SANCTIONS INTERNATIONALES

Des indices de preuves sont nécessaires pour toute éventuelle condamnation par la justice haïtienne, pense Michel Brunache

Les gouvernements américain et canadien continuent avec leur vague de sanctions contre des politiques haïtiens et des élites économiques. D’un côté, Hervé Fourcand et Rony Célestin sont sanctionnés par l’administration américaine tandis que des sanctions sont imposées par les autorités canadiennes contre des hommes d’affaires, dont Shérif Abdallah et Reynold Deeb. « Pour saisir ce dossier, dans le cadre de la coopération internationale, la justice haïtienne doit avoir des preuves tangibles pour une éventuelle condamnation de ces personnalités», a laissé comprendre Michel Brunache.

En effet, c’est le sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, Brian Nelson, qui a divulgué l’information, le vendredi 2 décembre 2022, dans un communiqué. Il a souligné   qu’il s’agit de deux autres exemples de politiciens haïtiens corrompus abusant de leur pouvoir pour poursuivre les activités de trafic de drogue dans la région. Ces derniers ont été sanctionnés en vertu du décret exécutif (E.O.) 14059 du 15 décembre 2021 qui impose des sanctions contre des personnalités étrangères impliquées dans le trafic mondial de drogues illicites.

 

L’organisme de contrôle financier du département du Trésor des États-Unis (OFAC) a indexé Rony Célestin et Hervé Fourcand pour s’être livré ou avoir tenté de se livrer à des activités ou à des transactions qui matériellement présentent un risque significatif de contribuer matériellement à la prolifération internationale des drogues illicites ou de leurs moyens de production. Parallèlement, cet organisme affirme disposer d’informations indiquant que Rony Célestin se livre à des activités de trafic international de drogue.

 

En outre, l’organisme de contrôle financier du département du Trésor des États-Unis a fait savoir que l’actuel sénateur du département du Centre est accusé d’utiliser sa position politique pour orchestrer l’importation de drogues du Venezuela en Haïti, ainsi que l’exportation de drogues vers les États-Unis et les Bahamas. 

 

D’autre part, ladite organisation affirme disposer également des informations selon lesquelles Hervé Fourcand se livre à des activités de trafic international de drogue. « Il utilise son propre avion pour transporter de la drogue dans le sud d’Haïti, selon l’OFAC  ajoutant que Fourcand a tenté d’utiliser son influence politique pour installer à des postes gouvernementaux des personnes susceptibles de faciliter ses activités de trafic de drogue », a-t-elle ajouté dans le communiqué en date du 2 décembre 2022.

 

Cependant, jusque là, des hommes politiques ne sont pas les seuls à être sanctionnés par l’administration canadienne. Le Gouvernement canadien a également imposé des sanctions contre des élites économiques haïtiennes comme Shérif Abdallah, Reynold Deeb et Gilbert Bigio. Ces dernières mesures visent notamment l’interdiction de transactions, avec gel de leurs avoirs. 

 

« Les sanctions imposées par le Canada visent à faire pression sur les personnes responsables de la violence et de l’instabilité actuelles en Haïti. Ces personnes doivent cesser de fournir des fonds et des armes aux bandes criminelles en Haïti. Nous encourageons toutes les parties prenantes à soutenir de réels progrès vers un accord politique qui mènera à un dialogue inclusif et constructif, et à la fin de la crise actuelle. C’est la seule façon d’aider à créer l’environnement nécessaire pour un retour à la stabilité, à l’ordre public et à la démocratie en Haïti », a tenu à rappeler le Gouvernement canadien.

 

Du point de vue de l’ancien ministre de la Justice et  de la Sécurité publique, Me Michel Brunache, ces sanctions pourraient avoir de graves conséquences  non seulement pour ceux qui sont sanctionnés, mais pour l’avenir de la République d’Haïti en particulier. « Ces conséquences peuvent être positives ou négatives, cela va dépendre », a-t-il mentionné.  

 

 

La justice haïtienne doit trouver de vrais indices et preuves pour une éventuelle condamnation de ces personnes sanctionnées. Dans le cadre de coopération internationale, il faut que la justice trouve assez d’éléments de preuves afin de poursuivre ces personnalités », a confié Me Michel Brunache.

 

 

 

Entre-temps, « Michel Joseph Martelly, Laurent Salvador Lamothe, Jean Henry Céant, Hervé Foucand, Rony Célestin,  Joseph Lambert, Youry Latortue, Gary Bodeau  » sont, entre autres, les personnalités sanctionnées par le Gouvernement canadien. Shérif Abdallah, Reynold Deeb, Gilbert Bigio viennent grossir la liste des sanctionnés par le Canada qui dit avoir  des raisons de croire que ces personnes utilisent leur statut de membres très en vue de l’élite économique en Haïti pour protéger et permettre les activités illégales de gangs criminels armés, notamment par le blanchiment d’argent et d’autres actes de corruption.

 

Vladimir Predvil

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