HAÏTI / CRISE POLITIQUE

Ariel Henry, seul maitre à bord

Depuis l’installation le 6 février dernier du Haut conseil de transition (HCT), structure créée dans le cadre de l’accord paraphé le 21 décembre 2022, la classe politique, notamment des éléments, qui se réclament de l’opposition, gardent le profil bas. Entre-temps, Ariel Henry, le chef du gouvernement déplace, en toute inquiétude, ses pions.

Malgré la position très acide exprimée par des acteurs politiques à l’encontre du gouvernement notamment à cause de la signature du document baptisé « Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes», à cause de son contenu jugé partisan, le pouvoir en place avance avec la mise en œuvre de certaines recommandations édictées par cet accord.

 

En effet, le gouvernement a nommé le mardi 28 février 2023, huit nouveaux juges pour intégrer la Cour de cassation, la plus haute instance judiciaire du pays. Ces derniers ont prêté serment, le mardi 7 mars 2023. Dans son discours, lors de la cérémonie de prestation de serment, le Premier ministre, Ariel Henry, a indiqué que la nomination des nouveaux magistrats pour compléter la Cour de cassation faciliterait la mise sur pied d’un Conseil électoral provisoire, dans l’objectif de mettre en branle la machine électorale.

 

Pourtant, aucun parti ayant obtenu un bon score lors des dernières élections n’a adhéré au consensus. Ce fait n’est pas passé inaperçu aux yeux de l’international qui, tout en saluant l’initiative, demande au gouvernement, également aux membres du HCT d’aller à la rencontre des partis et organisations les plus représentatives de la société haïtienne afin de trouver une issue favorable à la crise politique.

 

Cependant, les acteurs se montrent très sceptiques à l’égard du chef du gouvernement. Ils disent déceler chez ce dernier une velléité de faire passer le temps à travers des accords bidon. « L’accord signé le 21 décembre entre le gouvernement et des acteurs politiques, du secteur des affaires et de la société civile, est une démarche viciée à la base. Le gouvernement n’a aucune volonté de résoudre réellement la crise, car plus elle perdure plus l’équipe gouvernementale restera au pouvoir » a déclaré Ricardo Fleuridor de la structure petrochallenger Nou p ap konplis.

 

En dépit de l’aggravation constante de la crise multidimensionnelle et des désaccords qu’ils prétendent avoir avec l’équipe au pouvoir sur la gouvernance du pays, les acteurs politiques qui se réclament de l’opposition ont sombré dans un profond mutisme laissant, selon les constats, le champ totalement libre au gouvernement de mettre à exécution ses plans.

 

Esdra Jeudy

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