L’opposition politique sème le doute dans l’opinion publique

Déjà en déficit de crédibilité, l’opposition politique vient de rater une occasion de se refaire une image. Depuis les rencontres avec les envoyés américains, les prises de position des leaders de ce bloc prêtent à équivoque. Et, tout récemment, elle a défendu la position la plus ultime en appelant à la libre circulation ainsi qu’à la reprise des activités scolaires.

Depuis le départ de Jean Henry Céant, l’opposition défendait ces positions qui suivent : départ inconditionnel de Jovenel Moise, instauration d’un gouvernement provisoire, dialogue national, procès des différents crimes perpétrés par l’équipe au pouvoir, la mobilisation intensive, la reprise des activités scolaires au départ du locataire du Palais national, aucun dialogue avec le président, ni cohabitation politique avec lui. Selon les leaders, l’opposition défendait les principes et ne fait qu’appuyer la population qui pourtant ne leur fait aucun crédit. Petit à petit, ces discours changent, notamment la question de la mobilisation et de la réouverture des classes.

En déficit de confiance populaire, l’opposition, vraisemblablement non sincère, ne rassure pas l’opinion. Au contraire, sa nouvelle position sur la tenue des prochaines manifestations la discrédite. Les observateurs croient que les chefs de file ont consenti de partager le gâteau en catimini. Pour la clameur publique, l’opposition a un problème fondamental, celui de dire à la nation qu’elle ne veut plus continuer. Ce sont là des opinions, mais ce qui est certain, ceux qui ont tout fait pour paralyser le pays informent avoir pris les mesures qui s’imposent en vue de permettre à la nation de vaquer à ses occupations sans pour autant suspendre les manifestations.

Même au sein de l’opposition, les choses ne sont pas trop claires. Pour Moise Jean-Charles, l’Alternative consensuelle parle chinois en soutenant que les mobilisations se dérouleront dorénavant en weekend et à la tombée de la nuit. Le leader de Pitit Desalin invite par ailleurs la population à déceler les non-dits d’un tel discours. Il s’est réservé le droit de ne pas parler de capitulation, mais soutient qu’il en prend bonne note.

André Michel conditionnait la reprise des activités scolaires au départ de Jovenel Moise du pouvoir. Selon ses dires, le locataire du Palais national serait le seul obstacle empêchant les élèves d’avoir accès au pain d’instruction. « Si Jovenel démissionne aujourd’hui, toutes les portes des écoles seront ouvertes le lendemain », avait-il soutenu. Les responsables politiques de cette branche encourageaient les parents à garder chez eux les enfants pour éviter que l’équipe au pouvoir, ayant instauré la terreur, les assassine. Aujourd’hui, ils défendent la réouverture des classes, peut-être, parce que les conditions, pour eux, ont probablement changé ?

Au mois de décembre, malgré la baisse de régime constatée dans la mobilisation, les dirigeants de l’opposition n’avaient pas décidé d’accorder la trêve. Contre leur volonté, la population l’a observé. Indifférents par rapport à la calamité infligée à la population trois mois durant, les radicaux n’ont pas bronché. Paradoxalement moins d’un mois après, ils défendent la liberté de la population de vaquer à ses occupations.

Si les derniers discours du porte-parole du secteur démocratique et populaire ont défrayé la chronique, il n’y a pas que cela à reprocher à l’opposition. Sa cohésion fragile interpelle aussi les commentateurs. Malgré l’accord de Marriott, le pays a la sensation qu’au lieu de consolider son unification, l’opposition est en passe de faire voler en mille morceaux cette unité conjoncturelle.

Daniel Sévère

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