L’insécurité limite sévèrement le transport des denrées agricoles vers la capitale

La guerre des gangs, depuis quelque temps dans des zones stratégiques du pays, a pour conséquence une diminution de l’offre dans les divers marchés publics de Port-au-Prince. La Croix des Bossales, grand bastion économique des petits commerçants, est devenue, avec le temps, un espace quasiment déserté. Les vivres, les fruits et les légumes cultivés dans la côte Sud et le Grand Nord de la république sont coincés dans des villes de province à cause de l’insécurité qui fait rage à Martissant, au niveau de la Plaine du Cul-de-sac et de la Nationale numéro 1.

À la Croix des Bossales, le plus grand marché populaire du pays, les activités sont au point mort à cause des tirs nourris et de la dangerosité de la zone. 

 

Le blocage de l’entrée Sud de la capitale par les gangs de Tibwa, de Village de Dieu et de Gran Ravìn a compliqué davantage la circulation des denrées agricoles au niveau de la zone métropolitaine.  « Au Marché de Salomon et à la 5e avenue où nous achetons l’arbre véritable, quelques vivres et des légumes, il n’est pas toujours facile de trouver en grande quantité les produits agricoles comme autrefois », a soulevé Nicole, commerçante au marché public du Canapé-vert.

 

 Par ailleurs, des commerçants venant des sections rurales des départements du Sud, du Sud'Est, de la Grand'Anse et des Nippes sont contraints d’éviter Martissant. « Nous ne pouvons pas risquer nos vies avec des camions de marchandises », a témoigné ce chauffeur de transport de marchandises de Jérémie à Port-au-Prince. 

 

Par conséquent,  depuis l’année 2021, le nombre des camions assurant le transport des commerçants vers les villes de province a complètement diminué. « Les chauffeurs ont peur de faire face aux bandits qui contrôlent l’entrée sud de la capitale. Passer par Saint-Jude ou Tara's est hors de prix et le trajet est un peu trop long et trop fatigant », a assuré Nicole.

 

D’autre part, Mercidieu un détaillant de produits agricoles au Centre-ville de Port-au-Prince explique que l’État est responsable de la situation inconfortable des cultivateurs et des vendeurs des denrées agricoles. « Ils ont laissé la situation sécuritaire du pays se gangréner à la Croix des Bossales. Ils ont vu la progression des groupes armés à Martissant mais ils n’ont rien fait pour freiner l’hémorragie. Aujourd’hui, ce sont les plus vulnérables qui paient le prix », a déclaré ce père de 4 enfants. 

 

Accusant l’insécurité d’être à la base de cette situation, Mercidieu estime qu’il est urgent que les autorités de l’État appliquent des mesures drastiques qui permettront aux hommes armés de déposer leurs armes. « Nous ne pouvons pas vivre tous les jours avec l’insécurité. Quel avenir pour nos enfants dans un pays où on ne peut rien entreprendre comme activité ? Eux, ils ont des visas, ils ont des passeports pour aller où ils veulent; mais nous, nous sommes dépourvus de tout. Il nous faut retrouver la paix, le calme et la stabilité », a-t-il confié.

 

Oberde Charles


 

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