« Le social », c’est quoi enfin ?

Depuis les émeutes des 6, 7 et 8 juillet 2018, les autorités affirment avec insistance reconnaitre la nécessité d’investir plus dans « le social » pour apaiser les souffrances des plus démunis. Tout récemment, un chef de gang des plus notoires, à qui une station de radio donnait la parole, a laissé entendre qu’il est surtout connu comme un « homme qui fait du social ». Cette expression servirait donc à masquer de plus en plus des pratiques obscures et à tromper l’opinion publique.

Depuis les émeutes des 6, 7 et 8 juillet 2018, les autorités affirment avec insistance reconnaitre la nécessité d’investir plus dans « le social » pour apaiser les souffrances des plus démunis. Tout récemment, un chef de gang des plus notoires, à qui une station de radio donnait la parole, a laissé entendre qu’il est surtout connu comme un « homme qui fait du social ». Cette expression servirait donc à masquer de plus en plus des pratiques obscures et à tromper l’opinion publique.

Le projet de budget 2018-2019 déposé le 11 décembre dans les deux chambres du Parlement est « à dominante sociale », a dit le ministre de l’Économie et des Finances, Ronald G. Décembre. Les interventions sociales impliqueront, selon lui, les projets à haute intensité de main d’oeuvre, l’achat de nouvelles ambulances, l’octroi de ressources additionnelles à des ministères, etc. Même les ajustements de salaire aux employés de la fonction publique seraient compris dans ce fourre-tout appelé « le social ».

Avec un projet de budget où l’équilibre entre la section d’investissement (62 milliards de gourdes) et la section de fonctionnement (110 milliards) est si faible, les autorités feraient mieux de s’abstenir de promettre monts et merveilles. De nombreuses communautés continueront de vivre sans les services sociaux de base, car les chantiers d’envergure ne pourront être lancés dans les secteurs clés du développement, quand l’enveloppe des investissements est inférieure à 1 milliard de dollars américains. Les défis que constitue l’accès aux soins de santé, à l’éducation et au logement resteront entiers. Ce ne sont pas les miettes laissées aux brasseurs politiques et leurs proches qui changeront la donne. Le virage pour une distribution plus équitable des ressources se fait toujours attendre. Le social veut dire quoi alors ?

Malgré les graves inégalités sociales qui caractérisent la société haïtienne, l’État ne s’est toujours pas doté de vrais programmes de protection sociale qui soient en mesure de résorber les poches de vulnérabilité. En lieu et place d’une solidarité planifiée selon les besoins réels des citoyens identifiés sur la base de leur niveau de précarité, les projets inscrits sous le label générique du social représentent souvent une manne aux mains de politiciens qui préparent leur réélection.

Il n’est probablement pas un hasard si les élections et « le social » sont les priorités du projet de budget. C’est le ménage parfait pour les loups de l’arène politique. Les programmes du genre « cash for work » ou autres profitent rarement aux plus nécessiteux vu que ces derniers, vivant en grande partie dans l’arrière-pays et ne disposant même pas d’acte de naissance, ne figurent dans aucune base de données. L’absence de résultats et de politiques publiques efficaces est si criante que « le social » est l’unique choix qui s’offre aux hommes politiques en panne de bilan.

Kendi Zidor

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