La France a rejeté encore une fois l’extrême droite !

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Le président Emmanuel Macron a bénéficié dimanche dernier du vote favorable des Français   pour un second mandat de cinq ans. Ce n’était pas acquis, car beaucoup ont eu peur du grand virage sur un parcours politique semé d’embuches et un quinquennat particulièrement accidenté. Déjà, la campagne électorale avait pris une tournure assez singulière cette année. La candidature du nouveau champion de l’extrême droite, en la personne du journaliste  Eric Zemmour, avait teinté les joutes électorales de la « couleur brune » des nationalistes radicaux. Les tenants de l’idéologie  du grand remplacement   qui voient dans l’immigration une menace pour la culture et l’économie françaises sont vent debout contre la « tradition » de la France, terre d’accueil.

 

Le parti  « Reconquête » fondé par  Zemmour, se veut un outil politique populiste et nationaliste alliant les classes qui vivent dans la précarité aux bourgeois nationalistes dans un rassemblement pour « nettoyer » la France de ceux qui ne sont pas les bienvenus sur son sol. La majorité des Français se sont détournés tout de même des poncifs  du brillant polémiste pour se retrouver au second tour des présidentielles avec Marine Le Pen et Emmanuel Macron.

 

Il faut rappeler que ces dernières années, la candidate du Rassemblement national (ex-Front national) a tout fait pour se distancer de l’image peu reluisante de « Calamity Jane » qui lui collait à la peau, une sorte de « Jeanne D’Arc »  au patriotisme détourné. Elle tient désormais un discours plus amène sur l’immigration et ne veut plus confondre l’idéologie islamiste avec la religion musulmane. On peut dire qu’elle a réussi pas mal à  convaincre beaucoup de Français  sur des questions liées au  pouvoir d’achat, l’immigration et l’emploi. Les stratèges du RN ont su mobiliser une partie de la jeunesse et la France profonde en exploitant le mal-être profond issu de la crise des Gilets jaunes, et les mesures drastiques prises par le gouvernement Macron dans sa lutte asymétrique contre la pandémie. L’application rigoureuse du passe sanitaire et les mesures  de fermeture des salles de concert et des restaurants ont été vécues à tort ou à raison comme une forme de « dictature sanitaire ».

 

Il faut avouer qu’en période de grande peur, les théories du complot fleurissent de manière sauvage et font le lit de tous les extrêmes.

Le face-à-face Le Pen-Macron au second tour et qui a vu la victoire de ce dernier pour un second mandat  consacre par-dessus tout la déroute des principaux partis politiques qui ne sont plus audibles pour le peuple de France. Un grand désert idéologique s’est installé dans l’Hexagone et qui réclame une refondation des secteurs politiques de la grande tradition de gauche comme de droite.

 

Les grands ténors de la droite comme de la gauche traînaient comme des âmes en peine sur les plateaux de télévision. Emmanuel Macron  a bénéficié de « l’effet drapeau » en raison de la guerre en Ukraine, mais aussi du vote de barrage contre Marine Le Pen, il a déclaré dans son discours le soir de la victoire, prendre conscience de l’ampleur de ses responsabilités et de ses nouvelles obligations dans un pays profondément insatisfait.

 

Les législatives dans deux mois s’annoncent complexes pour le nouvel élu. Certains de ses adversaires et pas des moindres, à l’instar du tribun Jean Luc Mélenchon,   considèrent le renouvellement des chambres comme la mère de toutes les batailles. Une sorte de troisième tour de scrutin. Mélenchon, fondateur du parti populaire « La France insoumise », arrivé en troisième position lors du premier tour, embouche les trompettes de la révolte par les urnes en juin prochain. Il demande aux Français de l’élire Premier ministre en votant massivement pour un bloc populaire réunissant les différents courants de gauche et écologiste.

Le système politique français est désormais entré dans une logique de trois grands « blocs » : celui de la République en marche  et de quelques satellites attirés par la galaxie Macron,  et les deux autres de droite dure  et de gauche universaliste et « populiste » avec respectivement  Marine Le Pen et Jean Luc Mélenchon. Ce ne sont pas les prochaines législatives qui inverseront la tendance.

 

Roody Edme

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