Haïti a-t-il jamais eu les ressources humaines pour se développer ?

Introduction

Près de 220 années après l’indépendance, la question de l’aggravation du retard d’Haïti en termes de développement ne cesse d’agiter les esprits de ceux qui se penchent sur les malheurs du pays. On évoque généralement des fléaux tels que les catastrophes naturelles l’instabilité politique, la corruption chronique au sein de tous les gouvernements, la mauvaise foi des bailleurs internationaux, « le pillage des ressources du pays par des puissances étrangères », les embargos qui ont été pratiqués à plusieurs reprises depuis l’indépendance, et bien d’autres facteurs. Mais, on oublie souvent d’aborder la question des ressources humaines tant en quantité qu’en qualité qui est pourtant un problème qui s’est posé depuis les origines.

Mon propos dans cet article sera d’analyser, à partir des politiques d’éducation pratiquées par les différents gouvernements, l’impact de cet élément fondamental de la gestion et de la gouvernance d’un pays sur le retard de ce qui fut la deuxième république du continent américain

1. La formation des ressources humaines jusqu’à la période de l’Occupation américaine

Pendant toute cette période qui avait duré 130 années, malgré différentes proclamations solennelles de plusieurs gouvernements en faveur de l’école depuis Henri Christophe, les dirigeants du pays, à peu d’exception près,  n’avaient manifestement ni les moyens ni la volonté de développer ses ressources humaines à travers la mise en place d’un système éducatif efficace et efficient.

    1. Le contexte de la formation des ressources humaines au lendemain de l’indépendance

Haïti était un pays en situation difficile en termes de possession de ressources humaines au lendemain de l’indépendance. Il avait perdu sa population blanche qui constituait les gens les plus qualifiés dans tous les domaines y compris la formation des élèves. Les blancs pour la plupart massacrés entre le 22 février et le 22 avril 1804, également, de nombreux colons qui avaient émigré dans de nombreux autres pays de la région. Cuba, Jamaïque, Canada, etc.

En plus, l’embargo qui lui était imposé par la France et d’autres puissances coloniales l’empêchaient de disposer de cadres de tous niveaux pour un fonctionnement compatible avec son démarrage.

Il ne restait que quelques anciens libres qui étaient pour la plupart formés en France avant l’indépendance ainsi que des esclaves à talent. Les autres noirs étaient des anciens guerriers et des individus autrefois attachés aux plantations qui ne pouvaient exercer que dans le domaine de l’agriculture avec des moyens extrêmement rudimentaires.

Dans les villes, seuls des privilégiés fils d’individus influents avaient la chance de trouver une place dans les écoles dans un système complètement fermé. Et en plus, il n’existait pratiquement pas, jusqu’aux années 1850-60, d’établissements d’enseignement professionnel.

Tous les historiens reconnaissent qu’au départ et ce pendant des dizaines d’années, que « seuls les fils des généraux et des hauts fonctionnaires fréquentaient ces écoles. Selon Auguste Joint, sous le gouvernement de Pétion dans l’Ouest, tout comme sous le gouvernement de Christophe dans le Nord, la politique éducative avait renforcé l’esprit d’inégalité sociale qui régnait en Haïti.

Il existait donc à la base, une inégalité des chances scolaires entre les enfants des villes et ceux de la campagne. L’ensemble des écoles étaient établies dans les villes, les paysans vivant à la campagne n’y avaient pas accès. Ce qui, selon certains, expliquerait les multiples désordres auxquels ils ont participé régulièrement jusqu’à l’Occupation américaine.

1.2 La politique éducative des premiers gouvernements haïtiens jusqu’ à l’Occupation américaine

1.2.1 De Dessalines à Fabre Geffrard

Dessalines qui n’est resté que moins de deux années au pouvoir était particulièrement préoccupé d’organiser la défense du territoire en utilisant le peu de ressources du nouvel État pour créer tout un réseau de forteresses. C’est dans la même veine qu’à sa mort, il n’avait eu le temps de fonder que six écoles dans le pays. Ces écoles étaient prévues dans la Constitution de 1805 qui promulguait en son article 19 que : « Dans chaque division militaire, une école publique sera créée pour l’instruction de la jeunesse. »

Dessalines avait incité des particuliers à ouvrir des écoles privées pour instruire les enfants du pays. Il avait subventionné ou récompensé les particuliers pour l’œuvre accomplie. Cependant, il manquait des Haïtiens formés, capables d’ouvrir ou de tenir un grand nombre d’écoles privées pour répondre à la soif d’instruction du peuple.

Les articles 34 et 35 de la Constitution du 9 mars 1807  stipulaient qu’il « sera établi dans chaque division une école centrale et des écoles particulières dans chaque arrondissement », sans enlever la possibilité « à tout citoyen de tenir des maisons d’éducation particulière.

Sous Henri Christophe qui s’érigeait en inspecteur d’école, et qui avait systématiquement rejeté le modèle de l’enseignement au profit du modèle éducatif anglais, il y avait dans le royaume du Nord, toujours selon Catts Pressoir, tous les niveaux de l’enseignement : primaire, secondaire, professionnel et même des embryons d’université. Et l’année de sa mort, il avait fait venir dans le royaume Nord des instituteurs de Londres, qui fondèrent 11 écoles monitoriales. Tandis que dans l’Ouest où la Constitution de 1816 prônait la gratuité de l’enseignement primaire. Mais, au lieu de développer l’enseignement public, Pétion n’avait subventionné que quelques écoles privées et créé la même année le lycée public qui porte toujours son nom.

Il y avait quand même une ombre au tableau dans le recrutement des élèves des écoles nationales, puisqu’en 1820, on ne comptait « que 4 écoles nationales urbaines, destinées, à l’instruction gratuite élémentaire des enfants des citoyens tant civils que militaires pour avoir rendu service à la patrie ».

Les données sont contradictoires en ce qui concerne le travail de Christophe en matière d’éducation.

Selon Auguste JOINT, le roi avait établi « un collège central (secondaire) pour chacune des trois divisions militaires de son royaume, une école primaire dans chacun des six chefs-lieux d’arrondissement et six autres écoles primaires dans les paroisses les plus importantes du royaume. Au total, il y aurait eu une quinzaine d’écoles dans le royaume du Nord.: « Une école d’enseignement primaire fut instituée dans chaque régiment pour apprendre gratuitement à lire et à écrire, et les éléments d’arithmétique ». Tandis que d’autres auteurs affirment qu’il y avait moins d’une dizaine d’écoles dans le Nord.

Sous Jean-Pierre Boyer (1818-1843), qui n’a pas une bonne réputation en matière  d’éducation, ce fut la poursuite de « la logique sélective de la politique éducative de son prédécesseur ».

Et là encore, nous devons citer Auguste Joint qui dit que « L’article 11 du décret de 1819 précisait  qu’:« Il sera établi aux frais de l’État quatre écoles primaires destinées à l’instruction élémentaire des enfants des citoyens, tant civils que militaires, qui auront rendu des services à la patrie. » L’article 18 du même décret envisageait des « écoles spéciales aux frais de l’État où seront admises les demoiselles dont les pères morts au service de la patrie, en se signalant, n’auraient pas laissé les moyens de les élever convenablement ». La loi du 4 juillet 1820 avait même déterminé la catégorie des enfants pouvant franchir le seuil des écoles de l’État qui étaient réservées aux enfants des militaires et des fonctionnaires reconnus pour leurs services à la patrie. De plus, toujours selon Auguste Joint, « cette politique éducative était sexiste : seuls les garçons avaient droit aux écoles publiques nationales ; les filles dont les parents avaient les revenus nécessaires pouvaient fréquenter seulement les écoles privées. Celles qui étaient orphelines de pères héros de la nation et sans moyens économiques jouissaient du droit de fréquenter des écoles privées, subventionnées par l’État ».

On sait que de l’autre côté de la frontière, Boyer, seul maitre de l’ile avait fermé l’Université de Santo Domingo.

À sa décharge, il avait commencé à développer en Haïti la Bibliothèque nationale créée sous Alexandre Pétion et il voulait aussi créer un séminaire pour former le clergé haïtien.

Mais, on sait que vers la fin de son règne, confirmant son obscurantisme, préoccupé par les différents soulèvements sous son gouvernement, il aurait même avancé : « semer l’instruction, c’est semer la révolution ». Il avait donc « préféré maintenir la population dans l’ignorance pour mieux la dominer ».

1.3 La politique éducative des gouvernements haïtiens entre 1844 et 1860

Durant la période de 1844 à 1860 furent fondées la première école normale pour la formation des instituteurs ainsi que les premières écoles nationales rurales grâce à Elie Dubois et Jean-Baptiste Damien.

Fabre Geffrard (1859-1867) est considéré plus que ses prédécesseurs du 19e siècle comme un président qui avait accordé beaucoup d’importance à l’éducation. On lui doit la mise en place des écoles qui ont été créées conformément au Concordat signé avec l’Eglise catholique et dont la structure n’a pas été modifiée à ce jour, malgré des pseudo-réformes qui ont été annoncées de manière tonitruantes.

C’est sous Geffrard qui a eu plusieurs ministres de l’Instruction publique dynamiques comme Honoré Féry, Francisque, Salomon et Elie Dubois que plusieurs réalisations d’importance ont été accomplies grâce à l’assistance étrangère: la création de l’École nationale de médecine, d’une école de musique et d’une école de droit.

Malgré l’ambition de Honoré Féry, sa politique éducative ne permit de dénombrer pendant les deux années de sa fonction que  « trois lycées nationaux, seize écoles primaires nationales et trois écoles primaires communales.» Selon Auguste Joint, « il aurait pu faire mieux, mais il se heurta à des obstacles comme la pénurie des fonds et les désordres politiques ». 

Il avait voulu aussi créer des écoles rurales, jusqu’en 1860. Mais, il ne réussit pas à amener l’école vers les paysans.

L’œuvre de Féry sera poursuivie par ses successeurs, les ministres de l’Instruction publique Francisque, Salomon et Élie Dubois dont l’action permit de structurer les bases du système éducatif naissant. Francisque (1848-1851) « avait ouvert les lycées des Gonaïves et de Jacmel et promulgué des lois qui favorisaient l’entrée de toutes les catégories sociales dans les trois anciens lycées du pays : de Port-au-Prince, du Cap-Haïtien et des Cayes, jadis réservés aux fils de ces privilégiés et imposé  un uniforme simple et peu coûteux aux élèves.

À son tour, le ministre Lysius Salomon (1851-1859) avait fait voter des lois qui obligeaient les parents, sous peine de sanction, à envoyer leurs enfants à l’école. Et chaque paroisse était dotée au moins d’une école primaire, fréquentée à des heures différentes par les garçons et les filles. Et c’était aussi la première fois que furent ouvertes des écoles pour les enfants placés en domesticité ainsi que pour les prisonniers. En 1854, l’État entretenait dans 51 des 57 paroisses du pays 62 écoles primaires et 4 collèges pour un effectif de 9 000 élèves des deux sexes, sans compter  les élèves des écoles privées, non recensés. Ce qui représentait  probablement moins de 1% de la population du pays qui s’élevait  1 236 527 habitants..

Pas grand-chose sous le gouvernement de Sylvain Salnave (juin 1967-décembre 1969. Mais, sous Michel Domingue (juin 1974-avril 1976), à l’époque du ministre Thomas Madiou, il n’y avait dans le pays que 19 250 élèves dans les écoles publiques et 3 914 dans les écoles privées, soit un total de 23 164 élèves sur tout le territoire pour 1 151 099 habitants dans le pays, ce qui correspondait à un pourcentage de 2,07 % de la population.

Sous le gouvernement de Salomon (octobre 1879 – aout 1888), eut lieu  une « réorganisation » des écoles publiques avec « l’arrivée d’une mission de professeurs français dans le cadre d’une coopération française en éducation, distribution de matériels et de fournitures classiques aux apprenants, ouverture d’écoles primaires rurales, réorganisation de l’école nationale de droit »

Pas grand-chose à retenir de la fin du 19e siècle et du début du 20e siècle, en raison des multiples crises socio-politiques et économiques qu’a connues le pays. Toutefois, selon Louis Auguste Joint, le président Nord Alexis avait ouvert le lycée de Jérémie qui porte son nom.

1.4 La politique éducative de l’Occupation américaine (1915-1934) à nos jours

Sous l’Occupation américaine

Sous cette période où l’éducation était utilisée pour asseoir la domination de l’occupant, l’éducation haïtienne a été le lieu d’une confrontation les cultures : française et anglo-saxonne. Les Américains avaient créé 12 fermes écoles opérationnelles contre 8 autres en construction; l’école centrale d’agriculture qui formait des experts agricoles, des enseignants pour les fermes. Il y avait aussi 380 écoles urbaines, 631 écoles rurales avec 55 762 élèves, quelques lycées et quelques rares instituts publics d’études supérieures et enfin 56 écoles congréganistes et 28 écoles privées indépendantes.

Sous la présidence de Sténio Vincent

Sous la présidence de Sténio Vincent où furent proclamés de nouveau des principes pompeux en faveur de l’éducation, on avait essayé de créer un corps enseignant compétent et des programmes de perfectionnement des formateurs scolaires dans le cadre de la « réforme Dartigue qui fut la plus importante réforme éducative en Haïti ».

Parallèlement, au cours des années 1940 -1950, on avait enregistré l’arrivée de nouvelles congrégations religieuses, enseignantes et étrangères.

La politique éducative depuis les années 1950

Depuis les années 1950, de nombreux progrès ont été réalisés dans le domaine de l’éducation dans tous les domaines. Mais le rythme est trop lent pour permettre une scolarisation totale du pays et une diminution sensible de l’illettrisme.

C’est la période où furent développées les écoles privées qui représentaient 80% de l’effectif des établissements scolaires du pays.  

En 1997, on avait prévu d’augmenter le budget alloué à l'éducation qui était ainsi passé de 9 % à 22 % du budget en 2000. Mais, l’argent a-t-il été utilisé de manière efficiente dans un pays champion des séminaires depuis plus de trente années ?

En 2016, le système éducatif haïtien accueillait environ 2 700 000 élèves dans près de 17 000 écoles, pour un taux net de scolarisation se situe à environ 60%.

Pour l’instant, on ne possède pas de données plus récentes pour l’effectif des élèves étant donné que faute de gouvernance, il faut chaque fois effectuer un recensement général pour en disposer alors que dans les pays francophones africains, les rapports périodiques venant des écoles permettent d’arriver en temps réel à ce résultat depuis la période coloniale.

Ce que l’on sait, c’est que l’un des grands problèmes en Haïti est celui de l’échec scolaire qui touche un nombre élevé d’élèves, que plus d’un estime à 80 000 au niveau de l’enseignement à l’école fondamentale.

Au niveau du baccalauréat, en 2009, on comptait 97 871 sur un total de 118 537 élèves ont échoué aux examens de la session ordinaire du baccalauréat.

Il y a aussi l’illettrisme qui touche près de la moitié de la population, toutes les campagnes d’alphabétisation ayant piteusement échoué depuis plus de 80 ans d’alphabétisation, alors que des sommes faramineuses ont toujours été dépensées. Haïti est aujourd’hui le pays de la Caraïbe qui compte le plus grand nombre et le plus fort pourcentage d’analphabètes avec un enseignement de qualité de plus en plus faible.

On comprend que se pose de plus en plus pour le pays le problème de la qualité des ressources humaines.

2. Les problèmes divers qui affectent la quantité et la qualité des ressources humaines du pays.

2.1 Les problèmes des ressources humaines haïtiennes en rapport avec l’extérieur

Haïti n’a cessé des perdre depuis les années 1960 ses ressources humaines. On sait que pour diverses raisons, de milliers de compatriotes étaient partis au Congo et au Canada principalement comme enseignants, sans oublier que les États-Unis en bénéficient aussi tant dans le primaire que dans le secondaire et le supérieur. Ce qui a largement contribué à baisser la qualité de l’éducation à un moment où un établissement comme l’École normale supérieure ne recrutait même pas une centaine d’étudiants par an.

 

On comptait 165 095 Haïtiens et Haïtiennes au Canada en 2016 et probablement 200 000 aujourd’hui contre pour les États-Unis vers 2017 un effectif de700 000 Haïtiens et au maximum 1 million, la réalité devant se situer dans cette fourchette soit autour de 850 000 personnes. La population haïtienne s’est renforcée depuis les cinq dernières années dans ce pays avec les renouvellements successifs du TPS, soit plus de 150 000 compatriotes arrachés au pays tous les 18 mois. De nos jours, la communauté haïtienne dans la République étoilée voit ses effectifs grimper au quotidien avec le Programme Humanitarian Parole de Joe Biden, continuant d’être la plus importante des communautés haïtiennes à l'extérieur d'Haïti.

Il en est de même dans tous les autres domaines et pour un plus grand nombre de pays bénéficiaires, dont la République dominicaine qui a absorbé plusieurs ouvriers et techniciens haïtiens surtout dans le bâtiment et les travaux publics. Sans oublier le Brésil, le Chili et le Mexique, les Antilles françaises qui ont accueilli des dizaines de milliers de nos compatriotes, la migration vers la Martinique et la Guadeloupe remontant aux années 1960, à peu près en même temps qu’avaient démarré les exportations d’Haïtiens vers la France et vers les Bahamas qui sont de plus en plus sévères avec nos compatriotes.

 

2.2 La question de la qualité actuelle des ressources humaines en Haïti

 

Depuis octobre 2018, un recensement de l’OMRH a donné une idée de la qualité des ressources humaines dans la fonction publique haïtienne. Il avait indiqué que « sur plus de quatre-vingt-un mille employés qui forment la fonction publique, moins de 5% de cadres disposent d’une licence », selon l’ancien coordonnateur général de l’Office de management et des ressources humaines, Josué Pierre-Louis. Il avait détaillé pour montrer que le pays dispose seulement de 8 fonctionnaires pour mille habitants, contre 38 fonctionnaires pour le même nombre d’habitants en République dominicaine, mais à qualité inégale.

Il avait mis l’accent sur le fait que l’administration publique manque de ressources qualifiées, promettant des efforts en vue de la réformer.

Il avait renchéri en évoquant le fait que c’est à longueur de journée que l’on entend les citoyens se plaindre de la mauvaise qualité du service, déclarant que « . Désormais, à partir de l’exercice fiscal en cours (2018-2019), personne ne peut intégrer l’administration publique, sans passer par voie de concours », ceci avec l’appui de l’ancien président Jovenel Moise 

Ce qui est curieux, c’est qu’on ne connait pas de concours qui a été annoncé depuis tandis que la fonction publique continue de se gonfler d’éléments de niveau le plus souvent approximatif. La qualité des ressources humaines devant être pire en 2023, avec les milliers de départs de nos compatriotes principalement aux États-Unis au cours des cinq dernières années, motivant des plaintes quotidiennes de tous les ministères ainsi que des services déconcentrés et du secteur privé, insécurité oblige aussi.

2.3 Comment résoudre le problème de la qualité des ressources humaines en Haïti ?

Loin de nous de faire croire que nous possédons la recette pour améliorer la qualité des ressources humaines en Haïti.

Cela ne peut passer que par une rationalisation de la gestion du système éducatif qui, depuis plus de trente années, consomme trop d’argent dans les études et les séminaires.

À quoi ont servi la confection des plans nationaux d’éducation et diverses études qui ont consommé des centaines des milliers de dollars, sans qu’ils n’aient jamais été appliqués ?

De même, on comprend mal la répétition quasi-hebdomadaire de séminaires dans les hôtels de la capitale et d’ailleurs alors que les montants auraient pu contribuer à la construction d’établissements primaires et secondaires pour diminuer le poids écrasant de l’enseignement privé ?

Il faut aussi renforcer les établissements de formation pour compenser les pertes quasi quotidiennes d’enseignants et de diverses autres catégories de ressources humaines absorbées de plus en plus par les États-Unis et le Canada et qui ne sont pas sûrs d’exercer leur profession d’origine, une fois arrivés dans ces pays.

 

 

Conclusion

Si la gouvernance d’Haïti est faible à tous les points de vue, cela est dû en grande partie à  un problème de quantité et de qualité de ses ressources humaines.

Si on veut remonter loin, on s’aperçoit que les résultats en matière éducative ont toujours été loin des annonces des gouvernements. Depuis la Constitution de 1816, avait été énoncé sous Henri Christophe « le principe de l’enseignement primaire gratuit ». Ce qui n’a jamais réalisé à ce jour dans le pays, malgré différentes réformes et aussi malgré la réforme Bernard qui n’a jamais été vraiment appliquée depuis plus de 40 années ainsi qu’un article tonitruant de la Constitution de 1987 que plus d’un répète à l’envi, mais qu’on n’a jamais appliqué.

La comparaison de la situation des ressources humaines haïtiennes qui a été faite par l’ancien coordonnateur de l’OMRH reste édifiante. Beaucoup d’efforts sont à déployer pour changer la situation au risque de voir le pays continuer à sombrer dans tous les domaines. On sait qu’il existe des moyens modernes de former et de renforcer les ressources humaines, surtout à travers les nouvelles technologies de l’information. Ce qui importe, c’est de dépenser de manière plus efficace et plus efficiente les ressources financières provenant du budget de l’État et de l’aide des bailleurs de fonds, rompant ainsi avec les mauvaises habitudes contractées depuis le régime de Duvalier où ces derniers se sont toujours plaints de l’incapacité d’Haïti à absorber les montants provenant de l’aide internationale, comme l’a rappelé Joël Boutroue, ancien coordonnateur résident des Nations Unies, il y a deux semaines.

 

Jean SAINT-VIL

jeanssaint_vil@yahoo.fr

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

3 COMMENTAIRES