Une décennie perdue !

Au lendemain de la catastrophe du 12 janvier 2010, mon éditorial avait pour titre « Port-au-Prince, année zéro ». À l’époque, je me disais que nous devrions tirer leçon de ce désastre sans précédent pour construire mieux à l’avenir. C’était la seule manière d’éviter la répétition d’une telle tragédie.

Une décennie et quatre ans plus tard, le rêve d’habiter dans un espace haïtien vivable a fait place au cauchemar. Dans la grande presse ici et ailleurs et sur les réseaux sociaux, on se demande interloqué où sont passés les milliards de dollars de la reconstruction. D’élections contestées à d’interminables « peyi lock », nous avons brûlé la mémoire des victimes et ruiné le présent des actuels habitants d’un espace précarisé. Nous avons poussé l’absurdité criminelle jusqu’à l’assassinat d’un chef d’État dans sa résidence privée. Et la partie de poker menteur se poursuit jusqu’à revendiquer une « souveraineté » de façade, tout en faisant tout pour renforcer la dépendance.

14 ans après le 12 janvier, la mairie de la seconde ville du pays vient de rappeler à ses administrés la nécessité de bonnes pratiques dans la construction des maisons et autres bâtiments. Une exhortation dont on sait qu’elle n’a malheureusement pas souvent valeur d’obligation. Au pays des passe-droits, la loi n’est jamais une pour tous.

À Port-au-Prince, le centre-ville se languit encore dans ses ruines douloureuses. La ville porte toujours sur ses murs les stigmates de la violence des éléments. Mais aussi désormais résonnent les échos de la violence des hommes.

Quatorze ans plus tard, le « malheur » se porte à merveille. Est-ce donc ainsi que les hommes vivent ?

 

Roody Edmé

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