Le Parlement haïtien: l’institution la plus décriée en 2019

Actuellement en vacances, le mandat des députés prendra fin de manière officielle le 13 janvier 2020. Le Sénat sera également privé d’un tiers de ses membres. Cette 50e législature se termine sous une note très négative. C’est probablement l’institution la plus décriée pour l’année 2019.

Le lundi 14 janvier 2019, conformément aux vœux de la Constitution, 80 députés et 16 sénateurs se sont réunis en assemblée ordinaire pour, d’une part, fermer la session extraordinaire convoquée par le président de la République en septembre 2018 et, d’autre part, ouvrir la première session de l’année législative 2019, deuxième lundi de janvier au deuxième lundi de mai. Cette séance a été également l’occasion pour le Premier ministre d’alors, Jean Henry Céant, de déposer au Parlement le bilan des activités de son gouvernement pour l’année écoulée et au président de la République de présenter l’état de la nation.

D’entrée de jeu, la séance a été perturbée par un groupe de 10 députés de l’opposition qui réclamaient des excuses publiques du sénateur Lambert Joseph, président du Sénat et de l'Assemblée nationale à l’époque. Et depuis, la perturbation des séances en assemblée est devenue la marque fabrique du Parlement haïtien. Le mardi 15 janvier 2019, la Chambre des députés a tenu sa première séance plénière pour l’année législative 2019 qui a réuni cent quinze (115) députés. Cette séance a été consacrée à l’élection d’un nouveau bureau à la Chambre. Avec 104 votes, le député de Delmas, Gary Bodeau, a été réélu président à sa propre succession.

Le député de Tabarre, Caleb Desrameaux a été reconduit au poste de vice- président par acclamation. Le député du Cap-Haitien, Jean Étienne a été élu vice- président aux affaires administratives. Les postes de première et de deuxième secrétaire ont été occupés respectivement par la députée de Jérémie, Marie Gladys Saint-Jean Lundi et la députée de Savannette, Guerda Alexandre Benjamin Bellevue. Le député de Saint-Jean du Sud, Gandhy Dorfeuille a été élu questeur et le député Louis Marie Bonhomme a été reconduit au poste de vice- questeur par acclamation, au 2e tour après le désistement de son concurrent, le député Jacky Guerrier. La cérémonie d’installation du nouveau bureau a eu lieu le mercredi 16 janvier 2019.

Quant au Sénat de la République, il a eu sa première séance plénière le jeudi 17 janvier 2019. Vingt-huit (28) sénateurs ont été présents au début de cette séance consacrée à l’élection d’un nouveau président au niveau au Sénat de la République. À l’issue des votes, ce nouveau bureau a été ainsi composé : le sénateur de l’Artibonite, Carl Murat Cantave, a été élu président avec 16 voix, contre son rival du sud, Pierre François Sildor qui en a obtenu 12. Le sénateur du Sud, Jean Marie Junior Salomon a été élu vice-président, le sénateur Onondieu Louis a été reconduit au poste de questeur, le sénateur Garcia Delva a été élu vice-questeur, le sénateur Dieupie Chérubin a été reconduit au poste de premier secrétaire ainsi que le sénateur Willot Joseph comme deuxième secrétaire. Ce nouveau bureau du Sénat a été cette fois composé sans la présence de l’unique femme de la chambre, Dieudonne Étienne Luma. Dès janvier 2019, ces différentes personnalités ont vite pris place au directoire du Parlement haïtien. Mais pour quel bilan ? Pour l’année législative 2019, le Sénat de la République et la Chambre des députés n’ont jamais pu prouver à la population qu’ils travaillent dans l’intérêt de la nation. La majorité des séances réalisées, c’était pour régler uniquement des activités politiques qui cachent de grands intérêts personnels. Des fois, le quorum nécessaire pour réaliser une séance soit à la Chambre des députés ou au Sénat est difficile à mobiliser. Plusieurs tentatives pour réaliser des séances ont échoué dans les deux branches du Parlement, notamment le Sénat de la République qui n’a jamais pu tenir la séance de ratification du gouvernement de Fritz William Michel.

C’était l’année des Scandales

C’est un Parlement qui a vécu essentiellement de scandales durant cette année. Les parlementaires se sont comportés en de véritables marchands de votes, que ce soit pour la ratification ou l’éviction d’un Premier ministre. Jean Henry Céant, Fritz William Michel, Jean Michel Lapin ont tous fait face à cette facette du Parlement. Au cours de cette année, les députés ont empoché de fortes sommes d’argent pour un vote de censure contre Jean Henry Céant et son gouvernement. Jean Henry Céant qui voulait éviter cette humiliation a dû payer des sénateurs pour un vote de confiance, selon l’aveu de son porte-parole à l’époque, Pascal Adrien. Jean Michel Lapin a connu toutes les peines du monde pour se faire ratifier, mais sans succès. Fritz William Michel, malgré la sa générosité, n’a jamais été ratifié. La cadence des bêtises a augmenté au niveau du Sénat en 2019. Toutes les actions entreprises et tous les spectacles offerts par les parlementaires, notamment la décision d’intégrer des militants au sein de la salle de séance de l'Assemblée nationale pour empêcher la tenue des activités, ne faisaient que ternir encore plus l’image du Parlement haïtien. Ce qui probablement le met en tête dans le classement des institutions les plus décriées en Haïti pour l’année 2019.

Evens REGIS

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES