L'année 2023 s'achève au milieu de grandes souffrances. L'économie s'est encore contractée. La récession entre dans sa cinquième année et l'inflation a encore de beaux jours devant elle. Le panier de la ménagère se vide chaque jour. Non seulement à cause des prix de plus en plus prohibitifs, mais encore parce que les produits sont difficiles d’accès. Les postes de « péage » installés par des groupes armés sur nos principales routes nationales réduisent considérablement l'accès aux vivres et aux denrées dans nos marchés. La « taxation » criminelle exigée par ces truands a des répercussions désastreuses sur l'inflation. Il n'y a aucune chance que cette situation s'améliore si le degré d'insécurité continue à croître à ce rythme exponentiel.
Déjà fortement réduites, les forces de l'ordre sont sur la défensive et les bandits qui répandent la terreur gagnent du terrain. Sûrs d’eux, ils vont jusqu’à exposer sur les réseaux sociaux leur butin mal acquis.
Les politiques sont en panne d'imagination créatrice. Ainsi les lendemains meilleurs ne peuvent que déchanter. La solution haïtienne à la crise tant réclamée par les protagonistes s'éloigne de plus en plus de nos rives. Le combat entre pouvoir et opposition se déroule sans concession de part et d’autre et dans l'indifférence d'un environnement qui devient de plus en plus sceptique. Une situation mortifère. Pourtant, le pays aurait besoin d’un dépassement des différentes forces qui se disputent le pouvoir.
Le danger dans cette conjoncture ensanglantée est que tout le monde semble s’y accommoder. Découragement ? Impuissance ? Ou les deux ? En tout cas, 2024 reste malgré tout l'année de tous les possibles. Cela dépend de l'ensemble des Haïtiens d'ici et d'ailleurs. De leur capacité à s’entendre pour faire face à l’horreur au quotidien.
Roody Edmé
