Haïti porte douloureusement le chaos !

Lematin du septième jour du septième mois de 2021,la République d’Haïti s’est réveillée avec l’assassinat du premier des citoyens sur le bras. Un crime de plus et de trop qui impose une géopolitique de la haute criminalité internationale, et expose la population dans un cycle infernal, alimentée par la géographie de la violence urbaine en progression.

Déjà neuf mois, et ce sont les quartiers de La Plaine qui semblent confirmer l’encerclement de la capitale. Ce qui prouve que le pays est en pleine ceinture, et l’accouchement n’est pas loin, dans la chute en cours de cette paisible communauté partageant les mangues et les mystiques réseaux de temples Vodou.  

De plus en plus, l'étau se resserre dans l'intérêt de ceux qui importent des armes et alimentent les groupes armés en munitions, au grand  dam des familles paisibles et des institutions publiques et privées qui continuent de compter des dommages irréparables et des victimes irrécupérables.

Des groupes armés, dirigés par des chefs sans prénom et nom, dont plus d’un s’amusent à citer leurs  pseudos des plus chimériques aux plus délirantes, font la loi. Ils sont plus que déterminés à imposer leurs marques de violences sur tous les tons et sur tous les fronts, tout en s’affrontant régulièrement dans une course pour obtenir le plus de territoire.

Depuis neuf mois, le pays fonctionne sans président. Les discours officiels tardent à porter des fruits tant espérés par la population. Haïti est pratiquement enceinte d’une violence dont on ne sait le véritable nom du père !

Des entrailles de tant de mères, qui portent des ceintures en cuir, cordes ou tissus, cherchent en vain un soutien pour calmer les douleurs atroces d’un accouchement à rebours. Ces parents portent un deuil perpétuel.  

Dans beaucoup de cas,  il y a en ceux qui assistent à l’assassinat de leurs enfants, d’autres viennent sans secours, recueillir les cadavres de leurs enfants dans les rues, quand ces fils et ces filles ne sont pas enlevés, violés, torturés, brulés et/ou portés disparus comme le cas de Vladjimi Legagneur.

Déjà neuf mois, de résistance populaire, de gouvernance sécuritaire défaillante, de confusion politique, d'indifférence ou de manque d'intérêt de l’international trop préoccupé par l’Ukraine. Quel avenir pour ce bébé du chaos que la mère de la liberté porte encore dans ses entrailles ?  

D’un accouchement normal à l’option d’une césarienne, Haïti ne dispose ni de médecins encore moins de sages femmes pour l’assister. Jusqu'à quoi la population va-t-elle résister,  pousser et accoucher cette violence déshumanisante ?

Dans quels centre hospitalier, clinique ou hôpital cette pénitence maternelle prendra fin ? Cette délivrance maternelle viendra-t-elle ?

De quel hougan, des manbo ou des femmes sages originaires des plus anciens Lakou Vodou, établis depuis des générations dans la région de La Plaine du Cul-de-sac,  qui savent en plus utiliser les deux mains, comme certains de nos sages médecins, viendra cette assistance ultime ?  

Dans un mois, ce sera la fête des Mères en Haïti. Combien de mères ne pourront plus regarder en face leurs enfants hors de tout contrôle ? Quelles sont les nouvelles mères qui vont goûter aux larmes amères qui couleront en souvenir de leurs batailles perdues ?

Haïti est pleine ceinture du chaos,  à force de persister dans les relations de « chak koukouy klere pou je w ». Plus d’un est impatient d’assister aux prochains cris de ce nouveau-né qui doit sortir du ventre de l'actualité. Qui marquera éventuellement l'ère du renouveau et de la renaissance, neuf mois après !

Dominique Domerçant   

 

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