Le Conseil présidentiel est encore en gestation. Il fallait s’y attendre, car faire bouger une telle machine avec neuf membres aux commandes n’est pas chose aisée. Dans un pays où la lutte pour le pouvoir est connue pour son âpreté, un tel « attelage » est un pari risqué.
Cependant cette situation chaotique que nous vivons est la conséquence de graves lacunes de notre culture politique. Nos attitudes intolérantes, notre méfiance proverbiale et notre propension à passer notre temps en de vaines discussions ont mis du plomb dans l’aile de la solution haïtienne. Une solution dont le cynisme des uns et le jusqu’au-boutisme des autres ont fini par rendre irréalisable. Ce qui a finalement conduit à cette épouvantable anarchie que nous vivons et à ce que la « solution haïtienne » finisse dans les bras protecteurs de la CARICOM.
Toute chose qui ne manque pas d’apporter de l’eau au moulin des partisans de la solution dite alternative et « constitutionnelle » de la Cour de cassation. Les observateurs s’étonnent de ce virage légaliste auquel on a recours au gré des circonstances. Nous avons aussi cette manie de croire que nous avons tout le temps du monde et que chacun peut venir avec une solution, comme bon lui semble. Cette tour de Babel permanente fait le lit des machinateurs de nos troubles. Entre-temps, pire que jamais, la terreur s’empare de nos rues tel un sanglant feu de brousse, dévorant tout sur son passage.
Étant donné qu’il y a « célérité dans l’urgence », il serait donc plus sage de poursuivre avec le CPT. Ce sera pénible par moments, laborieux certaines fois, mais le train du Conseil a déjà quitté la gare. Ce serait suicidaire de l’arrêter pour une énième alternative qui, elle aussi, sera contestée. Il faut savoir trancher vite et faire taire nos égos, surtout lorsque des millions de gens sont concernés par notre décision.
En attendant, le Conseil vient d’annoncer dans son dernier communiqué la signature d’un large accord politique entre des secteurs de la vie nationale.
Un timide premier pas que les personnes de bonne volonté doivent encourager. Et nous espérons que d’autres initiatives seront prises très vite dans la semaine, car l’urgence nous oblige. Le peuple haïtien attend depuis trop longtemps la lumière au bout du tunnel.
Roody Edmé
