Apaisement social va de pair avec une lutte soutenue contre la criminalité !

Le gouvernement du Premier ministre Ariel Henry vient de lancer un grand programme d’apaisement social. Un projet dont le montant global est estimé à environ trois milliards de gourdes. C’est le devoir de tout gouvernement de se pencher sur les souffrances de son peuple, et l’administration Henry, souvent accusée d’immobilisme, va donc tenter à travers cette mesure d’urgence d’agir sur des paramètres comme la vie chère, le chômage endémique et l’oisiveté forcée d’une jeunesse en panne d’avenir. Tout un dispositif est donc mis en place à travers le FAES et plusieurs ministères pour donner un semblant d’allant et de piston à la machine gouvernementale trop longtemps ensablée dans une conjoncture économique et sécuritaire particulièrement boueuse.

Ceux qui portent cette initiative devraient impérativement se prémunir des appétits de certains alliés réels et/ou spontanés du pouvoir qui seront tentés de se positionner pour en prendre la gestion et tirer des bénéfices politiques.

On ne peut s’empêcher de s’interroger sur la manière dont les responsables gouvernementaux s’y prendront pour comment les stratèges gouvernementaux atteindre les plus vulnérables de nos quartiers précaires ? Lorsque le triste constat du moment est le quasi absolu contrôle du territoire par des gangs armés. On peut craindre à juste titre qu’une bonne partie du budget n’aille donner du blé à moudre à des groupes armés déjà enrichis dans l’industrie du kidnapping et de la nouvelle traite.

La réalité est que l’État n’existe que de nom, ses prérogatives régaliennes lui ont été enlevées ou carrément cédées dans le passé par des gestionnaires peu scrupuleux à des « tsars » du crime organisé, dont l’un d’eux a décidé d’ériger une barrière à l’entrée d’une rue donnant accès à tout un bloc de quartiers du bas de Delmas. Les gestionnaires de cette aide humanitaire auront-ils accès à cette barrière gardée par des cerbères à qui il faut montrer patte blanche.

 Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres quartiers de la zone métropolitaine ou policiers et civils circulent difficilement avec un risque chaque jour accru d’enlèvement ou de mort.

Un des leviers principaux de tout véritable apaisement social est le rétablissement progressif d’un niveau acceptable de sécurité. Les bus prévus pour le transport scolaire dont une cinquantaine sera achetée dans le cadre du programme pourront-ils circuler sans crainte dans nos rues hantées de jour comme de nuit par une flibusterie criminelle ? Quid de la gestion « saine » des trois cents restaurants communautaires annoncés dans le projet ? Qui seront les intermédiaires d’un État faible dans ces zones sous l’emprise de la terreur sans borne de jeunes caïds assoiffés de sang et de gains illicites ?

Autant de questions que chacun ne peut s’empêcher de se poser devant l’effondrement de nos institutions et en particulier les difficultés de la police à enrayer le fléau de la criminalité généralisée à laquelle la population est confrontée depuis trois décennies et qui a atteint, ces dernières années, un niveau inégalé.

 

Roody Edmé

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