Christian-Aid et ses partenaires ont organisé, ce vendredi 24 novembre 2023, un atelier de discussion avec les membres des organisations de défense des droits humains, des organisations féministes et féminines. Au cours de cette rencontre, les organisateurs ont présenté un rapport d'enquête intitulé « Enquête sur la dynamique de l'impunité de la violence basée sur le genre dans les communautés de déplacées d'Haïti ».
En effet, ce rapport d'enquête ciblant principalement les déplacés internes et les rapatriés en provenance de la République dominicaine révèle une augmentation de la vulnérabilité à la violence des femmes et des filles. Cela se produit lorsqu'elles tentent d'échapper à l'escalade de la violence dans leurs quartiers de résidence, lorsqu'elles se retrouvent dans des centres de refuge, et lors des rapatriements en terre voisine ainsi que lors des retours en provenance de la République dominicaine.
Les investigations de cette recherche se sont déroulées dans les dix départements géographiques, en recueillant les témoignages des victimes, de leurs proches, des agents de la Police nationale d’Haïti, et des représentants du système judiciaire. Toutes ces révélations montrent que les survivantes de la violence basée sur le genre font face à de multiples obstacles lorsqu'elles cherchent à obtenir justice, favorisant ainsi l'impunité.
D'une part, les victimes de la violence basée sur le genre font souvent l'objet de blâme ou de railleries dans leurs communautés avec des stigmatisations qui tendent à les discriminer, en les faisant passer pour des coupables et à innocenter les agresseurs, soit en raison du statut social des prédateurs ou de leur influence au sein de la communauté.
D'autre part, les personnes déplacées sont contraintes de porter plainte dans la juridiction où elles ont été victimes et ne peuvent pas le faire dans la juridiction où elles se sont réfugiées. Elles n'arrivent pas à acquérir facilement des certificats médicaux pour assurer la poursuite judiciaire de leurs dossiers en raison du coût exigé par les centres hospitaliers.
De plus, les personnels de police disponibles pour la prise en charge des survivantes de la violence basée sur le genre ne sont pas formés à prendre en charge ces genres de situations, ce qui entraîne une mauvaise capacité d'accueil des survivantes. Certains professionnels de la santé refusent d'assurer la prise en charge des victimes en se focalisant sur leur orientation sexuelle, et elles sont parfois négligées par les acteurs du système judiciaire.
Ajoute à tout cela, certains rapatriés victimes de la violence basée sur le genre en République dominicaine se font difficilement soigner dans les centres en raison de la barrière linguistique, mais aussi du manque d'assistance du côté des autorités responsables pour ces personnes qui ne peuvent parfois pas s'exprimer dans les deux langues officielles du pays.
Face à toutes ces révélations, l'organisation Christian-Aid en Haïti recommande une mise en œuvre du suivi et de l'évaluation efficace du plan national contre la violence basée sur le genre à l'égard des femmes et des filles dans le pays, une amélioration de l'accès au certificat médical, le renforcement de la formation des agents de police dans la prise en charge des survivantes de la violence basée sur le genre, de rendre les tribunaux plus efficaces dans le traitement des cas liés au sexe, et de renforcer la capacité des organisations féministes dans leur lutte contre la VGB.
Sheelove Semexant