Menace d’une crise humanitaire au Pénitencier national

Le Pénitencier national avec un effectif de 3 610 détenus risque de connaitre une catastrophe si les autorités ne prennent pas leurs responsabilités pour garantir le droit à l’alimentation qui constitue un droit fondamental. C’est l’Office de la protection du citoyen (OPC) qui a tenu à attirer l’attention sur cet éventuel fait dans une note de presse portant la signature de Renan Hédouville, protecteur du citoyen.

Si au sein même de la société haïtienne l’insécurité sur toutes les formes est en train de faire la rage, dans les prisons, particulièrement au Pénitencier national, la pénurie de nourriture risque de provoquer une grave crise. Ce qui a un certain niveau interpelle l’Office de la protection du citoyen (OPC), très préoccupé par la détérioration des conditions générales de détention dans plusieurs prisons du pays dans une note de presse en date du 5 février 2020. Ces conditions, selon l’OPC, se rapportent au non-respect des garanties judiciaires à la situation sécuritaire et à l’alimentation des détenus.

Selon l’OPC, la situation des prisons est devenue plus complexe suite à la crise sociopolitique que le pays a connue durant toute l’année 2019. L’instance poursuit en affirmant que cette crise a de graves retombées sur les personnes incarcérées et leurs états de santé, et que le taux de personnes en détention préventive prolongée est à la hausse. En ce qui a trait à l’intrusion des armes à l’intérieur de la prison civile de Port-au-Prince et de Hinche, l’OPC plaide pour une enquête approfondie.

Le Pénitencier national, dit l’OPC, qui « héberge actuellement un effectif de 3 610 détenus est sur la route d’une catastrophe si les autorités ne prennent pas leurs responsabilités pour garantir le droit à l’alimentation qui constitue un droit fondamental ». Selon l’instance de droits humains, ce problème de nourriture est identique dans d’autres centres de détention comme les prisons civiles de Jacmel, de la Croix-des-bouquets, de Jérémie et de Hinche, où les détenus se plaignent de leurs mauvaises conditions. Plus loin, l’OPC a aussi signalé l’état lamentable des détenus logés dans deux cellules inappropriées à Petit-Goâve.

De surcroît, l’institution nationale de promotion et de protection de droits humains a profité pour rappeler qu’au regard des instruments internationaux signés par Haïti comme le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, que l’État est dans l’obligation de garantir à toute personne le droit à une alimentation suffisante et saine leur permettant de satisfaire leurs besoins nutritionnels et de mener une vie active.

Par ailleurs, dans la note, l’Office de la protection du citoyen tient à exhorter les autorités à travers le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) et le ministère de la Justice et de la Sécurité publique (MJSP) à redoubler d’efforts et à définir des stratégies communes afin d’apporter des réponses immédiates au problème de nourriture dans les prisons et au phénomène de la détention arbitraire et illégale.

Encore faut-il signaler que les chiffres sur l’insécurité alimentaire en Haïti ne sont point satisfaisants. Le dernier rapport d’alerte et d’action précoce sur la sécurité alimentaire et l’agriculture rendu public par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a fait état de près de 4.1 millions d’Haïtiens qui seront touchés par l’insécurité alimentaire, entre mars et juin 2020.

Wisly Bernard Jean-Baptiste

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