CRISE / HAÏTI

Des banques commerciales incapables de garantir des retraits en dollar

Face à l’inflation et les perturbations économiques internes de toutes sortes, l’économie haïtienne fait face à une forte indisponibilité du dollar américain. Selon les observateurs économiques, l’insécurité est l’une des principales causes de cette crise monétaire dans le pays. Par ailleurs, des banques commerciales font face à une rareté du billet vert dans leurs coffres et imposent une somme de 100 $ US aux clients comme limite de retrait journalier. D’autres obligent les clients à effectuer des retraits en gourdes alors qu’ils possèdent un compte d’épargne en dollar américain.

Joanis (nom d’emprunt), un citoyen travaillant pour une banque commerciale dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince et qui n’a pas voulu s’identifier, confirme que l’institution où il travaille, depuis plus de 5 ans, a décidé de limiter la somme exigée par les clients lors des retraits. Cette mesure concerne principalement les clients qui ont des comptes d’épargne en dollar. « On a pris cette mesure pour éviter un vide dans les caisses et permettre un équilibre dans les transactions », a-t-il souligné. Parallèlement, Yves, un client de la banque affirme qu’au cours de cette semaine, il a été contraint de réaliser une transaction en gourdes alors qu’il avait besoin du dollar pour acheter dans un magasin un matériel informatique dont le prix se fixait à $540 dollars. « J’ai refusé. Je ne pouvais pas croire une telle chose. Mon argent m’appartient, mais la réceptionniste du service à la clientèle de l’entreprise m’a déclaré ouvertement qu’ils sont dans l’incapacité de satisfaire ma demande. Dès lors, il m’a proposé de retirer mon argent en gourdes avec un taux de référence de 160 gourdes », affirme-t-il!  « Ils savent très bien que dans l’informel le taux est beaucoup plus élevé. Des cambistes exigent 168 gourdes jusqu’à 170 gourdes en échange du dollar américain », ajoute-t-il.

 

Pour sa part, Pierre Renel, le président de l’Union nationale des sous-agents de transferts d’Haïti (UNATHA) a également soulevé le problème de la rareté du dollar qui existe dans l’économie. Il a en outre rappelé que les institutions financières n’ont pas été capables de respecter la mesure de la circulaire 114-3 de la Banque de la République d’Haïti, qui devaient octroyer 30 % du dollar américain reçus dans les transferts aux sous-agents de transfert. 

 

Néanmoins, Joanis croit que cette mesure adoptée par les banques est une violation de leurs droits en tant que consommateur et client. « Comment peut-on laisser son argent à la banque et racheter le dollar à un taux élevé dans les rues? Pourquoi les institutions commerciales n’ont-elles pas contribué à soutenir la production agricole, prévoir le développement économique que de prendre ces mesures qui foulent davantage la population dans sa pauvreté », s’interrogea-t-il! Donc, Joanis espère le retour d’un climat de paix, pouvant assurer la stabilité économique et le bon fonctionnement des activités dans le pays. L’économiste Michaëlle Paraison assure qu’habituellement les banques prennent cette décision pour éviter une surchauffe dans l’économie, d’où ralentir les pressions liées à la circulation de cette monnaie de change. 


Oberde Charles

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