« Haïti reste un État rongé par la corruption, malgré l'existence d'un arsenal juridique de lutte contre la corruption », selon le CARDH

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Le Centre d'analyse et de recherche en droits de l'homme (CARDH) a publié un rapport dans lequel son directeur exécutif, Gédéon Jean, a fait l'état des lieux de la corruption en Haïti. Ce dernier arrive à la conclusion que la corruption bat son plein en Haïti sous les yeux d'un ensemble d'institutions qui se donnent pour mission de la combattre.

Ce 9 décembre 2021 marque la Journée internationale de lutte contre la corruption. Le thème retenu pour cette année c'est : « Votre droit, votre défi : dites non contre la corruption ». En Haïti, pas mal d’institutions s'engagent dans cette lutte contre la corruption. Pourtant, si l'on se tient aux données existantes, la corruption ne fait que perdurer. C'est en tout cas le constat fait par Gédéon Jean et relaté dans le rapport de CARDH.

« Haïti est un pays rongé par la corruption. Selon les indices de corruption de Transparency international, en 2019 Haïti occupait la 168e place sur 180 pays avec un score de 18 points sur 100, une régression par rapport à 2018, au cours de laquelle Haïti était placé 161e avec un score de 20 points. En 2020, elle était 170e sur 180 pays avec un score de 18 points sur 100 », a fait savoir le directeur exécutif qui est aussi fondateur de CARDH.

Selon les propos de Gédéon Jean, plusieurs textes de loi statuent sur la lutte contre la corruption en Haïti. On y retrouve la Constitution haïtienne, la Convention interaméricaine contre la corruption, la Convention des Nations unies contre la corruption, un protocole d'accord conclu entre Haïti et le Canada pour lutter contre la corruption, des lois adoptées par le Parlement, des décrets, des arrêtés. Plusieurs institutions sont aussi impliquées dans la lutte contre la corruption : le Parlement, la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (CSCCA), la Commission nationale des marchés publics, l'Unité de lutte contre la corruption (ULCC), l'Unité de renseignement financier (UCREF), l'Inspection générale des finances (IGF). Mais le grand paradoxe c'est que malgré l'existence de cet arsenal juridique et institutionnel, Haïti sombre sous la corruption, se plaint Gédéon Jean.

Gédéon Jean relate plusieurs dossiers de corruption qui ont dominé l'actualité en Haïti. Il cite, entres autres, la dilapidation par la CIRH de plus de 11 milliards dollars américains pour la reconstruction après le séisme du 12 janvier 2010 , les 34 millions de dollars dépensés dans le cadre de l'État d'urgence sanitaire en Haïti, la dilapidation de 3.8 milliards de dollars des fonds PetroCaribe, l'implication de plusieurs personnalités et institutions dans des dossiers de corruption dont l'ancien président Jovenel Moïse, la Chambre des députés, l'ex-directeur du BMPAD Patrick Noramé, le sénateur Onondieu Louis et l’ancien Premier ministre désigné Fritz William Michel.

Par ailleurs, l'avocat au Barreau de Port-au-Prince admet que plusieurs obstacles encombrent la lutte contre la corruption en Haïti. Si théoriquement la justice est indépendante, dans la réalité elle est inféodée aux pouvoirs exécutifs et législatifs, a-t-il fait savoir. Ajouté à cela, le mandat des juges est renouvelé par la bonne grâce du président, le conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) est contrôlé par l'exécutif, les commissaires de gouvernement n'ont pas de mandat, il n'existe pas une loi garantissant l’accès à l’information dans l’administration publique. Ces difficultés combinées à plusieurs autres contribuent à faire perdurer la corruption en Haïti, déplore Gédéon Jean.

 

John Smith

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