HAÏTI/CARBURANT

Le BMPAD annonce l’arrivée d’une importante cargaison de produits pétroliers

À travers la région métropolitaine de Port-au-Prince et des villes avoisinantes, l’or noir se fait de plus en plus rare. Les consommateurs font face à d’énormes difficultés pour s’approvisionner sur le marché parallèle, où le prix avoisine déjà les 2 000 gourdes pour le gallon de gazoline. Comme alternative, le Bureau de monétisation des programmes d’aide au développement (BMPAD) annonce l’arrivée d’une cargaison de 125 000 barils de gazoline, ce jeudi 13 avril et d’une autre de 155 000 barils de diesel, qui doivent arriver à Port-au-Prince, ce samedi 15 avril 2023.

Un baril de pétrole équivaut à 42 gallons, 125 000 barils de gazoline correspondent à environ 5 millions de gallons et les 155 000 barils de diesel à plus de 6 millions de gallons, suivant le système métrique américain.  Selon le syndicaliste Jacques Anderson Desroches, cette quantité ne peut pas répondre aux besoins du marché, car en général le pays consomme près de 30 millions de gallons tous les mois. De telles commandes ne peuvent pas résoudre le problème de la rareté du carburant, elles peuvent en effet soulager les consommateurs pendant une courte durée, a-t-il indiqué. En outre, le BMPAD à travers un tweet indique que ces deux cargaisons de produits pétroliers doivent arriver à Port-au-Prince, en vue de remédier à cette pénurie constatée au niveau des rues, depuis ce début de semaine.

 

Au terminal de Varreux, plus précisément au centre de stockage de WINECO, les activités ont baissé depuis la semaine dernière, en raison d’une absence de stock et les attaques perpétrées à la fin du mois de mars par les hommes armés de la zone. Selon le président de l’APCH (Association des propriétaires et chauffeurs d’Haïti), Mehu Changeux, les responsables de l’État ne devraient pas permettre aux compagnies pétrolières de planifier unilatéralement les commandes. « Les produits pétroliers sont hors du contrôle des autorités gouvernementales, ce qui peut affecter le fonctionnement des activités », a-t-il soulevé. Néanmoins M. Dériphonse ajoute que la crise économique du pays, principalement l’insécurité, empêche les compagnies de cumuler la quantité de dollars possibles pour l’importation de l’or noir. « Les activités sont en baisse, il n’y a pas de circulation de la monnaie locale ni les rentrées du billet vert dans l’économie. Des entreprises sont en train de disparaître », soumet-il. 

Interrogés autour de l’arrivée de cette nouvelle cargaison de produits pétroliers, des citoyens soutiennent que la quantité annoncée par le BMPAD ne va pas résoudre définitivement la crise. Au contraire, une bonne partie sera orientée vers le marché noir, ont-ils assuré. « La disponibilité du carburant facilite toujours la bonne marche des activités socioéconomiques. Malheureusement, depuis des années, il y a une sensible rareté de ces produits sur le marché. Le gouvernement et les acteurs de la classe économique profitent de ce secteur pour nourrir l’instabilité à leurs profits », raconte Junior, un chauffeur de taxi-moto. Méhu Changeux, pour sa part, affirme que la lutte contre le commerce illicite de ces produits ne doit pas être prise à la légère. « Pas de moyen de survie pour un transporteur qui paie à plus de 1 000 gourdes le gallon de gazoline dans le contexte actuel », soutient-il! En ce sens, M. Changeux appelle à la réorganisation du secteur, la disponibilité du dollar sur le marché pour les importations, la protection et la sécurité des travailleurs au terminal de Varreux, ainsi que la paix et la stabilité de toutes les activités économiques. 

En revanche, avec cette pénurie de l’or noir qui prend de l’ampleur à travers toutes les régions du pays, le prix du gallon de l’essence varie en fonction du lieu et du vendeur. Dans les régions du Sud, le gallon coûte plus de 1 000 gourdes, et 1 500 gourdes, jusqu’à 2 000 gourdes ailleurs. Au niveau des zones frontalières, des riverains cherchent par tous les moyens de s’alimenter en République dominicaine ; une démarche que les autorités du territoire voisin ont essayé de stopper à plusieurs reprises. 

 

Oberde Charles

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