L’insécurité persiste, malgré les efforts de la PNH

La situation sécuritaire du pays reste toujours tendue malgré de nombreuses opérations et arrestations effectuées par la Police nationale. Depuis le début de l’année 2020, les groupes armés se montrent encore plus menaçants. Plus de quinze personnes sont déjà tuées par balle.

Atteignant un niveau inimaginable en 2019, le climat sécuritaire du pays ne s’annonce pas facile pour l’année 2020. Cette situation d’insécurité généralisée risque de continuer au cours de cette nouvelle année. Déjà, plus de quinze personnes sont déjà tuées par balle dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, sans oublier les nombreux cadavres passés sous silence par peur de représailles. Et, les quartiers populeux continuent d’être le terrain d’affrontements des groupes armés rivaux qui cherchent à contrôler les agglomérations qui les environnent. Le nord et le sud de la capitale sont pris en otage par des individus armés.

La route nationale numéro 2, notamment l’entrée sud de la capitale, est réputée de zone fragile, où plusieurs camions de marchandises sont détournés par des bandits. Cette pratique à l’entrée sud de la capitale tend à se propager vers d’autres endroits du pays. Au nord de Port-au-Prince, sur la route nationale numéro 1, entre Cabaret et Canaan, un camion de marchandises revenant d’un entrepôt placé à proximité de la station des Gonaïves a été détourné par des individus lourdement armés. Au cours de ce détournement perpétré dans l’après-midi du mardi 7 janvier, quatre individus, dont le chauffeur, ont été abattus par les bandits. Ensuite, ces individus armés ont conduit le camion hors de la route nationale pour récupérer les produits qui s’y trouvent.

Dans la commune de Tabarre, Antoine Lucius, un juge de paix, qui revenait d’une succursale d’une banque commerciale de la place a été assassiné par des individus armés. Le juge de paix de la commune de Ganthier était à bord d’une motocyclette à sa sortie de la banque quand les bandits l’ont fait avaler son acte de naissance pour emporter tout ce qui était en possession du magistrat. Ils ont enlevé son téléphone, la somme de deux mille dollars américains dont il venait de faire le retrait, son arme et la moto. Cette mort est survenue à un moment où les associations de magistrat pleurent la mort de l’huissier Bob Dolciné, tué par balle dans l’enceinte même du tribunal de première instance de Port-au-Prince le 31 décembre 2019.

À Cité Soleil, la situation sécuritaire se détériore. Les affrontements entre les groupes armés rivaux du plus grand bidonville du pays mettent en péril la vie de nombreuses personnes. Malgré l’alarme lancée par un maire ascenseur de la commune et l’intervention de la Police nationale, les tensions augmentent de plus en plus. Pas de bilan officiel. Cependant, selon les informations fournies par des habitants de la Cité, plus de dix personnes sont mortes et de nombreux individus blessés au cours des échanges de tirs entre les groupes armés de Brooklyn et Boston. Le chef du groupe de Boston, Ti Joseph, qui a tué Ti Houngan en novembre 2019 pour le remplacer, a été appréhendé par la PNH dans un hôpital. Blessé lors des échanges de tirs, Ti Joseph s’était rendu à l’hôpital pour se faire soigner. Il est maintenant sous le contrôle de la PNH.

L’ultimatum de la CNDDR

Réalisant son travail dans des conditions difficiles, la Commission nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion essaie de convaincre les détenteurs d’armes illégales de les remettre à ladite commission. Au début de cette semaine, la commission a présenté 3 fusils d’assaut M4, 11 chargeurs de fusils M4, 240 cartouches de calibre 7,6 millimètres, 703 cartouches de calibre 5,56, 150 cartouches de calibres 9 millimètres, 15 grenades, des gilets pare-balles de catégories 6 qu’un citoyen a choisi de remettre à la Commission. Une troisième cérémonie de remise d’armes organisée par la commission depuis son installation.

En marge de cette cérémonie, la CNDDR a accordé un moratoire d’une semaine à tous ceux qui ont fait l’acquisition d’armes entre les mains de l’armurier Arby Frantz Larco, appréhendé par les forces de l’ordre le 24 décembre 2019. La commission demande aux acheteurs d’apporter les armes à feu achetées à l’institution. Dans le cas contraire, la CNDDR sera obligée de divulguer les noms de ces individus et entreprises qui ont réalisé des transactions avec Larco. Les commissaires sollicitent la collaboration de la population haïtienne pour diminuer le nombre d’armes illégales en circulation dans le pays.

Entretemps, le climat de sécurité du pays est délétère. Les braquages dans les rues et les vols d’objets s’érigent en pratiques normales dans la zone métropolitaine. Le déploiement et les opérations de la Police nationale n’inquiètent pas les bandits qui savent que leur vie ne sera pas longue. Exhibant leurs arsenaux sur les réseaux sociaux et intervenant dans des radios, ces individus se montrent prêts à tout pour satisfaire leurs désirs. La population continue de vivre sous les ordres des bandits, et les autorités, de leurs côtés, veulent abdiquer devant cette situation inquiétante.

Woovins St Phard

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