils feront l'étude et le racisme et la haine qui s’y expriment. »

Des argumentaires à prendre en compte: « Pourtant, enseigner les génocides est extrêmement important pour former des citoyennes et des citoyens outillés pour bâtir un meilleur vivre ensemble, tant à l'échelle locale que mondiale. Pour prévenir d’autres génocides, il ne suffit toutefois pas de ‘retenir les noms des génocides’, mais bien de comprendre ce phénomène complexe.

Difficile de ne pas prendre en compte une telle démarche à la fois éducative, académique et scientifique, qui propose certainement des outils et d'une approche comparative, sociohistorique et éthique de ces tragédies, dans le cas des quelques génocides qui tachent la terre d’Haïti, avec le sang des milliers de familles et des innocents, au lendemain de 1492, en passant par les différents massacres recensés dans l’histoire contemporaine d'Haïti.

Durant la colonisation européenne de l'île, en passant par les périodes d’occupation et les crises politiques en cascade, elles sont des dizaines, des centaines et des milliers de vies emportées par la violence démesurée, jusqu'à causer des torts irréparables. “La grille du processus génocidaire présente les différentes étapes d’un génocide: catégoriser, déshumaniser, polariser, organiser, persécuter et mettre à mort, nier, justice.”

Dans chacune de ces étapes sont mis de l’avant les manifestations (actions des génocides), les effets sur les victimes et la prévention par les individus et les États. “Cela permet de créer une réflexion plus approfondie chez les élèves sur le sujet des génocides et des signes qui permettent de les reconnaitre”, conclut le texte  abordant la grille du processus génocidaire.

De la responsabilité des individus autant que de l’État, pour inscrire dans le calendrier scolaire, une journée nationale consacrée aux études, à la sensibilisation, aux conséquences et aux valeurs pouvant contribuer à la réduction des massacres et des génocides en Haïti. Plus que jamais, l'université haïtienne a besoin d’encourager des recherches, de la production et de la diffusion des savoirs autour des violences sociales, des crimes collectifs, des massacres et du génocide en Haïti.  

 

Dominique Domerçant

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