Quel agenda ?

0
1031

La teneur des débats partisans autour des crises, qui ont rythmé la vie des Haïtiens ces dernières années, témoigne à quel point l’honnêteté se fait rare. La nation a été réduite à sa plus simple expression, tant nos élites se sont entêtées à promouvoir de petits agendas claniques. Pourtant, tout le monde se bat à revendiquer un quelconque mérite. Tout semble encore se jouer entre les corrompus, les tueurs et les pyromanes qui se rejettent mutuellement la faute. Entre-temps, le peuple se meurt ; l’espoir d’un renouveau pâlit.

 

En effet, les trois dernières décennies ont été marquées par une consistance infaillible dans le chaos institutionnel et l’anéantissement des valeurs civiques. Il paraît que c’est l’unique projet de société sur lequel la classe politique et ses alliés se sont accordés. Les assassinats politiques, l’impunité des années 2000 et les crimes financiers commis plus récemment ont contribué, dans des proportions égales, à une dégradation progressive de l’ordre public. Par conséquent, aucun des protagonistes concernés ne devrait oser s’ériger en donneur de leçon ou « homme du moment ».

 

Cela ne vaut pas la peine de dénoncer le massacre de La Saline si on exprime du mépris face aux victimes de La Scierie. De même,  les dilapidations de fonds à la Téléco et à l’ONA ne doivent être passées sous silence au profit du dossier Petrocaribe. Peu importe les groupes responsables, ces crimes si odieux doivent être suivis de verdicts politiques et judiciaires. C’est ainsi qu’on arrivera à restaurer la morale publique et des principes absolus de justice.

 

A un moment où de brillants intellectuels sont chassés du pays, d’autres se montrent apparemment convaincus que le changement est encore possible. Un pays qui n’a vu aucun chantier (institutionnel ou autre), depuis plus de trente ans, demande plus que de simples bonnes intentions. On n’y arrivera pas en se flattant les égos à longueur de journée. Assez de trophées et de plaques d’honneur !

 

Les coups de gueule d’ici et là s’ajoutent aux plaidoyers plus anciens pour tenter d’atteindre des consciences égarées. Mais c’est tellement naïf de croire pouvoir faire du neuf avec du vieux. Une question reste entière : qui sera en mesure de proposer un agenda à la fois réaliste, ambitieux et exhaustif à la nation ?

 

Haïti a besoin que ses fils se mettent au travail pour produire une offre politique qui fait  défaut depuis déjà très longtemps. Cette offre doit aller plus loin que les envolées oratoires de jeunes leaders en quête de visibilité. Prenons garde aux imposteurs !  Les sermons sur le civisme religieux et les croisades anti-corruption n’auront pas suffi.  Un agenda programmatique de développement requiert de vraies compétences, du courage politique et une vision claire. 

 

Au travail !

 

KendiZidor

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES