Haïti: l'accès aux informations de qualité, un grand défi

L’écosystème de l'information en Haïti est très limité par rapport à la diffusion d'information sur les notions de la santé publique de la population. Les 700 stations de radio et plus d'une centaine de chaînes de télévision opérant sur le territoire n'arrivent pas à la production d'informations de qualité, pouvant garantir la formation de la société et les modes de préventions de la communauté face aux pandémies et maladies contagieuses, a révélé Yvens Rumbold, directeur de communication du cercle de réflexion sur le développement économique, Policité. Une enquête réalisée au mois de mars 2023 prouve que les gens font face quotidiennement à des rumeurs, du manque d'information et le manque de confiance dans les autorités.

Ce mercredi 24 mai 2023, le cercle de réflexion sur le développement économique Policité, en collaboration avec Panos Caraïbes, a présenté un rapport sur l'évaluation de l'écosystème d'information en Haïti. Prenant en compte les deux épidémies qui ont perturbé récemment le milieu sanitaire haïtien, cette étude démontre qu'il y a un manque d'information qui s'élève à près de 85 % au sein de la population haïtienne. Parallèlement, les rumeurs ont progressé à un taux dépassant les 70 % et de plus en plus de gens, soit 51 %, ne font pas confiance aux autorités. « Cette situation a davantage compliqué les initiatives de l'État dans le domaine de la santé publique et la gestion des maladies et épidémies sur le territoire », a fait savoir, Yvens Rumbold, directeur de communication, stratégie et développement à Policité. Avec 700 stations de radio sur le territoire, 150 stations de radio, les réseaux sociaux et les médias d'information en ligne, tout cela ne garantit pas un accès à l'information, puisque la situation économique du pays, le manque criant d'infrastructures et de politiques publiques appropriées ont compliqué la consommation des biens disponibles. On peut ajouter le problème de l'insécurité, celui de l'électricité, également. De fait, M. Rumbold affirme que la radio et la télévision sont les deux canaux les plus utilisés pour s'informer, vu que le coût de l'appareil de radio et l'énergie adéquate sont plus appropriés pour une bonne partie de la population. Cependant, le nombre d'utilisateurs d'internet est passé de 31, 1 % en 2018 à 38,9 % en 2023, un chiffre qui dépasse les 4 millions d'utilisateurs et 86,06 % de ces utilisateurs sont connectés via leur téléphone mobile, a-t-il soumis.

De fait, dans le cadre de cette enquête, les techniciens ont constaté un déclin total de la presse papier sur le territoire. « Personne (0 %) parmi les répondants ont dit utiliser ce média pour s'informer sur le choléra par exemple. De même, les médias en ligne et les plateformes de médias sociaux sont rarement utilisés pour obtenir des informations sur le choléra. Concernant le Coronavirus, sur un échantillon de 446 personnes contactées (48 % de femmes et 52 % d'hommes), les gens avaient des informations pertinentes sur la nécessité de se faire vacciner, face à la prévention du risque de contamination (...) », ont révélé les responsables dans ce rapport d'enquête. 

Par ailleurs, Policité voit l'urgence pour que des dispositions soient prises par rapport à l'exposition de la population haïtienne face aux rumeurs et à la désinformation. Sur la base des résultats de cette étude, M. Rumbold conseille aux médias de mieux se fixer vers le domaine de la santé publique et d'utiliser davantage la langue maternelle dans la propagation des informations. De la liste des recommandations,  il exige le renforcement des stratégies de formation et d'information sur la Covid-19 et le choléra, la mise en place des équipes de recension des rumeurs de manière à pouvoir mieux orienter l'opinion du public sur les maladies et l'établissement des centres de vaccination dans des lieux publics, tels les marchés, les églises, en sollicitant l'aide des leaders communautaires dans les sensibilisations.

 

Oberde Charles

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