Le Canada sur le point de prendre le leadership de la force étrangère d’intervention en Haïti

Haïti a reçu la visite d’une délégation canadienne pour consulter les différents acteurs, afin, entre autres, d’explorer les moyens d’aider le peuple haïtien à résoudre la violente crise humanitaire et sécuritaire. Cette décision, sur le point d’être prise, fait suite à la visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken au Canada au cours de laquelle il avait proposé aux dirigeants canadiens de prendre le contrôle de l’intervention militaire sollicitée par le gouvernement haïtien.

« Le Canada et la communauté internationale sont préoccupés par la violence en Haïti, en particulier celle perpétrée contre les femmes et les filles. Le Canada ne restera pas inactif alors que les gangs et ceux qui les soutiennent terrorisent les citoyens d’Haïti, et nous continuerons de soutenir les Haïtiens respectueux des lois pour mettre fin à la crise dans leur pays », déclare Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada.

 

 «Il ne fait pratiquement aucun doute que le Canada va prendre le leadership de l’intervention militaire sollicitée auprès de l’international par l’administration en place», indique Frédéric Boisrond, un sociologue haïtiano-canadien, lors dune interview accordée à Robert Philomé de France 24. Selon lui, les autorités canadiennes ont manifesté la velléité de prendre Haïti en charge au lendemain de l’assassinat du président Jovenel Moïse,  un fait que le sociologue explique par le soutien accordé au gouvernement dirigé par Ariel Henry.

 

Le Canada supporte le chef du gouvernement haïtien malgré que ce dernier ne fût plus légitime après les trois mois qui ont suivi sa prise de fonctions, soutient l’universitaire. Il indique que, de ce fait, la demande formulée par Ariel Henry n’était pas recevable. Mais le Canada compte y donner suite, car les responsables de ce pays n’ont jamais pris en compte les opinions des Haïtiens. 

 

Des son côté, Emmanuel Dubourg, un parlementaire canadien d’origine haïtienne, qui a toujours plaidé la cause d’Haïti auprès de ses collèges, a rapporté qu’avant d’établir une quelconque mission en Haïti, le Premier ministre, Justin Trudeau demande «d’avoir un plan d’action clair, un niveau de soutien de la part du peuple haïtien, du gouvernement et des partis d’opposition, et un consensus sur comment nous pouvons nous assurer qu’en aidant le peuple haïtien, nous lui assurons un avenir plus solide à court, moyen et long termes». 

 

Pour Patrick Joseph, il faut remonter jusqu’à l’occupation américaine depuis 1915 pour comprendre la position de certains par rapport au pays. De son avis, l’international a toujours tout fait pour maintenir Haïti dans le chaos, en soutenant notamment des dirigeants incompétents à la tête du pays au détriment de la majorité de la population haïtienne. M. Joseph maintient sa position initiale qui est le refus total de toute intervention militaire sur le territoire, quel que soit le pays qui serait à la tête de cette force. 

 

Toutefois, le porteur de l’Accord de Montana reconnaît que, par rapport à des problèmes majeurs tels que l’insécurité généralisée, la crise humanitaire alarmante, l’épidémie de choléra qui a repointé le bout de son nez, le pays a besoin de l’aide de la communauté internationale pour s’en sortir,  mais un support indique-t-il qui devrait être défini et orienté par l’État.

 

De son côté, l’un des signataires de l’Accord du 11 septembre, l’ancien sénateur Gérald Gilles, dit déplorer la navette qui, estime-t-il, se fait entre les États-Unis et le Canada au sujet de la demande d’aide du gouvernement haïtien. Il les appelle à prendre en considération la situation chaotique du pays, qui, souligne le chef de parti, ne cesse de faire des victimes. Entre-temps, l’ancien parlementaire appelle les acteurs à se mettre ensemble afin de résoudre la crise politique.

 

Esdra Jeudy

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