Immobilisme mortel !

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Les cas  de kidnappings ont atteint, vendredi dernier, un degré rappelant le weekend noir du 7 février.Et face à cette montée vertigineuse des cas d’enlèvement, il ne passe rien de saillant sur le plan de la protection des citoyens. La population est livrée à elle-même. Sur les réseaux sociaux où circulent des nouvelles alarmantes, le kidnapping est devenu  un vrai phénomène de société et une plaie dont la béance ne fait que s’ouvrir.

 

Cette situation porte un grand coup au moral des Haïtiens. L’impuissance de la police à   juguler le mal risque de déboucher sur des actions généralisées d’auto-défense  comme à Carrefour ou Girardo. Un surarmement au sein de la population est donc à craindre. Sans parler du retour des brigades de vigilance et les risques de dommages collatéraux qu’elles induisent immanquablement.

 

Entre-temps, des groupes armés continuent d’exhiber leur artillerie et de faire la fête narguant ainsi les services de police.Le règne de l’argent facile s’installe brutalement dans notre communauté, tandis que les affaires criminelles deviennent les seules activités lucratives. Les honnêtes commerçants qui osent encore tenir boutique le font la mort dans l’âme,  profitant des rares moments de sursis que les chefs de bandes veulent bien accorder.

 

 Bien avant l’Ukraine, la situation haïtienne n’était pas une priorité pour la Communauté internationale. Et ceci en dépit des rencontres au cours desquelles, la montagne a toujours accouché  d’une souris.

 

 En dehors de visites régulières de diplomates américains qui semblent témoigner d’un certain intérêt pour la question haïtienne, on entend parler, du moins pour le moment, que de quelques dons d’uniformes ou de pièces de rechange pour des vedettes des garde-côtes tombées en désuétude.

 

On ne sait si l’ouverture annoncée d’un bureau  permanent d’enquêtes sur la sécurité intérieure àl’Ambassade des États-Unis  à Port-au-Prince aura un impact sur les « crimes liés aux gangs et la sécurité publique ».Quoiqu’il en soit,le défi sécuritaire demeure immense et plus le temps passe, plus il sera difficile de le mettre sous contrôle.

Sur le plan politique, le Premier ministre Ariel Henry ne se tient plus en place. Incapable de trouver des solutions à l’interne, il cherche ailleurs de l’oxygène. Le sang-froid et l’esprit non polémique  qui lui donnaient un certain avantage sur les récents locataires du Palais s’apparentent aujourd’hui à une attitude hors sol.Il doit lever le pied, car son échec sera celui de la coalition qui l’encadre au pouvoir.

 

Quant au groupe de Montana, en dépit de ses courageux efforts pour monter une alternative, il semble se fourvoyer sur les sentiers déjà battus par une certaine opposition traditionnelle,  en s’enfonçant  dans l’étroit tunnel de la lutte pour le pouvoir.

 

Et dire que si nos leaders tous secteurs confondusavaient compris les enjeux historiques de l’heure, on aurait pu trouver une issue au drame que nous vivons actuellement. Sans compter qu’avec la guerre en Europe et les pénuries qui ne manqueront pas de suivre à l’échelle planétaire, la bombe sociale, déjà amorcée chez nous,n’attend que l’odeur de l’essence pour s’enflammer.

Roody Edme

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