Les acteurs haïtiens désintéressés par le plan des États-Unis

Les États-Unis ont rendu public un plan visant à ramener la paix dans le pays. Ce projet s’étendra sur une dizaine d’années et il a été mis au point dans le cadre d’un processus réunissant différents organes publics et mené par l’Ambassade et après consultations auprès de plus de 230 personnes représentant l’État et la société civile d’Haïti, stipule le document. Mais les acteurs politiques haïtiens n’ont pas réagi.

Alors que l’insécurité constitue l’un des problèmes majeurs qui rongent le pays, ce plan de sécurité présenté par les États-Unis ne provoque pratiquement pas de débat au sein de la classe politique haïtienne. Comme si de rien n’était, des acteurs continuent de tirer à boulets rouges sur le pouvoir,  lui reprochant sa passivité face à la situation.

 

Aucun communiqué, ou autres, émanant du gouvernement n’a été rendu public sur le sujet. Tandis que depuis plusieurs mois le Premier ministre Ariel Henry a sollicité auprès de la communauté internationale un soutien militaire pour aider la PNH à venir à bout du phénomène de l’insécurité qui mine le quotidien des citoyens. 

 

Le 15 mars dernier, lors d’une rencontre de la commission créée par le Conseil permanent de l’Organisation des États américains (OEA) sur la crise qui prévaut dans le pays, le ministre haïtien des Affaires étrangères Jean Victor Geneus a réitéré la demande arguant qu’il y a l’urgence et que le rétablissement d’un climat sécuritaire sur le territoire est la priorité du gouvernement. Pourtant, concernant le plan de sécurité de l’Oncle Sam, l’équipe gouvernementale est bien silencieuse. 

 

Des acteurs contactés sur le sujet ont clairement signifié qu’ils ne sont pas intéressés par la question, expliquant pour la plupart qu’un autre pays ne peut pas nous concocter un projet de sécurité.  Ils plaident parallèlement en faveur de l’élaboration d’un plan par des Haïtiens impliquant toutes les forces vives du pays. 

 

« Les États-Unis ne sont pas à leur coup d’essai », rappelle le professeur Camille Chalmers, qui, plus loin, explique que depuis les années 80 des plans de toutes sortes sont échafaudés à l’intention d’Haïti,  mais ils n’ont eu pour effet que d’aggraver la situation,  désorganiser complètement l’État, et augmenter la dépendance du pays par rapport à l’extérieur. 

 

« Ce plan est déconnecté de la réalité haïtienne, et inspiré du Global Fragility Act, voté par le Congrès américain depuis l’année dernière, qui a classé Haïti parmi un ensemble d’états dans le monde considéré en faillite », fait savoir le professeur. Il fustige l’inaction du gouvernement américain face à l’ampleur de la crise sécuritaire en Haïti. 

 

Pour Ricardo Fleuridor, de la structure pétrochallenger Nou p ap konplis, le plan baptisé « La Stratégie des États-Unis pour la prévention des conflits et la promotion de la stabilité et Plan stratégique décennal pour Haïti » n’aidera en rien à résoudre les problèmes auxquels le pays est confronté.

 

« Pour moi les États-Unis ne visent qu’à asseoir son hégémonie dans la région pour freiner d’autres pays tels que Russie et la Chine qui auraient la vérité de s’y implanter », soutient M. Fleuridor, tout en indiquant que l’oncle Sam a sa part de responsabilité dans ce que connaît aujourd’hui le pays. « Nous sommes à environ une heure de Miami, comment une puissance mondiale peut supporter tout ce qui se produit ici sans nous prêter main-forte », se questionne-t-il.

 

 

Esdra Jeudy 

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