Ras-le-bol

Les jours passent et se ressemblent. Chaque semaine apporte son lot de souffrances. Le ras-le-bol est partout. La coupe de sang est pleine jusqu’à la renverse. La violence semble avoir encore de beaux jours devant elle. L’heure des compromis étant, semble-t-il, épuisée.

La balkanisation est aussi physique que mentale. Alors que les fusils d’assaut, les armes de poing et les machettes ont envahi l’espace haïtien, on observe en même temps une sorte de désarmement moral. On entend des intellectuels débattre le plus sérieusement du monde des lignes de faille d’une « révolution » annoncée.

Malheureusement, il existe tellement de guerres civiles non révolutionnaires dévoreuses de vies et stériles sur le plan humain. Comme disait la philosophe germano-américaine Hannah Arendt « l’idée centrale d’une révolution est la fondation de la liberté, la fondation d’un corps politique qui puisse garantir l’espace où la liberté peut apparaître ».

Un gouvernement qui parle à son ombre, une opposition qui fait de la surenchère pour combler sa fascination du vide. En 1873, Engels écrivait que « la révolution c’est l’acte par lequel une partie de la population impose à l’autre sa volonté à coups de fusils, de baïonnettes et de canons ». Le contexte haïtien et international et l’impréparation des acteurs semblent nous éloigner de ce que serait idéalement la révolution, à savoir une « éthique du grand refus ».

En attendant, le dialogue de sourds se poursuit sur fond d’une violence qui, au fil du temps, devient de plus en plus absurde.

 

La Rédaction

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