Haïti sous la menace de sanctions financières internationales

Depuis juin 2021, Haïti s’est engagé à travailler avec le Groupe d’appui financier (GAFI), en vue d’améliorer l’efficacité de son régime dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. En mars 2022, le pays est compté parmi les juridictions soumises à une surveillance renforcée et doit résoudre rapidement ses défaillances stratégiques identifiées, au plus tard en août 2023, sinon le pays subira des sanctions au niveau international.

Haïti se trouve sur une liste contenant plus d’une vingtaine de pays qui sont appelés à résoudre rapidement le blanchiment de capitaux (BC) et le financement du terrorisme (FT) à travers le monde. Ainsi, ces États doivent travailler avec le GAFI dans un délai convenu, afin de rendre compte de leurs défaillances et s’assurer de leurs progrès dans le cadre de la lutte contre le BC et le FT.

 

Selon l’économiste Eddy Labossière, les décisions annoncées par la Banque de la République d’Haïti pour la mise en application de la circulaire 114-3, dont le combat contre la spéculation, la dépréciation de la gourde, l’inflation et l’absence de transparence du marché haïtien des changes sont, entre autres, certaines mesures qui visent à résoudre le problème de la désintermédiation financière, mais aussi de satisfaire les exigences du GAFI vis-à-vis d’Haïti. Cependant, l’économiste s’interroge sur le fait que la BRH n’a pas précisé la raison pour laquelle, elle a reporté la mise en application de ladite circulaire, relative aux opérations de transfert de fonds internationaux sans contrepartie.

 

Également, l’économiste Eddy Labossière juge inacceptable la décision de la BRH.  « Le GAFI est fatigué avec Haïti à cause de nombreux transferts d’argent sans contrepartie venant de nos politiciens et oligarques vers les paradis fiscaux et banques étrangères, avec l’impossibilité d’établir la traçabilité de ces transferts », a fait savoir le professeur. Par contre, il s’insurge aussi du fait que la justice haïtienne n’a jamais engagé de procès sérieux contre des individus qui seraient impliqués dans des activités de blanchiment d’argent et de trafic d’armes à feu dans le pays. 

 

En conséquence, si Haïti n’applique pas à la lettre la circulaire 114-3, le GAFI va mettre en application ses menaces de couper Haïti du système financier international. En ce sens, les transferts d’argent vers Haïti cesseront et ce sera l’asphyxie de notre économie, a précisé Eddy Labossière qui rappelle que les transferts de la diaspora ont été de 4, 3 milliards de dollars américains en 2021 et ceci contribue énormément dans l’économie du pays et dépasse le montant des importations, des exportations et ceux des investissements directs de l’étranger ainsi que les aides internationales.

 

Tenant compte de ces dérives, le Dr Eddy Labossière affirme que tous les secteurs de la société sont concernés par cette crise financière internationale dans laquelle se trouve le pays. « Les Haïtiens vont payer au prix fort, les actions de nos politiciens et oligarques incompétents/ corrompus, qui ont dilapidé les fonds du Trésor public et pour la faiblesse de la justice haïtienne dans le domaine de la reddition des comptes », dit-il!

 

 

Néanmoins, La Jordanie, le Mali, Haïti,  la Turquie sont les pays qui ont choisi de reporter leurs déclarations sur les progrès dans le cadre de sa lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Par ailleurs, il est à noter que ces pays doivent remédier aux défaillances techniques de leurs cadres juridiques et prendre des mesures pour freiner les activités illégales sur leurs territoires et s’assurer d’une meilleure utilisation des renseignements financiers et autres informations pertinentes par les autorités compétentes pour lutter contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

 

 

Oberde Charles

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