Les feux de la déroute

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Les récents incendies à la capitale ont fait l’actualité. Que ces incendies aient été accidentels ou d’origine criminelle, ils suscitent d’innombrables questions liées à la fois aux folies de notre histoire de peuple et à notre gouvernance toujours réduite à un minimum nécessaire pour crédibiliser la comédie et pour aussi faire de l’argent avec les quelques inévitables missions liées à la direction d’un État.Le feu ici a souvent été une arme politique pour la plupart de ceux voulant arriver au pouvoir et qui considèrent ce pays comme un espace de prébende. Le patrimoine historique et culturel, l’environnement n’ont jamais été des valeurs à protéger à tout prix.

Les récents incendies à la capitale ont fait l’actualité. Que ces incendies aient été accidentels ou d’origine criminelle, ils suscitent d’innombrables questions liées à la fois aux folies de notre histoire de peuple et à notre gouvernance toujours réduite à un minimum nécessaire pour crédibiliser la comédie et pour aussi faire de l’argent avec les quelques inévitables missions liées à la direction d’un État.Le feu ici a souvent été une arme politique pour la plupart de ceux voulant arriver au pouvoir et qui considèrent ce pays comme un espace de prébende. Le patrimoine historique et culturel, l’environnement n’ont jamais été des valeurs à protéger à tout prix. La bataille politique frise toujours la menace de la terre brûlée, cette technique de guerre qui consiste à ne rien laisser sur le terrain qui puisse servir à l’armée ennemie. On ne fait même pas de prisonniers, car les prisonniers deviennent un fardeau. C’est le « koupe tèt boule kay » que nous pensons avoir inventé durant les guerres contre le système colonial tel que conçu par les Français à l’époque. Cette politique de la terre brûlée appliquée par nos politiciens de tous bords a donné le résultat qu’on constate aujourd’hui. Le pays a été non seulement ravagé par le feu des incendies, mais nous sommes surtout dévastés par le feu de l‘ignorance et de la corruption. Qu’on ne s’y trompe pas. Quand on compare notre pays à nos voisins, nous sommes pratiquement un champ de ruines. Et toutes les élucubrations des uns et des autres ne cachent pas le fait que c’est le pillage éhonté de nos ressources par une minorité qui nous a mis dans ce piteux état.Si les derniers incendies sont accidentels, ils éclairent l’inexistence d’une vraie gouvernance. Un feu sur des immondices se serait-il propagé jusqu’à détruire un marché ? C’est une pratique courante chez nous de brûler impunément des détritus en pleine ville malgré la nocivité d’une telle pratique. On ne sait pas qui de Dieu ou du Diable protège certaines habitations quand, malgré le vent, les gens, pour se débarrasser des déchets, y mettent le feu. Désespoir de la population devant l’inefficience des services municipaux ? Pendant ce temps, personne aux timons des affaires de l’État ne s’est soucié de doter nos villes de services de pompiers. Nous avons entendu sur les ondes d’une station de radio de la capitale un expert en la matière faire un tableau des lieux effrayants. Nos bouches d’incendie ne seraient plus que des vestiges pratiquement inutilisables. Si l’eau n’est même pas disponible au quotidien pour une population aux abois comment penser trouver le précieux liquide quand un incendie se déclare ?Dans notre triste comédie, on ne pense pas aux choses essentielles. Un service de pompiers n’a pas pour seule mission de combattre le feu. Dans les accidents de la route, on fait souvent appel aux pompiers. Sur nos routes, pas de police routière. Que couterait un vrai service de pompiers ? Une vraie police routière ?On n’a pas de ressources, dit-on. Mais avec tant d’argent dilapidé pour s’assurer la fidélité des politiciens, tant d’argent gaspillé pour des privilèges et fastes sans aucune utilité pour la nation, que de choses on pourrait changer dans notre pays. Le drame, ce sont ces choix sans aucune utilité pour la nation.Nos politiques doivent avoir à l’esprit que nous avons par l’une des diasporas les plus dynamiques au monde. Elle constitue un riche filon financier et académique que nous avons encore beaucoup de mal à exploiter. Prenons par exemple le tourisme, lors du dernier carnaval ce sont les Haïtiens venus de l’extérieur qui ont rempli nos hôtels tant à la capitale que dans nous villes de province. Sans parler du milliard et plus de transferts annuels représentant à peu près 25% de notre Produit national brut.Il s’agit là de données stratégiques sur lesquels doivent plancher des équipes du ministère des Finances, de la Planification et des Affaires étrangères en vue de dégager des politiques susceptibles de permettre à ce pays de mieux profiter de cette force de travail et de tous ces cerveaux qui attendent même de loin de pouvoir contribuer à l’essor de leur pays d’origine.Avec les progrès de la technologie, une bonne connexion internet peut par exemple, permettre à d’éminents spécialistes haïtiens travaillant à l’étranger de donner des cours tous les soirs dans nos facultés et écoles supérieures.Il s’agit d’un exemple parmi tant d’autres. Tout cela suppose la mise au point d’instruments légaux correspondants et une reconnaissance constitutionnelle des droits de nos compatriotes à l’étranger, comme semble vouloir le faire à la Chambre des députés, la Commission Tardieu sur la réforme constitutionnelle.Il existe des solutions : il suffit de trouver ceux qui, armés de volonté politique, veulent bien les porter et les faire aboutir.Nous ne demandons qu’à croire, qu’à donner raison à notre diaspora. Mais, d’où qu'elles viennent toutes les déceptions se valent.

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