Un début d’année en ébullition

L’année a débuté sur des chapeaux de roue. L’une des vedettes du moment est l’ex commissaire Guy Philippe. À peine revenu de son incarcération aux États-Unis pour, selon la justice américaine, trafic de drogue, le bouillant officier a enfourché son cheval de bataille contre l’insécurité. Lors d’une interview à bâtons rompus, il a déclaré que l’insécurité créée par les gangs armés pourrait être résolue en 90 jours ; mais sans indiquer comment il s’y prendrait.

Le militaire activiste ne pouvait trouver meilleur dossier – la criminalité - pour se relancer auprès d’une certaine opinion publique. C’est connu que dans les périodes de grande peur et d’insoutenable angoisse, un homme fort, un « kanson fè », peut creuser un sillon. Dans un environnement politique assez « peuplé » de prétendants, mais au vide discursif effarant, n’importe quel outsider qui s’agite et qui tient un discours tant soit peu « subversif », qui garantit être en mesure de résoudre tous les problèmes du pays « envers et contre tous », peut se faire une place de choix. La nature ayant horreur du vide, c’est donc dans ce désert politique que le nouveau cavalier entend galoper. Sans vraiment ménager sa monture, assuré de l’impact de son discours anti-système.

Une autre vedette de l’actualité en ce début d’année : le juge Al Duniel Dimanche. Ce fonctionnaire de la justice aura marqué les esprits en convoquant une pléiade d’anciens grands commis de l’État. Dans un pays où l’impunité est reine, cette décision a eu l’effet d’une bombe. Certains doutes existent quand même sur l’ampleur de l’opération et la « précipitation » dans cette décision de justice. Car, il s’agit bien de mandats d’arrestation mélangeant un peu tout le monde, pourvu qu’on ait occupé une haute fonction. Ce n’est certes pas à nous de critiquer une décision d’un juge que certains jugent aussi « spectaculaire que fantaisiste ». On attend la suite de cette tempête juridico-administrative et judiciaire, tout en espérant que tout se fasse dans le respect des lois et ne débouche pas sur une chasse aux sorcières.

Quoiqu’il en soit, ces grandes manœuvres politico-judiciaires n’ont rien changé dans le quotidien harassant du citoyen lambda. Le pays attend encore des gestes patriotiques d’un côté comme de l’autre du Landerneau politique. Les gens sont à bout de course et nos leaders semblent ignorer qu’un peuple qui souffre le martyre comme le nôtre est une bouilloire qui siffle...

 

Roody Edmé

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