Le salaire du péché c’est la rédemption

Ces temps, nous sommes un peu comme des orphelins obligés de survivre en milieu hostile. Personne ne compte ni n’énumère les risques. Nous vivons avec et chaque sortie est considérée comme un pas sûr vers le suicide.  Manifestement, les promesses sont les seuls biens que nous avons. Et, quand ces promesses ne sont pas tenues, comme c’est toujours le cas, c’est la banqueroute totale.

 

Ce qui nous rapproche beaucoup plus en Haïti, c’est cette douloureuse sensation d’abandon qui nous empêche de construire un discours sur notre pays faisant abstraction de l’échec et de sa gestion. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus mettre des noms et des histoires sur les visages de nombreuses personnes enlevées, séquestrées, assassinées et au mieux libérées contre rançon.  Les jours passent. Les gens meurent de violence, d’absence de soin et de dépit. Les stratégies changent aussi autant que les « commandants en chef » à la tête de notre moribonde police. Le nouveau chef de la Police, Frantz Elbé, peu avare en paroles, n’a pas encore communiqué sur ses préférences : point de presse ou conférence de presse. Détournez vos esprits, dégagez, il n’y a rien à comprendre !

 

Il est bruit que depuis deux jours, les forces de police tentent de reprendre le contrôle de l’accès au terminal de Varreux. C’est très bien. Personne ne sait ou ne cherche à savoir si nos valeureux policiers ont la volonté, les moyens et surtout l’autorisation de libérer le carburant séquestré qui manque sévèrement au pays. Le plus inquiétant est que le nouveau directeur de la Police nationale n’a pas dit s’il a bien choisi son combat ou s’il a bien cerné les raisons des échecs de ses prédécesseurs.  Est-il plus ou moins conscient du mauvais passif qu’il a hérité ? Qu’à cela ne tienne, sa position est peut-être le meilleur strapontin vers le chic ultime de nos jours : quitter le pays sans se soucier des moyens nécessaires pour bien vivre à l’étranger avec sa famille.  Que l’Haïtien qui n’en rêve pas jette la première pierre!

 

Le cas de Léon Charles est riche en enseignements.  Nous sommes effectivement loin de l’époque où les responsables au plus haut niveau du pays, particulièrement le président, prenaient plaisir à mettre au placard les personnes tombées en disgrâce dans une mission diplomatique à l’étranger. 

  

 Ce qui relève du paradoxal est que cet ancien chef de la police n’a jamais su expliquer, malgré les nombreuses occasions présentées à lui, comment des tueurs à gages ont pu assassiner un président de la République chez lui sans être gênés par les policiers préposés  à la protection des lieux et de ses occupants. Aussi, ce qui n’est pas rien, a permis, grâce à la faiblesse de son leadership lors de son règne impuissant,  que ses hommes soient assassinés et leurs corps profanés par des bandits. Pire, le nombre de personnes abandonnées aux bandits, maltraitées, kidnappées, violées voire tuées a crû de manière exponentielle. 

 

Il faut l’admettre : les conséquences de l’échec de Léon Charles sont monstrueuses. En le replaçant à  la Mission permanente d’Haïti auprès de l’OEA, en qualité de numéro un de la représentation haïtienne, c’est soit une tentative d’effacement soit une mise sous silence de l’irresponsabilité. C’est peut-être une récompense. Allez savoir !

 

L’ambassadeur a du, ce matin, promener son chien dans un parc de Washington, embrasser ses enfants sur le départ pour l’école, faire le plein de son véhicule avec chauffeur, prendre un café à une terrasse et rêver d’amnésie de tout un peuple.

 

Ils sont rares les coups à la fois brillants et abscons.

 

La Rédaction

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES