On attend le printemps !

Du célèbre chanteur français Gilbert Bécaud, on rumine cette phrase inscrite dans la mémoire collective de plusieurs générations, qui décrit autant le silence dans les esprits que l’ambiance qui entoure la vie des millions de personnes dans le monde, et en particulier des Haïtiens qui continuent de croire et d’espérer des jours moins sombres. À l’ombre des violences et des souffrances.  « Content ou pas content, on attend, on attend !”.

Dans tous les camps pratiquement en Haïti, chaque partie attend à sa manière le support qui viendra de loin. D’autres entendent extraire ce soutien dans leur seins, ou en misant encore de la bonté des Lwa et des saints, ou des hors la loi, malgré tant de tache de sang sur les mains. Contents ou pas contents, ils attendent avec un GPS en main, ce guide pour montrer le chemin, comme pour réparer le destin ! Comme un compte à rebours !  

Demain sera peut-être trop tard. Nous persistons à le rappeler à qui veut l’entendre, si les Haïtiens n’apprennent pas les leçons du temps, et le sens du mot pardon dans l’histoire nationale. Content ou pas content, l’Haïtien semble finalement se lasser après toutes ses années à attendre l’arrivée d’un secours, d’un sauveur, d’un sauveteur, d’un sapeur, d’un serveur, d’un savant médiateur blanc.

Des populations et autorités de l’Ukraine, et surtout d’Israël n’ont pas attendu tout ce temps, pour voir venir à l’horizon, et à profusion, les secours de toutes sortes, et les soutiens que l’on compte à coup de millions et de milliards. Ce sont pratiquement ces mêmes pays amis et des institutions internationales solidaires, pour certains, qui assistent pourtant Haïti de façon solitaire et suicidaire. 

Des années après le départ de Bécaud, l’on se souvient encore de sa grave voix par cette phrase qui persiste à décrire le sombre tableau des Haïtiens évoluant en terre natale, comme en terre étrangère, ou en transition entre les deux. Les yeux grands ouverts. Entre une souffrance profonde et un silence complice, des milliers d’hommes et de femmes de ce pays continuent d’attendre instinctivement, émotionnellement, désespérément  et éternellement le retour du soleil ou de la lune, pour se retirer de la scène, se renouveler parmi d’autres acteurs, se réinventer à défaut de se reposer. Content ou pas content ! 

De sept à cent sept ans, les masses attendent tous le printemps, ce printemps qui ne viendra jamais seul, sans la mutation des saisons, et la migration des feuilles et des astres.  On attend le printemps ! Dommage que l’on n’apprenne pas aux Haïtiens à développer la maîtrise de  cette forme d’intelligence du temps indispensable pour traverser les saisons. Il est temps de comprendre la géographie de l’histoire de ce peuple, qui doit passer par l’apprentissage des principaux  faits politiques et culturels  enfouis dans notre mémoire collective contemporaine et ancestrale.

Des enfants attendent en toute urgence,  que leurs parents, en position de dirigeants, d’opposants ou de complaisants, commencent par se mettre autour d’une table pour négocier autrement leur avenir. Contents ou pas contents de vivre à l’intérieur ou en dehors du pays, les sacrifices, les efforts, les investissements et les héritages, bien ou mal acquis ne serviront pratiquement pas à grand chose.  

Des mois et des années après, pour une bonne partie de la population encore consciente, cette saison de violence urbaine et de terrorisme suicidaire a trop duré sous le beau ciel bleu de la terre d’Haïti. Qu’on soit noir ou blanc, ou même grisail, content  ou pas content, on retiendra que  de nombreuses villes du pays attendent ce printemps de la circulation des vies et des biens, sans la peur au ventre et ni la crainte dans l’esprit. Content ou pas content, on n’atteindra pas l’autre bout du rivage sans composer avec l’autre. Le temps des compromis s’impose ! 

 

La Rédaction

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