La PNH se fragilise de plus en plus

Alors que l’insécurité connaît une remontée extraordinaire en Haïti depuis des mois, l’institution policière est traversée par de fortes turbulences pour la mise en place du premier syndicat de la Police nationale d’Haïti (SPNH). Au terme de la convocation d’un membre du SPNH, Yanick Joseph, à l’Inspection générale de la Police nationale d’Haïti, des policiers, en civils et pour la plupart encagoulés, ont saccagé les locaux ainsi que des matériels de l’IGPNH.

Les relations entre les policiers et le Haut commandement de la Police nationale d’Haïti sont tendues depuis des mois. Voulant mettre en place un syndicat au sein de l’institution pour défendre leurs droits, des policiers sont allés au-delà des mises en garde du Haut commandement pour créer le premier syndicat de la Police nationale d’Haïti (SPNH). Ce syndicat, créé officiellement le 18 novembre 2019, est depuis dans le collimateur de l’Inspection générale de la PNH. Le vendredi 7 février, Yanick Joseph, membre du SPNH, a été convoquée à l’Inspection générale. Après une audition d’environ trois heures, la policière a été dépossédée de son badge et son arme à feu par l’institution faisant office de police de la PNH.

Très remontés contre les responsables de l’IGPNH qui ont convoqué Yanick Joseph, des policiers se sont massés dans les parages l’institution pour apporter leur soutien à leur compagnon d’armes. Considérant la saisie du badge et de l’arme de la policière comme une tentative de révocation, les policiers sont rentrés de force dans le bâtiment pour les récupérer. Après récupération, les policiers ont fait un concert de cartouches, brisé des vitres et taggé avec des slogans les objets trouvés sur leurs passages. Ensuite, ils ont parcouru des rues pour se rendre devant un média de la capitale.

Malgré les pressions du Haut commandement, Yanick Joseph n’entend pas reculer dans la mise en place du SPNH. Elle jure de continuer à mener ses activités syndicales au sein de la PNH. Celle qui a une formation en diplomatie et les sciences juridiques croit que même sa révocation ne peut pas saper le premier syndicat de la PNH constitué. En fait, de nombreux policiers restent attachés à la création du syndicat, puisqu’ils font remarquer qu’ils sont des employés civils. En contrepartie de leurs démarches, certains d’entre eux n’épargnent pas la possibilité de rentrer en rébellion si l’IGPNH poursuit les convocations liées à la création du syndicat.

La direction générale de la PNH veut passer à l’action

Suite aux agissements des policiers dans les locaux de l’IGPNH le vendredi 7 février dernier, le directeur général de la PNH, Rameau Normil, a réagi dans un communiqué pour condamner les actes perpétrés par les policiers. « La Direction générale condamne sans réserve de tels agissements et tient à souligner que ces violences n’ont pas leur place dans un État de droit et encore moins dans une institution policière. Elles entachent la dignité, l’image et le travail qui sont attendus de chaque policier et policière en ces périodes difficiles que traverse le pays », indique-t-il dans ce communiqué publié un jour après les incidents.

Face aux comportements agressifs des policiers présents dans les parages de l’IGPNH le vendredi 7 février, la Direction générale de la PNH ne veut pas rester passive. Selon la Direction générale, dans le souci de préserver l’intégralité morale de l’institution policière, la discipline de sa marche et la cohésion inconstitutionnelle et de maintenir l’ordre public, tous les auteurs et complices de ces actes de violence et de vandalisme qui constituent de graves infractions pénales, outre les sanctions administratives, seront poursuivis et amenés devant les tribunaux compétents pour répondre de leurs forfaits.

S’il est vrai que la liberté syndicale est reconnue par la loi, les policiers ont néanmoins signé le règlement de la Police nationale qui interdit cette prérogative. Entre le Haut commandement de l’institution et les policiers, cette question a créé des conflits internes qui risquent de compromettre le travail de la PNH à un moment où la situation sécuritaire du pays est catastrophique.

Woovins St Phard

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