Une priorité nationale !

La question migratoire prend une telle ampleur qu’elle doit devenir chaque jour une priorité absolue pour nos gouvernants. Le dossier dominicain, un temps occulté par la situation de nos Haïtiens au Chili, doit être bien adressé. Pour le seul mois de juillet qui vient tout juste de s'écouler, plus de 18 mille migrants ont été refoulés en provenance majoritairement de la République dominicaine.

 

Depuis l’Antiquité, l’autre- celui qui vient d’ailleurs- est considéré comme un barbare. C’est sur lui que pèsent toutes les suspicions. Le mal ne peut venir que de l’étranger que l’on perçoit comme celui qui vient prendre l’emploi du natif ou envahir son territoire.

 

Ce discours xénophobe a tendance à nier le poids positif des migrants dans les différentes économies d’accueil. Dans un rapport publié au début des années 2000 pour l’Office international de la migration, le professeur Guy Alexandre, aujourd’hui décédé, observait déjà à l’époque la diversité de la main d’œuvre haïtienne en République dominicaine devenue de plus en plus indispensable.

 

Ce rappel pour dire qu’il y a donc une forme d’interdépendance à assumer, puisque la main d’œuvre haïtienne est devenue essentielle à une économie dominicaine en pleine croissance. Et l’exode se poursuivra tant que le pays continuera à ne rien offrir à ses filles et fils. Il est donc de la responsabilité de notre État de mettre en place des politiques publiques capables de retenir au pays nos forces productives. Car, une politique axée uniquement sur l’exportation de la main d’œuvre équivaut à bâtir notre avenir sur des sables mouvants.

 

En prenant massivement la direction de la frontière, les paysans haïtiens ne font que suivre un itinéraire tracé depuis deux siècles par un ordre économique supra national. Un système inique qui a toujours voulu faire d’Haïti une réserve de main d’œuvre taillable et corvéable à merci pour les propriétaires de fincas de Cuba et de la République dominicaine.

 

Nous ne pouvons plus continuer à gérer le dossier migratoire au hasard de réunions non suivies d’effets de Commissions mixtes ; ni sur la base de rencontres ponctuelles entre élus des deux pays. Si ces sommets ont toute leur valeur diplomatique, ils doivent prendre appui sur une vraie politique migratoire et un programme national de redressement de la campagne haïtienne.

 

La source du drame est en fait dans notre pays qui déverse ses flots de réfugiés dans la région. Et les sociétés qui les reçoivent sont au fait de la situation économique de leur terre de provenance, ce qui donne le champ libre à toutes sortes d’humiliations. Il ne faut pas non plus se voiler la face: ces hordes miséreuses de travailleurs outrancièrement démunis provoquent un choc culturel dans les communautés d’accueil et nourrissent chez certains un sentiment de supériorité par rapport à ces nouveaux arrivants. Ils sont traités comme des sous-hommes et sont exposés à de graves violations des droits de la personne particulièrement en terre voisine ou ils trouvent aussi- heureusement d’honnêtes défenseurs.

 

La solution sur le long terme se trouve en amont, sur nos terres que nous devons rendre productives; dans notre système éducatif qu’il nous faut impérativement relever pour permettre à nos étudiants de rester au pays; et dans la politique qui doit se réconcilier avec le bien commun.

 

La Rédaction

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