DÉSIGNATION DE WILLIAM O’NEILL

« L’expert ne va pas changer la donne, mais l’État doit assumer ses responsabilités », plaide le CARDH

William O’Neill a été désigné comme expert des droits de l’homme en Haïti ce mercredi 12 avril 2023 par le haut-commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk. Cette décision intervient suite à une résolution du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, le 4 avril dernier. Pour le Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme (CARDH) la désignation d’un expert indépendant pour Haïti est importante, mais garantir le respect et la jouissance des droits de l’homme incombe à l’État et à la coopération internationale. Le nouvel expert ne va pas changer la réalité. Il revient aux acteurs d’assumer leurs responsabilités, notamment l’État qui a les obligations de respecter, de protéger et de mettre en œuvre les droits humains et la société qui doit contribuer à la construction de l’État de droit, au-delà des dénonciations, ont déclaré les responsables du CARDH dans leur dernier rapport.

 « Dans un contexte d’inquiétude croissante face à la violence meurtrière des gangs qui submergent le pays, menaçant les moyens de subsistance et plongeant la moitié de la population dans la faim. La nomination de M. O’Neill est pour une période d’un an renouvelable », lit-on dans le communiqué.

 

En effet, M. O’Neill, ressortissant américain, est un avocat spécialisé dans le droit humanitaire, les droits de l’homme et le droit des réfugiés, avec un accent particulier sur l’établissement et le maintien de l’État de droit dans les situations post-conflit.

 

Suivant le communiqué mentionnant sa désignation, il a été conseiller principal sur les droits de l’homme auprès de la Mission des Nations unies au Kosovo, par ailleurs, chef de l’opération de terrain des droits de l’homme des Nations unies au Rwanda et a dirigé le département juridique de la Mission ONU/OEA en Haïti. À cette époque, O’Neill William a aidé à établir la Police nationale d’Haïti (PNH) en 1995, conseillant sur le recrutement, les tests et la formation de la nouvelle force de police, a participé à la création de l’École des juges, et a travaillé en étroite collaboration avec des organisations haïtiennes de défense des droits de l’homme pour aider à former leurs observateurs. En outre, M. O’Neill  a  travaillé sur la réforme judiciaire, policière et pénitentiaire au Burundi, au Libéria, en Sierra Leone, au Soudan du Sud, au Timor oriental, au Népal et en Bosnie-Herzégovine, indique le communiqué.

 

« En vertu de la Résolution A/HRC/52/L.17.1, l’expert sera chargé de suivre, avec l’assistance du Haut-commissariat, et en collaboration avec le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH), l’évolution de la situation des droits de l’homme en Haïti. Dans l’exercice de ses fonctions, il accordera une attention particulière à la situation des enfants et de la traite des êtres humains, et veillera à intégrer une perspective de genre. Il fournira également des conseils et une assistance technique au gouvernement haïtien, aux institutions nationales des droits de l’homme et aux organisations de la société civile, et les aidera dans leurs efforts pour assurer le respect, la promotion et la protection des droits de l’homme. », 

 

« La Résolution demande également au Haut-commissariat de fournir au gouvernement haïtien une assistance technique et un soutien pour le renforcement des capacités», apprend-on.

 

Des experts pour Haïti de 1995 à aujourd’hui

 

Suivant une piqûre de rappel faite par le Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme (CARDH), Haïti a eu son premier expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en 1995, il s’agit de M. Adama Dieng. Le 25 mars 2002, il a été remplacé par magistrat français Louis Joinet, a poursuivi le CARDH.  En 2008, Michel Forst, de nationalité française, remplaçait ce dernier. En 2013 Gustavo Gallón succédait à monsieur Forst. Arrive à terme en 2017, le mandat de Gustavo Gallón n’a pas été renouvelé, car l’administration Jovenel Moise s’y était opposée. Les organisations de défense de droits humains, dont le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) dénonçait cette décision », a expliqué cette structure de défense des droits humains dans son rapport en date du 12 avril 2023.

 

Vladimir Predvil 

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