HAÏTI- RÉACTION « BWA KALE »

160 présumés bandits sont déjà lynchés et brulés vifs à travers le pays, indique le CARDH

Dans son dernier rapport en date du 26 mai 2023, le Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme (CARDH) a révélé que depuis le lancement de « Bwa kale », collaboration entre les forces de l’ordre et la population le 24 avril 2023, au moins 160 présumés bandits ont été pourchassés, brûlés vifs et lynchés à travers le pays. Le CARDH dit recenser 134 dans le département de l'Ouest, 5 dans le département du Centre, 9 dans l’Artibonite, 9 dans la Grand’Anse, 1 dans le Sud, 1 dans le Nord et 1 dans le Sud-Est. « Sans porter un jugement de valeur, en un mois, le mouvement bwa kale apporte des résultats probants et visibles. La peur a changé de camp. Le kidnapping et les tueries causés par les gangs ont drastiquement diminué. Les assassinats ont connu une baisse respective de 70.55 % et 50.58 %. Presque pas d’enlèvements », renseignent les membres du CARDH.

En effet, dans la nuit du 23 au 24 avril 2023, le quartier de Debussy, section communale de Turgeau, particulièrement la cité Gabriel, a été envahie par des membres des gangs de 5 secondes et de Grand-Ravin qui tentaient d’en prendre le contrôle par l’installation d’un chef. Dans la matinée du 24 avril, 14 présumés membres du gang de Laboule, interceptés par des agents de l’ordre, sont extirpés du sous-commissariat de Canapé-Vert par des éléments de la population, battus puis brulés vifs. Cet acte de « bravoure » a amené ceux de Débussy et de Pacot à faire échec aux assauts des gangs. 

 

Suivant le Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme, face à la cruauté extrême des gangs, où les forces de l’ordre sont impuissantes et l’État est incapable d’user de son monopole de violence légitime pendant que l’international tergiverse et s’enlise dans la rhétorique promesses, ce réveil citoyen a conduit à une réduction drastique des enlèvements du 24 avril au 24 mai 2023. Presque pas d’enlèvements signalés, et des autres manifestations de la violence des gangs telles que tueries, viols. 43 assassinats contre 146 pour le mois d’avril, soit du 1er au 23 et  86 pour le mois de mai, a souligné le CARDH.

 

Du point de vue des responsables dudit organisme de défense des droits humains, ce mouvement doit être encadré pour une sécurité durable, dans le cas contraire, les répliques des gangs seront pires que les atrocités précédant le « Bwa Kale. « Le massacre orchestré par le gang 5 secondes à Sources Matelas le 19 avril 2023 (une quarantaine d’assassinats et de disparus) a été une revanche contre la brigade citoyenne mise en place à la suite de l’attaque du 29 novembre 2022. Au moins, 12 assassinats sont dénombrés.

 Il faut aussi limiter les éventuelles dérives vu que des cas sont à l’étude. Il revient aux autorités centrales et locales, plus généralement des élites, mais aussi de la coopération internationale en Haïti avec des mandats portant sur le renforcement institutionnel, police, justice et l’État de droit (MINUSTAH, MINUJUSTH, BINUH) et au nom de la responsabilité de protéger», ont-ils conseillé. 

 

Toutefois, ce groupe de défenseurs rappelle que la sécurité est avant tout une question de moyens tout en faisant référence au président Macron. La police a besoin de moyens concrets matériels, technologies pour affronter les gangs et remplir sa mission comme toute autre police consistant à  protéger et servir. A leur avis, des études criminologiques sont importantes pour une compréhension de ces nouveaux comportements et prévenir leurs impacts sur l’avenir. Des mesures institutionnelles doivent être envisagées pour s’attaquer fondamentalement à cette nouvelle organisation de la criminalité, les gangs visiblement connus Izo, Ti Lapli n’étant pas les  maîtres sinon il y en aura d’autres.

Contrôle territorial et autonomie financière

Le Centre d’analyse et de recherche en droit de l’homme a indiqué dans son rapport que 60 % de la zone métropolitaine sont contrôlés par les gangs notamment des zones stratégiques pour la survie de la population. La troisième circonscription, contrôlée par les gangs 5 secondes, Grand Ravin, Ti Bwa et Baz Pilate, donne accès aux départements des Nippes, du Sud et de la Grand’Anse et à une partie de l’Ouest (Carrefour, Léogane, Petit Goâve, Grand Goâve). Le Centre-Ville de Port-au-Prince, contrôlé par le G9 en fanmi et allié, est le centre commercial où sont établies d’importantes entreprises publiques et privées, le complexe du port de Port-au-Prince, principal port du pays, la Douane et des entreprises d’imports et d’exports. Cité Soleil, contrôlé par G9 et Gpèp, où sont établies d’importantes entreprises dont le terminal Varreux estoquant 70 % des produits pétroliers, les Aciéries d’Haïti entreprise publique-privée, E-Power entreprise privée de production d’énergies électriques. Les communes de Croix-des-Bouquets et de Tabarre contrôlées respectivement par le gang 400 Mawozo et le Gang Kraze barrière. « Récemment ces gangs ont pris le contrôle d’une bonne partie de Pétion Ville : Frères, Fort Jacques, Meyotte entre autres. »

 

En somme, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), à travers son rapport, préconise de renforcer les forces de l’ordre et encadrer le mouvement « Bwa kale » pour résoudre durablement l’insécurité. Le mariage automatique police-population doit être consolidé. « Aujourd’hui, c’est la police et la population face aux gangs. En ce sens, le directeur général de la police, Frantz Elbé, en visite le 13 mai 2023 au sous-commissariat de Portail Léogane, a salué ce binôme et a plaidé pour son renforcement », a conclu ladite organisation.

 

Vladimir Predvil 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

1 COMMENTAIRES